24 mai Arrivé à 8 heures à la ferme. Pb de veau dont le cordon n’a pas séché (celui que j’avais vu tout juste né vendredi matin). Il tient à peine sur ses pattes. On bloque la mère pour en tirer du lait, Jean passe du bleu de méthylène sur le cordon, le veau marche et trébuche de l’un à l’autre, cherchant de l’aide. Dans ces instants, toute la famille est là qui regarde, certains agissants, les autres bras croisés attendant d’agir. Le veau finit par s’effondrer, à l’agonie. Il mourra dans la journée, probablement d’une septicémie provoquée par l’infection du cordon.
A neuf heures au champ, avec Jérôme. Il me pose des questions sur le caractère des vaches. Il veut savoir si les cornes droites, comme Sarah, ont un caractère plus affirmé que les autres. Je lui dis que Sarah est un ange adorable, donc non, les cornes droites ne sont pas plus affirmées.
Jérôme parti, je reste avec mes amies qui sont en train de brouter. C’est la première fois que je les vois à l’extrémité ouest, qu’elles quittent promptement à 9h25, tout en broutant, vers l’est – manifestement elles se fichent d’avoir le soleil dans les yeux. Je suis Sonia, à la limite sud du champ, qui semble être son petit parcours à elle où les autres n’empiètent pas.
A l’est il y a bc d’ajoncs du fait de la présence d’un étang. Elles broutent entre les tiges, d’un mouvement régulier, la tête balançant d’avant en arrière pour arracher les tiges. Mais Yasmina fait le contraire, du fait sans doute que l’herbe est plus haute là où elle est.
Manuela est restée en arrière. Sonia est devant.
Dans leur cheminement vers l’est, elles se regroupent au centre du champ. Au loin, au stade de la Génétouze, un match de football vient de commencer.
Alors qu’elles touchent à l’extrémité du champ, quelque chose vient les troubler. Elles repartent vers l’ouest en balançant la queue. On dirait qu’elles ont vu les vaches d’en face se regrouper et ont compris qu’il se passait quelque chose dans le champ de maïs.
C’est Jean avec son tracteur qui vient remplir les abreuvoirs – je n’avais rien entendu. Sonia a la flemme de refaire toute la distance et s’arrête au milieu du champ. Les autres sont dans l’attente autour des abreuvoirs, queues levées.
Comme l’autre troupeau aussi s’agite, Basilic vient se placer à l’extrémité Nord Ouest pour provoquer Vison, le taureau d’en face. Il soulève la poussière et meugle gravement. Julia se tient à côté de lui, grattant le sol elle aussi.
Une autre vient les rejoindre en gambadant et repart sans que je puisse l’identifier. Du coup Basilic et Julia rejoignent les autres aux abreuvoirs. Même Sonia se met à gambader.
On dirait qu’elles apprécient les distractions, je suppose qu’elles s’ennuient, car elles tirent prétexte du moindre passage pour caracoler, comme lorsque je suis entré dans le champ le tout premier jour.
Madalena domine Carla, Sarah et Laura dominent Madalena. Julia se place face à moi pour ruminer. Marta domine Maria ??
A 10h30, elles sont toujours autour des abreuvoirs. Elles commencent la rumination. C’est Luisa qui relance le troupeau : départ vers l’est.
10h40 Une aigrette blanche s’est posée dans le champ d’en face ; j’accours, j’ouvre et je referme des barrières : elle s’envole et vient se poser dans le champ que je viens de quitter. J’accours derechef : nouveau chassé-croisé.
Et voilà que les vaches piquent des sprints. elles repartent en galopant aux abreuvoirs. Quelles mouches les ont piquées ? il n’y a rien du tout à l’horizon cette fois… Elles restent au dessus de l’abreuvoir, sans boire, profitant de la fraîcheur de l’eau ?
Marta a pris un coup de corne de Yasmina, qui la chasse de la mangeoire, puis se couche à l’ombre de la paille.
Je vais m’asseoir à l’est à côté de Carla, qui semble la plus basse dans la hiérarchie. C’est une vache gentille, élégante, dont les yeux pleurent à cause des mouches. Elles ruminent tranquillement. D’où je suis-je vois Sonia de dos, son ventre monstrueusement gonflé, dans lequel on croirait voir bouger le veau. Encore une fois, elle lape la surface de l’eau pour écarter les brins d’herbe, puis plonge le museau et aspire.
11h L’une, couchée contre la mangeoire, en a bloqué une autre qui se tient par-dessus son flanc. Ne pouvant se dégager sans piétiner sa compagne, elle reste immobile.
Six ruminent à l’ouest, les autres broutent à l’est. J’ai mal au dos et je crève de chaud.
Cyril m’a parlé de Basilic hier : ils l’aiment bien, c’est le seul taureau qui soit né dans l’exploitation. Il est magnifique, très long et très doux, malheureusement ses cornes l’éloignent du patron des Blondes d’Aquitaine : elles pointent vers l’avant au lieu de pointer vers l’arrière. Me dit aussi que c’est le seul taureau aui aime à se trouver au milieu des vaches. Les autres restent sur leur quant-à-soi.
11h10 Carla se lève et s’étire, se demandant si venir me voir ou non. Elle est de loin la plus discrète.
L’autre est toujours bloquée par sa collègue, ne se dégage qu’à 11h15, en douceur.
Carla vient me voir, me renifle longuement et paisiblement. Les mouches lui entrent dans l’œil, son mufle ruisselle. Puis elle s’éloigne.
A 11h20 je m’allonge à mon tour. Elles sont couchées au milieu du champ, c’est l’heure de la sieste. Dont acte.
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