22 mai 2010. Arrivé 14h, chaud, ensoleillé, petit vent. Ce coup-ci, j’attends un bon moment avant d’entrer dans le champ. Elles se réunissent près des abreuvoirs, restent immobiles 5 minutes, puis j’entre et se désintéressent de moi. Basilic boit un peu d’eau pour se donner une contenance. Elles se sont remises à brouter sans venir me voir. Certaines sont si grosses qu’elles peinent à se mouvoir. Basilic est comme quadrillé : c’est l’herbe où il s’est couché qui imprime sa marque.
J’essaye de comprendre si le front plissé qu’arborent certaines est le produit d’une contraction où si c’est leur façon naturelle, c'est-à-dire que ce ne serait pas une expression.
Sonia passe, se dirigeant vers l’abreuvoir. Avec ses cornes recourbées, on dirait un dinosaure. Puis c’est au tour de Luisa qui grince. Les deux vieilles se retrouvent à l’abreuvoir côte à côte.
Cristina a foncé sur une collègue (je crois que c’est Laura), l’autre l’a contournée et lui a donné coup de corne dans la fesse. Laura a une houppelande qui lui donne une tête d’aurochs. Elle est très blanche, un peu moins que Julia, qui l’est un peu moins que Marcia, carrément immaculée.
Elles restent longtemps à l’abreuvoir. Quand elles veulent boire, elles nettoient la surface de l’eau avec le mufle, puis l’enfoncent pour aspirer.
Carla beige clair, longues cornes épointées vient provoquer Lucinda qui se retourne et l’emporte.
7793 Madalena la méchante, très foncée, comme Luisa et Sarah.
14h30 : côté Nord, toutes broutent. C’est le groupe de Basilic : Marta, Lucinda, Madalena qui vient me voir, suivies de Laura, comme hier. Je me retire puis je reviens doucement : Madalena me lèche. Arrive Marcia qui me lèche également. Basilic ramène sa fraise, ce jaloux. Je n’ai pas d’échappatoire. Marcia bave sur mon cahier puis c’est Basilic qui s’approche. Je m’éloigne, elle me suit, suivie de Laura qui la repousse et vient baver à son tour sur mon cahier. Marcia revient ensuite, me flaire puis hoche la tête ; je recule, ainsi trois fois de suite, elle s’approchant de plus en plus résolument et plus vite. Je n’ai pas de bâton, et comme elle vient de se prendre un coup de tête de Laura je me méfie. Après ma troisième reculade, elle renonce et se remet dans l’alignement du troupeau.
14h40 : Basilic est couché à côté de Sonia. Je suis au sud par rapport au troupeau. La seule qui soit à ma hauteur, un peu en deçà, est la vieille Luisa.
J’observe une scène étrange et amusante : pendant cinq minutes ou plus, Sarah et Alexandra broutent de manière parfaitement synchrone, tête à droite, tête à gauche, tête devant… (photos)
Je suis le troupeau. Quand j’approche pour vérifier les numéros, je vérifie que je ne suis pas encerclé.
14h50 : la tendance est au repli vers l’ouest. Manuela – qui ne s’est jamais approchée de moi – fait un câlin à Basilic.
14h55 : 2/3 broute, 1/3 rumine.
Eva, Yasmina et Carla sont couchées en parallèle, à touche touche, et c’était volontaire ; Basilic vient parfaire l’alignement.
Manuela vient me renifler puis Eva lui donne un coup de corne : je préfère m’éloigner.
Lucinda à son tour vient me renifler. J’espère qu’elle va me contourner. Elle broute à 30cm de moi ; si elle se gratte maintenant, je me prends son sabot dans l’œil. Elle m’a déjà reniflé hier. Sa préférence va à mon oreille gauche. Ouf, elle m’a contourné : Marta m’aurait poussé hors du chemin.
15h10 : maintenant c’est le contraire : 1/3 broute, 2/3 rumine. Il fait de plus en plus chaud.
Eva rejoint Alexandra. Elle veut se coucher à côté d’elle
mais se gratte, hésite, finalement reste debout. Mais elle a eu ce balancement
de tête et le pas léger qu’elles ont quand elles ont pris leur décision (ici
rejoindre Alexandra qui se trouvait à
Basilic se couche auprès de Yasmina.
15h15 : seules 3 restent debout, dont Marta qui vient me faire des misères. Ce coup-ci je l’engueule : allez, zou ! lui dis-je en me levant. Je me rassois, elle me tourne autour en faisant semblant de brouter, et me garde au coin de l’œil.
Basilic et Yasmina se font des mamours. Basilic est debout à côté d’elle et Yasmina entreprend de lui faire une petite gâterie. Je ne m’attendais pas à cela de la part de Yasmina ! Pendant ce temps je dois garder un œil sur Marta qui finit par s’éloigner. Basilic ne réagit pas aux avances de Yasmina, pourtant explicites. Je suis obligé d’enfiler mon pull pour ne pas brûler.
15h20 : Yasmina semble avoir très envie de Basilic mais celui-ci en a vu d’autres. Il se contente de se frotter mollement à Yasmina qui passe la tête sous lui.
A part Basilic, seule Lucinda est debout, à ma gauche, en train de brouter. Elle broute toujours là où l’herbe est basse, déjà entamée.
A 15h25 Lucinda se couche, et tout le troupeau est à présent à terre. Leur position de rumination est très expressive : tête levée, yeux fermés, oreilles rabattues en arrière ; ça leur affine le visage et les fait ressembler à des chiens.
15h30 : puisque tout le monde fait la sieste, moi aussi.
15h50 rien n’a bougé alors que je cuis. Elles continuent de ruminer, je vais faire un tour dans l’autre champ où il y a de l’ombre.
16h10 deux se lèvent dans la chaleur accablante. Se recouchent presque aussitôt, Marcia ayant fait le tour de quelques compagnes pour dispenser des câlins.
Eva et Manuela sont couchées côte à côte, la tête de Manuela reposant sur la croupe d’Eva.
Tableau position à
16h30
Pas d’insectes dans l’herbe. Pas de sauterelles (elles viennent juste de naître) mais on en entend chanter.
Est-ce que Manuela et Eva sont amies ? Elles sont très très proches et affectueuses. Or par la naissance c’est Cristina la plus proche d’Eva, et les deux se ressemblent beaucoup (racine corne noire, pointe blanche) mais Eva est plus claire, et la limite noir/blanc de ses cornes est moins nette que chez Cristina ; et Cristina est une vache gigantesque (la plus petite étant je crois Alexandra).
16h50 ces vaches sont de vraies méditerranéennes ; la sieste continue.
17h seule Sonia est debout. Maria se lèche la patte, Cristina essaye de se lever, puis renonce. Basilic se lève, puis Alexandra et Cristina.
Sonia, Basilic, Alexandra et Cristina vont vers le sud. Luisa les rejoint.
Madalena se lève et vient me voir : son mufle est parsemé de gouttelettes ; puis c’est le tour de Marcia, qui file ensuite au sud-est.
A 17h05, tout le troupeau est levé et va au sud-est. C’est drôle car on parle de « distance de fuite » mais là elles ne me fuient plus du tout : elles s’approchent à 20cm, me frôlent, et je suis heureux quand elles ne bavent pas sur mon cahier.
17h10 : une fois parvenues à l’extrémité est du champ, elles font demi-tour, comme la dernière fois. Elles ont de la méthode, donc.
Soudain se mettent à courir. Haha ! C’est une promeneuse qui passe le long du champ. Elles courent toutes d’est en ouest et s’arrêtent aux abreuvoirs pour la regarder passer, et en profitent pour boire. Les inconnues, ça c’est intéressant ! Pour moi, à peine un regard : la mucca è mobile.
Trois heures se sont passées en un clin d’œil. Pas vu le temps passer…
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