Pas bien dans ma peau, ce matin, grippé, ayant annulé le dîner aux chandelles de ce soir, et je regarde la neige tomber.
Hier, chez Anna, le virus gagnant du terrain tandis que la conversation dérivait vers le sens, vers le plaisir, vers le plaisir qui formerait sens, vers le sens qui donnerait du plaisir, cela en écoutant de vieux sambas ; et mon vélo tout seul sur la place d'Aligre devenue blanche, qui m'attendait.
Copies à corriger soigneusement serrées dans leur enveloppe. Un numéro de revue à préparer. Un colloque à organiser. Deux articles à finir. Un à commencer. Et le lavabo à nettoyer, et la vaisselle à faire, grâce à Dieu on ne manque pas d'ouvrage, on trouve à s'occuper.
Plus rien ne me choque. Mon univers est ouaté. Une bande-annonce braillarde, un film stupide qu'on n'a pas bloqué à la frontière - par moment je ne sais plus à quelle espèce j'appartiens. Trop froid cependant pour me glisser dans l'océan tel un dauphin.
Mais ma compagne idéale, si ce dîner avait eu lieu, aurait été Emily Dickinson, ou la cousine Harriet, si la rue avait été le temps même et qu'elle fût au bout de la rue.
Et quelle plaisir de vous relire au hasard, cher ami. Quand même, on était bien chez vous. J'y venais retrouver un texte, publié ma foi je ne sais plus quand, de je ne sais plus qui, mais ma mémoire est imparfaite, un grand texte, un immense texte, non de vous, l'honnêteté me contraint à en faire l'aveu, non, d'une résistante ou révolutionnaire, il y en eut tant, emprisonnée, condamnée, laissant une dernière lettre d'une sérénité lumineuse. Un immense texte. Je me rappelle l'aube, ou l'orage, en ce texte.
Et ne le retrouve pas. C'était peut-être ailleurs, ma foi.
On était si bien chez vous, que...
Et je vous embrasse, tiens.
Rédigé par : Silvère | jeudi 18 août 2011 à 07:53
Cher ami, cela me fait plaisir d'avoir de vos nouvelles! Faites vous allusion au texte de Milena, ou à celui de Buber Neuman qui porte sur elle?
Bien à vous
Rédigé par : anthropopotame | jeudi 18 août 2011 à 11:09
Cher ami, peut-être, peut-être, c'est affreux, ce texte effacé de ma mémoire, je n'en ai gardé que l'émerveillement.
A bientôt.
Nous nous verrons à Paris, un jour prochain.
Vous n'aurez pas vieilli. Vous n'aurez pas menti.
Et nous partirons dans la joie hahaha.
Bien à vous.
(mais ce texte, vous savez)
Rédigé par : Silvère | jeudi 18 août 2011 à 15:04