Après l'annulation de la conférence-débat autour de Stéphane Hessel, prévue à l'ENS le 18 janvier, je me rends sur le site du CRIF, qui a obtenu le boycott de la conférence au nom d'éventuels appels au boycott que pourrait prononcer l'illustre conférencier.
Le site du CRIF propose un récapitulatif de la législation et de la jurisprudence relatives aux appels au boycott et à la discrimination.
Je suis frappé de voir que les tribunes publiées à l'appui de ce boycott de Stéphane Hessel mentionnent le souhait de ne pas lui serrer la main ni de l'applaudir:
"Et, oh supercherie ! Le 27 janvier 2009 c'est lui qui, à Madrid, eut le front, la hutspe, de prononcer le discours d'ouverture du Yom Ha-Shoah, j'enrageais et avertis tous mes camarades déportés, les priant ni de l'applaudir, ni de lui serrer la main, que moi aussi je refusai." (Haïm Vidal Sephiha, "Lettre aux humanistes borgnes")
Mieux encore, c'est au nom de la liberté d'expression - ou plutôt de la "lutte contre le terrorisme intellectuel" - que Fernand Hessel publie une "Lettre ouverte à son homonyme", justifiant qu'on retire à son homonyme le droit de s'exprimer:
"Le terrorisme intellectuel, l’incitation à la haine, à la délégitimation, l’ouverture à toutes les dérives fanatiques et totalitaires, ne caractérisent pas l’éthique des sociétés développées. Notre destinée humaine commune fait que l’honneur de nos vies et la justification de nos parcours se jouent à présent; car aujourd’hui ?demain?"
Bravo, messieurs. Continuez de nous alerter dès qu'un intellectuel dit un mot de travers. Dites-nous le nom de son éditeur. Dites-nous à quelle école se rendent ses enfants. Appelez-nous à nous réunir pour empêcher la tenue de meetings ou de conférences.
Ainsi la liberté sera bien gardée.
MàJ le 22 janvier: ah, ouf, c'est fait, Céline est retiré de l'agenda des célébrations de 2011. Quel suspense! Passons au suivant.
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