L’homme est un être de nature. Jusqu’à un certain point, il ne menace pas les équilibres biologiques. On sait aujourd’hui que nombre de milieux dits naturels sont anthropisés, sans pour autant que cette anthropisation déroge fondamentalement aux équilibres naturels. Les activités pastorales en Europe se sont substituées aux anciennes mégafaunes de bisons et d’aurochs, exterminant du même coup leurs prédateurs (loups, hyènes géantes, lions des cavernes). La diversité biologique en a souffert, mais pas les équilibres écologiques – si l’on excepte l’assèchement du pourtour méditerranéen. De la même manière, les forêts tropicales sont partiellement le résultat d’une gestion purement humaine des ressources, par le choix privilégié de certaines essences végétales plantées en vue du long terme, enrichissant ainsi de vastes espaces en arbres fruitiers ou plantes médicinales. Les équilibres changent du fait de ces interventions, mais globalement les cycles naturels sont respectés.
L’homme moderne lui-même demeure tributaire des écosystèmes qu’il crée : outre les espèces animales et végétales qu’il privilégie pour son alimentation, l’ornementation (du poisson rouge au marronnier et au platane), ou pour lui tenir compagnie (chiens, chats), ses modes de production et d’alimentation favorisent le développement d’espèces opportunistes. Les décharges ont permis aux goélands, aux corneilles et aux rats de connaître un essor démographique quasi proportionnel à la démographie humaine. Les parasites (poux, puces, ténias, mais aussi charançons et acariens), virus et bactéries propres à l’espèce humaine ou ayant su s’adapter à elle sont également des membres de l’écosystème créé par l’humanité. Et l’on peut imaginer, devant la réduction des espaces naturels, que d’autres espèces sauront s’adapter à l’environnement humain et urbain, tels les renards, les chouettes, les faucons…
De ce point de vue, un incurable optimiste pourrait affirmer que l’homme crée des écosystèmes nouveaux, et que la nature s’adapte à notre présence envahissante en s’infiltrant par tous les interstices de nos activités. Mais la question qui se pose est celle de la durabilité de cet écosystème humain, dans la mesure où il ne prend pas en charge le recyclage de l’eau et de l’air. De ce point de vue, il met en jeu la survie de notre planète, un peu comme si nous enfilions nos têtes dans des sacs en plastique.
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