Ce n'est pas le tout mais il faut donner des signes de vie.
Je suis retourné en Bourgogne pour le week-end. Ce devait être un séjour de travail mais mon état ne me permettait pas de socialiser: hyper-conscience de soi, défaut d'attention, nombrilisme morbide.
Dans ces moments je pense à la conclusion de la Conscience de Zeno: "Un jour un homme plus malade que les autres se faufilera jusqu'au centre de la terre pour y poser une bombe d'une puissance jamais atteinte. La planète continuera alors son parcours silencieux, débarrassée des parasites et des maladies."
J'ai assisté à la dernière représentation d'une pièce comique, "Tout bascule", assez drôle, d'autant que le théâtre amateur offre en prime le plaisir de voir des gens qui s'amusent en jouant, devant un public complice. Après la pièce, dans la salle vidée de ses spectateurs, les acteurs et leurs proches célébrèrent leur succès jusqu'à fort avant dans la nuit. Je connais ces moments où il en coûte de se défaire du maquillage et des costumes, où l'on veut prolonger ces instants d'entre-deux, où l'on est encore, ou à moitié, le personnage que l'on jouait.
Je ne pus m'empêcher de demander ce qui diable pouvait les pousser, les habitants du village, à provoquer des motifs de commémoration alors qu'ils passent de longs moments ensemble. Apéros, dîners, promenades...
C'est qu'il faut autre chose pour être ensemble. Comme en cercle il nous faut des jeux, des animations, des activités pour maintenir le groupe.
Mon total désintérêt pour toute forme de jeu fait que je considère ces réunions comme étranges, extraterrestres. J'ai le sentiment alors que je deviens une sorte de parasite proliférant sur la sociabilité des autres, mais n'en tirant aucun parti, si ce n'est quelques notes.
Comme le héros des Notes du souterrain, allant et venant, jetant des regards furieux, à l'hôte d'une fête où il s'est invité.
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