Le lecteur familier de ce blog sait sans doute que je ne suis pas un fanatique de l'avion.
Avant chaque voyage, je fais consciencieusement mon testament - quelques pensées profondes car mon patrimoine est tout petit.
C'est donc avec un pincement au coeur que j'aborde cette nouvelle mission dans le cadre du projet DURAMAZ (voir ici pour les premiers résultats et la mission Iratapuru de l'année dernière), dont l'objectif est cette fois l'Association des producteurs alternatifs (APA) de la région d'Ouro Preto d'Oeste, dans le centre de l'Etat de Rondonia. Cette région a fait l'objet, à partir de 1970, d'un projet pilote de colonisation agraire, mis en oeuvre par l'INCRA (Institut National de la colonisation et de la réforme agraire), qui constituait à distribuer des lots de 25 à 100 hectares à 5000 familles venues essentiellement du sud et sud-est du pays. Le résultat est frappant : voici une photo satellite qui remonte à 1995. On discerne assez bien le schéma dit "en arête de poisson". C'est bien pire maintenant.
Cette association APA, créée en 1992, a fait beaucoup parler d'elle puisqu'elle prône, dans un contexte d'élevage extensif, un retour à des pratiques environnementales respectueuses, axées sur les cultures de sous bois, en particulier les coeurs du palmier pupunha. Ce produit a fait l'objet d'un contrat de distribution par la société Alter Eco, faisant de l'APA un exemple parfait de la viabilité du commerce équitable. Notre mission consiste à... A quoi au fait ? A comprendre les raisons de ce succès.
A l'aéroport - type d'endroit que Marc Augé classe parmi les non-lieux - et plus précisément dans les salles d'embarquement, mon idée dominante est : voici donc mes compagnons d'infortunes ? Et je nous imagine, innocents, en chute libre sur 11000 mètres, les doigts crispés sur nos fourchettes en plastique.
Mais nous arrivons sans encombre, et en pleine nuit, à Porto Velho, et Guillaume et moi nous précipitons dans nos chambres de l'hôtel Samauma. Quelques aller-retour à la réception, non tant à cause des serviettes, des draps et des savons manquants que parce que la réceptionniste de nuit est incroyablement belle bien qu'à moitié assoupie. Elle s'appelle Débora et quitte à refaire ma vie j'aimerais autant que ce soit avec elle - ainsi M. comprendra qu'elle n'est pas irremplaçable. Mais je reporte la décision au lendemain, d'ailleurs Philippe n'est pas encore arrivé et il faudrait d'abord que j'en discute avec lui s'il faut changer le calendrier de la mission.
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