On n'a plus le temps de vieillir.
Plus le temps de prendre de la graine ; elle germe, fleurit, fructifie et meurt entre vos doigts.
"Ce monde n'est plus le mien" disait Lévi-Strauss. Et je vois le monde aller à vive allure, variant sans cesse et zigzaguant.
Dans le temps, nous avions la Guerre Froide. On pouvait s'en désoler. Mais au moins, nous avions alors des amis et des ennemis. La Guerre Froide durait longtemps. Elle nous accompagnait toute notre vie.
Aujourd'hui, de cinq ans en cinq ans, tout change, tout remue, le haut devient le bas, le ciel, la terre, et le sertão devient la mer.
Pas étonnant qu'on ne se reconnaisse plus dans ce monde-là. Notre expérience est usée avant d'avoir servi. Plus la peine d'expliquer aux étudiants les erreurs qu'ils ont commises: ils n'écoutent pas, répondent seulement "mais oui mais oui".
Je me demande alors pourquoi on fait tout ce foin de l'allongement de la durée de la vie.
Montaigne déplorait le sort de ceux qui vécurent un jour de trop, et qui virent s'effondrer leur empire. Combien d'années de trop vivons-nous aujourd'hui?
Et voilà comment soudainement on est pris d'une nostalgie du temps des Gromyko et des Brejnev, des Komintern, des époux Sakharov et de l'URSS.
Après l'HDR, le coup de vieux...
Rédigé par : Bardamu | samedi 13 fév 2010 à 18:40
Ah, la "tentation vaine de se passer du temps", comme disait (de mémoire) Malraux.
J'étais encore étudiante lorsqu'une toute petite fille, à qui je venais d'apprendre que, non, je n'étais pas "une maman", m'a regardée droit dans les yeux et m'a répondu, le plus sérieusement du monde: "c'est parce que tu grandis encore".
Depuis, je m'efforce de grandir.
Rédigé par : Fantômette | dimanche 14 fév 2010 à 19:43
Grandir, vieillir, est-ce si différent que cela?
Rédigé par : anthropopotame | dimanche 14 fév 2010 à 20:16