Il fallait s'y attendre : après un mois de février effréné, voilà le cerveau terrassé, incapable d'effectuer la moindre connexion neuronale. Plus qu'à se traîner, de bureau en cuisine, de cuisine en bureau, café fumant à la main, les documents ouverts, attendant sagement. Puis enfiler sa chaussure gauche à son pied droit, et vice-versa, et faire un triple noeud à ses lacets. Rester assis devant l'action à refaire, songeur.
Le chamanisme ? Lux Vidal m'annonce que mon article n'est qu'une resucée de bêtises remâchées.
La synthèse d'habilitation ? Je me laisse entraîner par la question du droit animal et suis incapable de rationaliser cette question tant elle m'irrite.
Totale inappétence, doublée d'une totale incompétence. Pire que la page blanche, les multiples documents couverts d'annotations. Incapable de comprendre où je veux en venir.
J'ai le choix, après tout : me laisser gagner par le questionnement, l'incorporer, et n'être plus alors qu'un être qui rumine, qui rêve de parties et de sous-parties, qui réorganise entièrement son métabolisme en fonction du projet à mener, allant de-ci de-là avec un carnet vierge qui se couvrira peu à peu. Plus capable alors de prêter attention à autrui, de s'intéresser à une conversation, sombrant dans une sorte d'autisme dont je n'émergerais qu'une fois le travail achevé.
Or je sais d'expérience qu'une telle fusion de l'être dans la tâche ne garantit en rien la qualité finale. Que l'on écrive des poèmes ou du théâtre, l'inspiration peut nous guider et si le résultat est décevant, il ne reste qu'à attendre. S'agissant d'un travail académique, le résultat ne peut pas être décevant, ou inabouti. Les intentions n'y sont pas comptées. La noblesse de la cause ne joue aucun rôle dans l'appréciation finale.
Au final, je me trouve devant cet unilemme beckettien :
"L'expression qu'il n'y a rien à exprimer, rien avec quoi exprimer, rien à partir de quoi exprimer, aucun pouvoir d'exprimer, aucun désir d'exprimer, et avec cela l'obligation d'exprimer."
PS: je remercie le jeune auteur du "Journal d'une taupe" (lien ci-contre) pour une agréable lecture. Preuve que l'on peut être à la fois écrivain et intelligent.
Merci merci (encore) merci. Je découvre votre site (après un parcours quelques peu tordu, en passant par les référants de mon blog(?)) à l'instant, (et encore à l'instant (dans l'instant!) votre commentaire)...Je découvre, donc, votre site. Je vais passer du temps avec vous, ce soir. "Comprendre pourquoi notre espèce scie la branche sur laquelle elle est assise."!?! Il vous faudra du courage! Vous êtes un homme de réflexion et d'engagement. Et notre monde a plus que jamais (me semble t-il) un besoin impérieux de vraie colère, et d'engagements non affectés (et non caricaturaux). A bientôt.
Rédigé par : lataupe | vendredi 14 mar 2008 à 18:36
A mon tour de vous remercier. Votre déploration des frigos qui se désemplissent est très proche de ce que je vis régulièrement. Cela n'entre pas dans ma ligne éditoriale: il est bon que quelqu'un s'en charge. Sachez toutefois qu'à titre personnel je déteste l'engagement, et j'ai toujours eu le plus grand dédain pour les gens engagés. Les ONG me donnent de l'urticaire. Je tiens ce blog parce que quelque chose m'y pousse, le sentiment d'un devoir. Mais j'ai une forte propension à tout laisser tomber - détermination intérieure tout aussi puissante que le sens du devoir, malheureusement. Il se trouve que votre blog, même si vous n'y parliez que de votre "squaw", resterait plus intéressant que les milliers de sites "d'amis des animaux" que l'on rencontre en surfant.
Rédigé par : anthropopotame | vendredi 14 mar 2008 à 18:49
Alors désengageons-nous ensemble cher ami! Je partage votre (plus grand) dédain pour...A bientôt.
Rédigé par : lataupe | vendredi 14 mar 2008 à 21:46