Je suis certainement devenu un vieux con. Confronté à un jeune SDF exposant ses infortunes dans la rame de métro, je n'ai entendu que l'envoi: "Si vous avez une petite pièce à dépanner". Ma peau s'est hérissée, je me suis rendu compte à quel point j'étais irritable, en plus d'être indifférent à la misère de mes semblables.
Nous sommes collectivement en crise; mais moi, étant à l'abri du chômage, j'aime à penser - le soir dans ma chambrette - qu'il s'agit d'une crise des valeurs, comme le suggérait le film argentin Nueve Reinas vu l'autre soir.
Evidemment, tout individu est confronté à ce dilemme: affronter le quotidien, et en être affecté intimement, ou se hisser à des hauteurs insoupçonnées - par exemple le plan des valeurs - et en assumer les conséquences. Les valeurs finissent par vous heurter comme le faisaient il y a peu les petites misères du quotidien.
Mon nouveau psy me demandait l'autre jour d'énumérer mes qualités, dans la perspective de me faire stopper mon auto-dénigrement. "Je suis droit" lui dis-je. Après un instant il demanda: "Alors, c'est tout?" J'avais beau me creuser la tête je n'arrivais pas à mettre en avant une autre qualité, celle-ci me suffisant largement. Il en cita un certain nombre, parmi lesquelles l'intelligence. "L'intelligence mise au service de la paresse est-elle une qualité?" l'interrogeai-je. "Qui vous dit que vous êtes paresseux?" Je lui donnai quelques exemples, et il en convint: j'étais bel et bien un paresseux.
Cela n'ayant rien à voir avec le début de cette note, sinon qu'il faut ajouter, à mes défauts, un attachement viscéral à une syntaxe correcte. Dans mon esprit, on commence par maltraiter la syntaxe, et on finit par poser des bombes.
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