"Aller de l'avant ; appeler ça : "aller" ; appeler ça "de l'avant". (Beckett, bien sûr)
Oui je boucle, je boucle. Ma synthèse fait 150 pages. Avec l'intro, la biblio et les illustrations elle en fera 200. Mon volume d'annexe en fait 200 également, plus le bouquin (parution désormais prévue pour fin janvier/début février 2009, ça ne fera guère que quatre ans qu'il est dans les tuyaux).
Reste le CV détaillé, le parcours de recherche analytique, la liste de mes enseignements et encadrements, là il s'agit juste de se presser le citron et se rappeler le nom d'étudiants disparus dans la nature.
Comme chaque fois que je termine un bouquin, je suis perclu de douleurs. Mal au dos, mal aux articulations, etc. A la fin de l'Homme sans Dieu, trois ans de dépression. A la fin du suivant, opération du dos, six mois d'immobilisation. Et à chaque fois son cortège de ruptures et de remises en cause de l'ensemble de mon parcours.
Bon, j'ai mûri, je n'ai pas comme autrefois le sentiment de mettre toutes mes forces dans une bataille qui serait celle de la reconnaissance. La reconnaissance prend différents visages, et on peut penser qu'il est plus gratifiant d'être accueilli avec affection et respect dans un séminaire que de bénéficier d'une admiration désincarnée passant par Internet.
Mais le sentiment d'urgence que l'on éprouve lorsqu'on achève un livre est aussi dû aux situations qu'il révèle, destructions en cours, processus pervers mis en place dans la gestion d'un écosystème, et l'on voudrait voir le brûlot sortir vite. Mais le temps de l'édition n'est pas celui de la presse papier. La presse papier fera ses choux gras d'un propos homophobe et se fout éperdument de la disparition d'un massif forestier au Brésil. L'édition se moque du propos homophobe mais n'est pas dans l'urgence ; pire encore, qui sait si le papier dont le livre sera fait ne proviendra pas précisément du massif forestier en question ?
Bon. J'ai multiplié les lectures ces derniers temps, il serait bon que je fasse quelques comptes-rendus, ceux de Jeangène Vilmer (2008), Despret & Porcher (200??? Impossible de remettre la main sur ce livre!!), Ingold (1994), Burgat (2006), Latour (1991) et j'en oublie.
Félicitations! Alors content de voir la lumière au bout du tunnel?
Dans ton domaine, vous publiez vos thèses ? Je veux dire sous forme de vrais livres? Ou alors vous en faites une version grand public?
Rédigé par : mouton | mardi 18 nov 2008 à 16:15
Je ne sais pas trop ce que j'en ferai. L'un des chapitres centraux a été envoyé à une revue de bon niveau, L'Homme (accessible sur revues.org), nous verrons s'il sera accepté. Pour la lumière au bout du tunnel, j'ai plutôt l'impression d'être dans un trou noir, d'avoir produit de la merde pour une carrière à laquelle je ne crois pas. Je pense que c'est une réaction normale dont je devrais émerger vers janvier ou février.
Bien à toi;-)
Rédigé par : anthropopotame | mardi 18 nov 2008 à 20:31