J'ai fait la sieste - première erreur. Et j'ai rêvé de mon ex, deuxième erreur.
Je visitais son appartement vide, elle l'avais mis en vente puis vendu à une autre de mes ex. Celle qui l'avait acheté me le faisait visiter avant travaux. Et je vis ce que l'on voit dans tout appartement en passe de changer de propriétaire, ce qui reste après un déménagement hâtif qui augure d'une npuvelle existence.
Les murs ornés d'auréoles de tableaux, le plancher marqué des tables et chaises qui ne sont plus là, et ces étranges traînées sur les murs, au gré des peintures successives. Des cartes postales affichées tête-bêche, encore un aimant posé sur le frigo. Le sentiment d'abandon parfois était tel qu'on pouvait voir des plantes minuscules, des oiseaux encore plus minuscules picorer sur le sol. Si petits qu'ils ne nous remarquaient pas, nous les hommes. En y regardant de plus près, il y en avait même dans les replis de mon pantalon, vaquant dans les pourpiers, comme si j'avais rapporté des calanques tout un écosystème.
Finalement je suis allé dans ce qui avait été la chambre de Garance. Des meubles défaits et empilés m'en interdisaient l'accès, mais je voyais tous ses manteaux de petite fille laissés à l'abandon, pendus à des cintres. "C'est qu'elle a grandi, pensai-je, et Muriel a préféré les laisser là".
J'avançais dans ce capharnaüm, et puis je glissai, ou me laissai glisser au sol, parmi les barres diverses, les vieux tapis, les meubles éventrés. Impossible de me relever ; pris d'une immense fatigue j'appelai ma soeur pour qu'elle me tire de là, mais en l'attendant je me mis à penser : "Me relever ne serait qu'une étape ; il me faudrait ensuite sortir, et marcher, rentrer chez moi, passer la soirée, puis la nuit." Et tout cela me coupait les jambes et les bras.
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