Un article de Marcio Santilli, cofondateur de l'ONG Instituto Socioambiental, m'a ouvert les yeux sur ce qu'on pourrait appeler "la politique réelle", comme on parle "d'économie réelle".
Il dénonce la politique de grands travaux d'infrastructures au Brésil (notamment les barrages hydroélectriques) comme étant le résultat de la collusion de partis politiques et de grandes entreprises de BTP. Les avantages escomptés ne sont pas pris en considération dans ces renvois d'ascenseurs. Le bien public n'est considéré qu'en termes d'affichage: dynamique économique, emplois créés. L'avenir est sacrifié par les impacts écologiques couverts par une phraséologie apaisante.
Cet article m'a ouvert les yeux sur ce que recouvrent les programmes nucléaires, menés contre vents et marées alors que, justement, le vent a tourné depuis deux décennies. Puits budgétaires sans fonds, EDF grevée de dettes et ayant hérité du fardeau d'AREVA. Pourquoi sauver AREVA? Qui a-t-on consulté pour cela?
Pourquoi avoir construit un Pentagone à Balard, en des termes désavantageux, et notoirement désavantageux? Le citoyen apprend de-ci delà les servitudes assumées par l'Etat face à de grands groupes de BTP, toujours les mêmes, qui saignent le budget du pays.
Construire un aéroport? C'est pour Bouygues ou pour Vinci. Construire une centrale nucléaire? C'est pour Bouygues ou pour Vinci. Le résultat importe peu. L'efficacité et l'intérêt général ne sont pas pris en compte. L'Etat se lie les mains. Mais l'Etat est composé d'individus qui, eux, se les frottent. Privatiser les profits, socialiser les pertes. Redistribuer une part des profits à ceux qui ont vendu l'intérêt général. Le tour est joué.
Les intérêts de l'Etat sont bradés parce que ceux qui le servent ne se sentent pas liés. Ils passeront d'un ministère à un conseil d'administration de grande entreprise, et retour.
Des enquêtes ont été menées sur les impacts de Notre-Dame des Landes, par exemple. Impact écologique, impact en termes d'aménagement. Les rapports défavorables ont été enterrés. MAIS aucune enquête n'a été menée sur l'élaboration même du projet, les rencontres entre élus et aménageurs, les pressions, les collusions d'intérêt entre maires, préfets, aménageurs et bétonneurs. Où et quand ont eu lieu les discussions? Comment ont été déterminés les dimensions, les accès, comment la destruction de terres agricoles - autrement plus grave que de brader un aéroports à Easyjet ou Ryanair pour trois touristes et deux hommes d'affaire - n'a-t-elle pas été pesée?
Je viens de comprendre la finalité de l'accession au pouvoir. Je suis de plus en plus persuadé qu'aucune révolution n'aura davantage d'impact que la révolution du retrait. Quand un président de la République sera élu avec 5% de participation, peut-être, enfin, songera-t-on à réformer les institutions et à mettre un terme à cette collusion.
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