19 septembre, mercredi
Calçoene. Hotel Tarumã. Réunion du conseil consultatif du Parna (CONPARNA) depuis hier.
Présents: Domingos Santa Rosa, Coaraci (FUNAI, AGM), Domingos Damasceno (Cunani), Antonio (Tapereba), Sebastião (Vila Velha), Nei (Carnot), Cristiane (Unifap), Giovani (GTZ), Subtenente PM, Marcos Cunha (PARNA), Josinei Aniká dos Santos (secrétaire), Iranildo (Paroisse Nossa senhora das graças, comptable de l'IBAMA), Prof Nei (Oiapoque, substitut de Rona), et un représentant colonie de pêcheur de Calçoene. Marcos informe que les prérogatives de la chambre technique est d’évaluer les rapports d’experts. En l’occurrence, une usine de traitement de coeur de palmier installé sur la route de Cunani n’a pas prévu de budget suffisant pour récupération de la route. Maria da Luz, Présidente association des femmes d'Oiapoque, membre invitée de l’ONG Pegadas do Oiapoque. Professor Nei: Observe que les conseillers du Conparna se réjouiraient que les réunions se tiennent dans les bases de l’IBAMA, par ex: tout le monde connaît Cunani dans la région mais lui n’y a jamais mis les pieds. Un autre conseiller appuie l’idée d’organiser réunions dans les lieux remarquables du parc ou dans les communautés. Domingos Santa Rosa: problèmes communs avec l’IBAMA de dégradation de l’entorno. « E muito importante conhecer a realidade das comunidades do parque ». Coaraci : représentant AGM, a pu participer à inauguration base de Cunani. Cite importance historique de Cunani, qui fut république en 1885 jusque 1887. Sebastiao, Vila Velha do Cassiporé. Se réjouit d’avoir été au « festival » de Cunani avec deux companheiros, et aimerait qu’une telle célébration ait lieu à Vila Velha, bras ouverts pour accueillir les conseillers. Domingos, représentant les quilombolas de Cunani. Qq différends au début mais à présent aplani: si communauté a accepté base de l’Ibama, c’est parce qu’ils se sentent partenaires à part entière. Giovani, rep GTZ, accompagnement technique dans le cadre ARPA. Souhaite évaluer impact réunion. Cristiane: participation aux conseils Tumucumaque et Cabo O. Important pour activité d’extension de l’UNIFAP (Université Fédérale de l'Amapa). Nei, de Carnot (colonia agricola). Se réjouit d’avoir pu, comme conseiller et comme membre brigada prevfogo, connaître différentes communautés, il ne lui manque que la Terre Indigène. Josinei, représentant de l’APIO. Explique qu’il ne pourra continuer à être secrétaire exécutif s’il n’a pas d’emploi, car il habite sur la BR, au km 70. Il appelle à ce qu’on lui offre un travail. Domingos de la Funai fait part de sa préoccupation devant augmentation pop Oiapoque mais aussi pop indigène, problème des familles nombreuses. Indigènes s’interrogent sur la manière dont peuvent contribuer à la recomposition la faune. Demande appui IBAMA pour le zonage et les projets tortue et caïman, dans l’esprit de ce qui se fait pour la brigade prevfogo (prévention des incendies). Marcos signale qu’il doit organiser les agendas en fonction du personnel dont il dispose. Après-midi: la session a lieu en plein air, dans le patio de l’hôtel Tarumã. Marcos questionne la présidence obligatoire du chef du Parna dans le conseil. S’agissant de conseil consultatif, le Snuc (Système National d'Unités de Conservation) l’exige. Giovani explique que les modalités de ce conseil peuvent évoluer en fonction des orientations générales de ces conseils au niveau national. Ce qui peut évoluer actuellement ce sont les attributions du vice-président. NB Je m’interroge sur la finalité réelle de ces réunions. On a bien vu ce matin que pour les conseillers, qui sont pour la plupart des représentants de communautés et de corporations, l’important est de se sentir intégrés dans un système de circulation des personnes, plutôt que dans la circulation de l’information. Plaisir de connaître d’autres communautés, curiosité… Car on ne peut négliger l’énorme fatigue que représentent ces déplacements pour des gens comme Sebastião (trois jours de voyage). En tous cas, je note l’implication des représentants indigènes : ce conseil est probablement l’un des rares organes interethniques auquel ils participent. C'est un exercice démocratique de la part de Marcos ; il argumente sur la nécessité d’un lieu neutre servant de siège au conseil ; ainsi, dit-il, une réclamation aux décisions du parc ne lui parviendra pas directement – si c’était le cas, cela le mettrait en position de défense – mais au Conseil, qui est là justement pour prendre en considération ces réclamations. Problème de locaux pouvant abriter la doc relative au conseil. Maria da Luz propose son garage. Concernant le budget du CONPARNA, il intéresse qu’il échappe à l’IBAMA car ainsi le conseil peut songer à développer des activités lucratives (ex : T-shirt) qui alimenteraient son propre budget, dès lors qu’il aura son CNPJ (cadastro nacional pessoa juridica). 16h30 : Le Parna peut manifestement devenir un centre de gravité pour toute la région, en facilitant les communications de communauté à communauté, en permettant la mise en place de formations, en fédérant les divers syndicats, associations, etc. permettant la prise de conscience d’une appartenance régionale ; il peut aussi jouer un rôle dans l’intégration régionale de la TI (PROBLEME de la représentativité des conseillers…). Ultérieurement, c’est en tertiarisant les opérations touristiques et en permettant l’accès aux différentes communautés qu’il pourra entraîner le développement économique de la région. Dans les discussions, il apparaît que le siège devra être Oiapoque (perspective centre des visiteurs conjoint Cabo Orange – Tumucumaque) mais qu’il pourrait exister, en vue de la préparation des conseils, des noyaux régionaux : Oiapoque/Calçoene/Macapá. Les représentants des différentes communautés (Vila Velha, Tapereba, Kumarumã) sont candidats à la prochaine visite programmée du Conseil (15-16-17 novembre). Coaraci a le culot d'annoncer que se tiendra un Turé pour l'occasion. Scène drôle : le prof Nei dit qu’il faut choisir Tapereba et Vila Velha car un peu abandonnées et souffrantes ; le représentant colonie pêcheurs Calçoene s’énerve et dit « tu dis cela car tu connais Kumarumã, mais moi je connais Vila Velha et Tapereba et je veux connaître Kumarumã ! » Discussion avec Domingos de la FUNAI : il trouve que Marcos a bien fait d’organiser le conseil de la manière dont il l’a fait, en ouvrant largement aux communautés de l’entour. Il regrette que la CPIO n’ait pas été créée avec le même esprit d’ouverture. La CPIO a été créée à cause de l'insolvabilité de l’APIO et AGM, tandis qu’OPIMO (instits) et AMIM (femmes) n’ont pas de capacité de gestion des ressources provenant BR et Eletronorte. La CPIO comporte des représentants de ces associations. Cela va dans le sens de ce que disait Lux : il existe une dynamique sociale et politique qui se traduit justement par la création d’associations dont la configuration traduit les priorités ou préoccupations du moment. Diplomate, il acquiesce quand je lui parle du double discours d’Ana Lange à propos superposition TI/PARNA. Il me dit que pour sa part il souhaite que l’affaire soit réglée à Brasilia, mais me dit que pour les gens de Kumarumã, le lac Maruani a une trop grande valeur pour être cédé à l’IBAMA. Marcos observe, à propos des huit projets que l’IBAMA soumet aux communautés, que l’organisation sociale n’est pas mûre pour la création de coopératives. Si des associations existent et sont bien organisées, c’est généralement pour réclamer le gazole du générateur ou l’ouverture d’un poste de santé. Là, l’organisation sociale fonctionne à plein. Termo de compromisso n°01/2007 PR/AP : terme obtenu par l’IBAMA auprès de l’IBAMA pour pouvoir traiter différemment les pêcheurs artisanaux d’Oiapoque des flottes industrielles de Belém. Les artisans pêcheurs auront le droit de pêcher dans eaux du parc selon système d’alternance (rodizio, une seule embarcation par famille). Cela a marché à Oiapoque (compromisso signé fin août par représentant colonia pescadores). Or ce type d’accord avait été pressenti pour Calçoene. Pour l’IBAMA, il s’agissait d’obliger les petits pêcheurs à régulariser leur situation. Il existe donc des mécanismes légaux pour résoudre les conflits. Art 28 par unico, da Lei n° 9.985/2000: "détermine que les Unités de conservation doivent assurer aux populations traditionnelles la préservation de leur mode de vie, y compris ce qui touche à l'exploitation des ressources naturelles." Voilà la source de tous les malentendus: les populations traditionnelles n'ont nullement l'intention de préserver leur mode de vie!
Discussion hier soir, dans le petit bar près de l’hôtel, avec Giovani (GTZ) et Marcelo (SEMA). La discussion a tourné autour des financements internationaux pour la protection de l’Amazonie ; comme Newton Marcelo parlait de la responsabilité des pays du « 1er monde » dans la dégradation de la planète, je me suis emporté et lui ai dit que le Brésil ne pourrait éternellement fanfaronner sur sa capacité d’investissement dans des mégaprojets tout en comptant sur d’autres pour protéger l’Amazonie (PPG7, ARPA…).
Tout cela vient du chgt de cap de Lula qui appuie à fond le lobby agricole, et se place, dans les négociations internationales, aux côtés de la Chine et de l’Inde pour que rien ne vienne entraver son développement destructeur qui aboutit toujours à un appauvrissement ou à l’exil des populations locales.
J’ai aussi évoqué les efforts vains du gouvernement français pour restaurer la population d’ours, tout en observant qu’au moins nous n’avions pas l’hypocrisie de faire de l’ours un argument touristique comme le Brésil avec le jaguar.
Giovani observait qu’il était absurde que les mécanismes de compensation du carbone aboutissent à financer des plantations d’eucalyptus dérivant de déboisements massifs. Il faut se pénétrer de l’idée que les négociations internationales sont en train de dissocier la question de la dégradation de l’environnement et celle du réchauffement climatique. A ces deux phénomènes (qui n’en forment qu’un), on cherche à apporter deux réponses différentes, l’une environnementaliste, l’autre technologique (investissements dans des technologies propres mais surtout technologies adaptées à la captation du carbone).
La question a aussi tourné autour des subventions accordées par l’Etat d’Amazonas aux ribeirinhos et colonos comme compensation au non-déboisement. Solution provisoire et qui ne doit pas mener à des progénitures démesurées (le représentant de Tapereba a dix-sept frères, il a lui-même cinq enfants.)
20 septembre, jeudi. Macapá, chez José Reinaldo Picanço.
Arrivé hier après-midi à Macapa, pour participer au stand du Cap Orange à l’expo Turismo do Meio do Mundo, près du Marco Zero (le monument qui matérialise la ligne de l'équateur). Mais la maison de Reinaldo est si agréable que je voudrais en profiter pour travailler aux enregistrements et me reposer un peu. Lassitude énorme hier au resto Cantinho Baiano, désir de m’enfouir dans une piscine et rester immergé. Jolie maison dans le quartier Jésus de Nazaré, une véranda en fait le tour et j’écris surplombant le jardin planté de manguier et de cupuaçu.
9h50 J’ai lavé mon linge et le temps file. Reparlé de M. hier avec Reinaldo et ma colère est revenue.
NB : Le rôle de pajé est si dévalorisé chez GM que souvent, qd je pose une question à propos du Pajé, on me répond en parlant du cacique (à Macapá, va se faire opérer).
20h30 : fin de la première journée à Macapa. Je suis allé à l’expo Tourisme no meio do mundo et je suis rentré prématurément, à cause de la maladresse du coiffeur de ce matin, qui m’a égratigné le cou. A la fin de la journée, sous le cagnard, le col de ma chemise frottant la plaie, la douleur était devenue insupportable. Vu Ariane (sœur de Dionisio) au stand d'artisanat indigène et Cristiane de l’UNIFAP, mais je n’étais pas d’humeur à badiner, et Ricardo et Lauro occupaient tout l’espace, arborant fièrement leurs casquettes de l’IBAMA. Le moto-taxi s’est égaré, nous avons parcouru l’avenue Ana Nery dans tous les sens (avec le casque je ne puis mettre mes lunettes). Tenté alors d’appeler Reinaldo : crédits épuisés dans le tel portable. A présent Reinaldo est sorti assister à un cours de français, je reste seul ici pour travailler.
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