Imaginons un Musée, dédié à la conservation des oeuvres d'arts, dont les curateurs seraient, de formation, animateurs de clubs de vacances.
Tendant l'oreille aux revendications d'une partie du public, soigneusement sélectionnée, ils décrèteraient que la trop grande place accordée aux oeuvres entrave la pratique d'activités sportives et de détente dans les salles d'exposition, et nuit au chiffre d'affaire des vendeurs d'andouillettes et de chewing-gum autorisés à occuper l'espace du Musée.
Voilà exactement la situation dans laquelle la nouvelle loi, relative à la gestion des Parcs Nationaux par des représentants locaux, nous a placés.
J'avais déjà été choqué d'entendre les représentants du Parc de La Vanoise pointer la responsabilité des marmotes, et non des adeptes du ski hors piste, dans la survenue d'éventuels accidents.
A présent ce sont les loups qui, dans les Cévennes, s'apprêtent à payer le mépris absolu dont les autorités font preuve à l'égard des engagements internationaux de la France. Des éleveurs de moutons, à la tête de troupeau comptant des milliers d'ovins, sont installés en coeur de parc - seul endroit normalement affecté exclusivement à la vie sauvage.
Tandis que le pastoralisme traditionnel portait sur quelques centaines de têtes, affectées à la production de laitages, nous voici face à un élevage destiné à la viande, subventionné, et l'on vient invoquer la raison majeure de l'entretien des pâtures! Où sont donc passés les herbivores sauvages? Qu'en a-t-on fait? Devra-t-on lâcher, en guise de biodiversité sauvage, des chats, des chiens, des porcs, des chèvres et des lapins, et leur laisser le soin de reconstituer une chaîne trophique?
L'idée sous-jacente à la politique de protection de la nature est que sociétés humaines et animales peuvent coexister. Mais la politique que nous pratiquons s'apparente à celle que mène Israël: maintenir la pression de la colonisation, couper l'accès à l'eau, et s'étonner que les populations ainsi comprimées ne se tiennent pas tranquille.
0.5% du territoire métropolitain est classée en "coeur de parc". Mais dans certains cas, ce coeur de parc est habité. La politique environnementale de la France est-elle une fiction? Les loups se sont installés précisément là où ils en avaient le droit, au coeur d'une zone protégée. Ils ne sont pas allés sur l'Ile d'Yeu ou à Noirmoutier, entre deux campings, ni en plein centre de la place des Vosges, non, ils ont choisi, très intelligemment, l'endroit qui selon la loi était destiné à la vie sauvage.
A présent, ce ne sont que palinodies et propos casuistiques sur le thème de "l'éleveur de mouton, espèce menacée" ou "le mouton, gardien du paysage et de la biodiversité". Quelle plaisanterie.
Rédigé par : |