Soir, bière, bloggueur déconfit.
Il se dit qu'il a un avis sur tout: sur l'euro 2008, sur les subprimes, les courgettes, les fruits.
Il se dit que tout le monde s'en tape de son avis, lui le premier.
Il part en Rondônia voir les arbres tomber.
Encore deux séances à la BN, voir les jeunes filles en robes d'été, les bras pleins de livres.
Il écrit un bouquin, phrase après phrase - des "je crois que", des "je pense que", des "je ne suis pas sûr".
Personne n'attend personne. Le verbe attendre nous dissimule le vrai fond de l'attente : une peur sans peur, une joie sans joie, un être sans présence, une conscience sans sujet.
Soir d'été en France. Instants de chaleurs si précieux, car saisonniers. Là-bas chaud tout le temps, chambres sans fenêtres, cafards volants.
Ecouter des gens me dire qu'ils ont souffert. La bronchiolite du petit, la jambe tranchée par la tronçonneuse de l'aîné. Le chien bouffé par un jaguar. La malaria qui ronge les économies du foyer. "Goûtez mes coeurs de palmier". On en trouve chez Leclerc, bien estampillés.
De monde en monde, planète ronde, retour éternel à mon point de départ.
Les voisins parlent de sushis et de traumas enfantins. Je leur donnerai les clés pour arroser mon jasmin, la glycine, le laurier, et les quelques pensées qui ont germé spontanément. Le noir tombe, il est 23h, bonsoir.
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