Au cinéma avec Elise, hier soir, pour voir la Terre des Hommes rouges (Birdwatchers), un film italien sur les Indiens Kaiowa, je crois.
Le contexte est le Mato Grosso do Sul, où prévaut l'élevage bovin et le soja, et où la colonisation est relativement ancienne (une soixantaine d'années). Cet Etat brésilien fait frontière avec le Paraguay, et est peuplé d'Indiens Guarani, confinés dans des réserves, livrés à l'alcoolisme. Nous sommes hors du contexte amazonien, ces Indiens ont été laissés à l'abandon, et ils sont, au Brésil, parmi les plus susceptibles de mourir de malnutrition ou de suicide.
Le film les montre d'abord peints, armés d'arcs et de flèches, au bord du fleuve, photographiés par des touristes. Puis on les voit se rhabiller, monter dans une camionnette et recevoir de l'argent. C'est la propriétaire d'une fazenda qui les paye, car elle reçoit des visiteurs venus observer des oiseaux. Le film porte sur la progressive mobilisation d'un petit groupe d'entre eux qui décide de se réapproprier cette fazenda, et installent un campement le long de la route, auquel d'autres viendront se joindre, jusqu'à ce que le propriétaire réagisse et porte l'affaire en justice - après avoir fait assassiner le leader.
Il y avait de la justesse dans ce film, justesse dans les comportements, plutôt mesurés, des uns et des autres, montrant une situation de blocage, durant laquelle des rapports s'établissent, rapports toujours fragiles et susceptibles de s'inverser. Un jeune Indien s'initiait au chamanisme à la suite de rêves qu'il avait fait. Il percevait la présence d'Aukê, esprit malin de la forêt.
Chez les Parakanã (ensemble Tupi-Guarani), le mythe d'Aukê relate la progressive transformation d'un Indien en Blanc, après qu'il s'est éloigné de son groupe d'origine. Lorsque les siens le redécouvrent, la métamorphose est achevée, il les reçoit à coups de fusil.
Dans le film, qui met en scène des Guarani, Aukê est l'esprit qui pousse les Indiens à se suicider. J'ai remarqué que subtilement, le réalisateur annonçait sa présence par le chant d'un oiseau, la Matinta Pereira, dont le chant consiste en un sifflement doux, comptant trois notes, une longue et deux brèves. La Matinta Pereira peut être oiseau ou esprit. Elle est oiseau si elle répond quand vous l'appelez. Si elle se tait, c'est un esprit qui cherche à vous égarer.
La première fois que je l'ai entendue, j'étais à Kumarumã, c'était la nuit, ma chambre donnait sur le marais, et j'ignorais que ce cri fût celui d'un oiseau, tant on dirait un homme qui siffle. J'ai été soudain paralysé, j'étais à l'écart du village et on aurait dit qu'un homme passait et repassait sous la fenêtre. Plus tard, assistant à une session chamanique, je me suis rendu compte que le pajé structurait ses chants sur les notes de base de la Matinta Pereira, en lui ajoutant deux notes.
Le film ne cherchait pas la grandeur ni la grandiloquence. Il montrait des forêts réduites à des rubans, et d'immenses champs labourés où les Indiens plantent leurs abris de fortune.
Légende de Matinta Pereira:
Conta a lenda, que à noite, um assobio agudo perturba o sono das pessoas e assusta as crianças, ocasião em que o dono da casa deve prometer tabaco ou fumo. Ao ouvir durante a noite, nas imediações da casa, um estridente assobio, o morador diz: - Matinta, pode passar amanhã aqui para pegar seu tabaco. No dia seguinte uma velha aparece na residência onde a promessa foi feita, a fim de apanhar o fumo. A velha é uma pessoa do lugar que carregaria a maldição de 'virar' Matinta Perera, ou seja, à noite transformar-se neste ser indescritível que assombra as pessoas. A Matinta Perera pode ser de dois tipos: com asa e sem asa. A que tem asa pode transformar-se em pássaro e voar nas cercanias do lugar onde mora. A que não tem, anda sempre com um pássaro, considerado agourento, e identificado como sendo 'rasga-mortalha'. Dizem que a Matinta, quando está para morrer, pergunta:' Quem quer? Quem quer?' Se alguém responder 'eu quero', pensando em se tratar de alguma herança de dinheiro ou jóias, recebe na verdade a sina de 'virar' Matinta Perera.
Je viens également d'aller voir ce film que j'ai beaucoup apprécié.
Je pensais au départ que les pendus avaient été assassinés et pendaient pour montrer l'exemple. J'ai compris ensuite.
Par contre, les réactions de la mère puis du père sont étonnantes : je me suis demandée si c'était lié à une tradition de deuil guarani...
Rédigé par : Kela | samedi 17 jan 2009 à 21:03
Cela m'a surpris aussi, mais m'a paru assez cohérent. Je suis content que vous ayez vu ce film; il a dû sortir de l'affiche, déjà.
Rédigé par : anthropopotame | samedi 17 jan 2009 à 23:19
Ben, à vrai dire, on se connait vaguement...
J'ai trouvé ton blog, par curiosité, voulant en savoir plus sur les recherches brésiliennes que tu avais évoquées.
Je ne voulais pas le signaler sur les quelques commentaires que j'ai faits - ton blog et le quelque intérêt que j'y porte n'ayant rien à voir avec nos quelques conversations et à vrai dire prise de becs.
J'ai vécu dans le Parana mais je n'y suis plus et j'ai souvent été à Superagui !
Rédigé par : Kela | samedi 17 jan 2009 à 23:34
Salut, Catherine. A ma décharge, tu as dû lire quelque part dans ce blog que je ne pouvais VRAIMENT pas aller à ce stage car j'avais VRAIMENT une mission en Rondonia. A bientôt au colectivo?
Rédigé par : anthropopotame | dimanche 18 jan 2009 à 11:27