Je viens de lire un chef-d’œuvre: Roca Pelada, d'Eduardo Fernando Varela. L'histoire, contemplative, se déroule à un poste-frontière séparant l'Argentine du Chili, à 5000 mètres d'altitude. Je l'ai posé tout à l'heure, et le roman persiste. Il m'a accompagné quelques jours, ç'aurait pu être une histoire qui ne se termine jamais.
L'âge venant, on se prend à goûter les romans pour eux-mêmes, sans y chercher de traces de propre vie. On abandonne ce narcissisme de la jeunesse, les "c'est tout moi" et "comme j'ai été compris".
Moins il y a d'intrigue, mieux c'est. Le style prévaut, les personnages étranges, comiques à leur insu, n'ont pas besoin de gesticuler pour exister. Le paysage, la lumière, le froid et la chaleur: nos sentiments s'effacent devant nos perceptions.
Cerfs déchiquetés vivants par la meute, blaireaux tués à coup de pioche, renardeaux affolés jetés aux chiens à des fins d’entraînement, faisans errant le long des routes en attendant d’être tirés… Ces pratiques, qui ne sont pas marginales, sont tristement révélatrices du mépris que nous vouons à la faune sauvage et à la souffrance animale. Mépris de ceux qui capturent et qui torturent, et le nôtre, qui laissons faire, persuadés que les chasseurs gestionnaires ont des droits sur la nature.
La faune française s’effondre. Les oiseaux les plus communs, les méso-prédateurs (visons, chats sauvages), et même les lapins, « viande du pauvre » autrefois, tous ces animaux qui nous semblent familier disparaissent peu à peu, sous les coups de boutoir de l’agriculture intensive, de l’artificialisation des terres, des tirs et tableaux de chasse. La réduction des habitats concentre la faune, d’autant plus facile à débusquer.
Bien des chasseurs s’abritent derrière la nécessité de « réguler », le faisant même apparaître comme un fardeau. Dans un même temps, ils dénigrent les lynx, loups, ours, pour concurrence déloyale. Les phoques décapités par des pêcheurs professionnels témoignent du même désir d’extermination, mais au moins la pêche en mer n’est-elle pas un loisir. Alors même que la police scientifique est mobilisée pour découvrir les auteurs de destructions volontaires (empoisonnements, tirs à l’affût), les amendes encourues sont de l’ordre de quelques centaines d’euros (à comparer par exemple aux 10.000 euros investis pour chaque lynx réintroduit – pour les ours, cela se compte en millions), assorties d’une suspension de permis de chasse pour des périodes provisoires.
Mais l’objet de cette tribune n’est pas le coût de la chasse pour le contribuable, ni son impact sur les grands prédateurs, mais la perte qu’elle entraîne pour le citoyen, pour notre patrimoine naturel, par définition notre patrimoine commun. Les articles s’accumulent : le contact avec la nature est nécessaire à l’équilibre mental. Or les périodes d’ouverture de la chasse, les espèces chassées, les dérogations accordées, et plus généralement la prise en compte des positions des parties prenantes se résument à trois catégories de citoyens : les chasseurs, les agriculteurs et les éleveurs. Les autres, nous autres, c’est-à-dire tous les autres, sommes disqualifiés car « urbains déconnectés », même si nous vivons à la campagne, accentuant l’idée que la nature ne nous appartient pas, et cela quel que soit notre degré de proximité avec la nature et la connaissance que nous en avons.
Impact écologique et humain
Les chasseurs ne « prélèvent » pas que du gibier : selon un article du Dauphiné Libéré paru le 17 novembre 2019, les chasseurs ont tué en France 400 personnes en 20 ans - à comparer aux 300 et quelques morts provoquées par des attentats terroristes en 40 ans, selon le décompte effectué par Libération (15/07/2016).
Si la chasse en zone humide se pratique avec des cartouches chargées de billes d’acier, toutes les autres chasses utilisent le plomb. Un rapport récent (ECHA/PR/18/14) de l’ECHA (European Chemical Agency) estime à 20.000 tonnes chaque année la quantité de plomb déversée par les chasseurs européens, dont les Français représentent 30%. Le plomb se diffuse dans les sols, affecte les micro-organismes, pénètre les plantes dont se nourrissent les herbivores, s’accumule dans l’estomac des carnivores.
Autre impact, la disparition du petit gibier, entraînant de fait le déclin des rapaces diurnes et nocturnes et des mésocarnivores tel le chat sauvage. Les arguments invoqués pour l’extermination des renards et blaireaux (transmettant respectivement échinococcose et tuberculose bovine) sont spécieux, la première maladie étant tout autant transmise par les chats et chiens domestiques, la seconde par les grands herbivores (cerfs, chevreuils, voire sangliers). En revanche, la justice reconnaît aujourd’hui que le rôle des mésoprédateurs dans la contention de la maladie de Lyme est suffisamment attesté pour qu’elle casse des arrêtés prolongeant leur chasse. Ainsi de cette récente (09/12/2020, n° 2002508) ordonnance du Tribunal administratif de Châlons-en-Champagne cassant un arrêté préfectoral des Ardennes :
« […] il ressort des pièces du dossier, […] que la réduction des populations de renards n’est pas un moyen d’éviter la prolifération de l’échinococcose alvéolaire et de prévenir la contamination vers l’homme. Au contraire, il ressort de ces mêmes documents que le renard est une espèce essentielle pour lutter contre la propagation d’autres infections, et notamment des maladies vectorielles telles que la maladie de Lyme, en tant que prédateur de rongeurs nuisibles.»
Nous n’avons trouvé qu’un seul document estimant le nombre d’animaux sauvages tués annuellement en France : il s’agit d’un bulletin technique publié par l’ONCFS (aujourd’hui OFB) en 2016. Il porte sur la saison 2013-2014, et n’a été élaboré que grâce au bon vouloir de 8% des chasseurs français (Faune sauvage n°310). On relèvera :
Parmi la faune sédentaire de plaine : 3.000.000 de faisans, 1.300.000 perdrix rouges – pour ces deux espèces, on estime qu’à 90% il s’agit de gibier d’élevage. Cela n’est pas anodin. Il traduit le fait que nombre de chasseurs ne le sont que prétendument (il s’agit plutôt de tir au pigeon), mais permettent au lobby cynégétique de gonfler ses rangs.
Concernant les galliformes de montagne (Gélinotte, Grand tétras), en raréfaction accélérée et disparus en maints endroits, le tableau est muet – trop délicat sans doute.
Préjudice écologique et moral
Parmi les oiseaux de nos campagnes, et c’est sans doute le point le plus douloureux, des oiseaux en déclin (tous le sont, même les espèces dites généralistes) : Alouette des champs (en déclin) – 180.000 - Bécasse : 740.000 ; Tourterelle des bois, classée vulnérable – 91.000 ; Merle noir : 220.000. Rappelons qu’il ne s’agit là que d’inférences à partir d’auto-déclarations. Et le tribut payé par la grive musicienne est de 1.400.000 individus.
Ceux qui se promènent dans la campagne et les bois ont probablement entendu le chant de la Grive musicienne. Il est mélodieux, enchanteur. Indépendamment du droit intrinsèque qu’a la faune sauvage de vivre ou de survivre, cet exemple permet de soulever une question : nous autres « urbains déconnectés » avons-nous oui ou non le droit d’écouter le chant de cet oiseau et de nous en réjouir ? Chacune des espèces mentionnées, chaque individu « prélevé », contribue à la disparition d’une expérience émotionnelle et esthétique qui aggrave notre déconnexion de la nature. Nous perdons ainsi la possibilité extraordinaire de nous approprier, de rendre nôtre, le patrimoine naturel qui appartient à tous, y compris à la nature elle-même.
L’article 1246 de la loi sur la biodiversité adoptée le 4 août 2016 inscrit un principe essentiel dans le code civil. Selon les termes de la loi, "toute personne responsable d’un préjudice écologique est tenu de le réparer" Quel préjudice ? "Une atteinte non négligeable aux éléments ou aux fonctions des écosystèmes ou aux bénéfices collectifs tirés par l’homme de l’environnement".
Il serait temps que les non-chasseurs invoquent un tel préjudice, résultant d’une confiscation du patrimoine naturel par une fraction de la population. Il serait temps, enfin, que cesse notre indifférence à l’égard de la faune sauvage.
On apprend aux enfants à bien se comporter en société, à dire "bonjour", "au revoir" et "merci". On laisse le soin à la vie de les éduquer pour ce qui est des principes moraux.
Ariane avait conduit les enfants au culte, au motif que les enfants devaient suivre un enseignement religieux. L'officiant expliqua aux enfants que le monde avait été créé en six jours, et qu'au septième Dieu s'est reposé. On débutait les séances par une ineptie, qui ne contient aucune leçon, si ce n'est la raison d'être du dimanche.
Pourquoi n'avoir pas commencé en exposant, par exemple, que "là où est ton trésor, là aussi est ton cœur"?
Ce que nous avons appris de haute lutte, car personne ne nous a éclairé: que rendre les gens heureux rend heureux, que la vérité vaut mieux que le mensonge, tout cela; mais non, nous procédons comme la fée bleue: nous plaçons la conscience à l'extérieur des enfants.
Ils croiseront des clochards et ne retiendront que leur odeur; des fous ils ne retiendront que l'expression. A quel âge apprendront-ils à être charitables, miséricordieux, serviables, solidaires?
Je repense parfois à la réplique que prononce Cyrano de Bergerac: "Moi, c'est moralement que j'ai mes élégances." Combien d'années m'a-t-il fallu pour la mettre en pratique.
Une opinion publiée dans Libé, "Et si on fichait la paix aux bobos?", venant après les boutades de Sarkozy (selon lui, les occupants de la place de la République seraient des bobos n'ayant rien dans la tête), mérite quelques commentaires.
L'auteur esquisse le portrait du bobo: classe moyenne, profession créative ou intellectuelle, venant parfois d'un milieu modeste, amateur de concerts, d'expositions, de théâtre, préférant faire ses courses au marché plutôt qu'au Monoprix, etc. Il définit le chanteur Renaud (auteur de la chanson "Les Bobos") comme un "sous-Pierre Perret dopé à l'anisette", ce qui est franchement drôle et bien trouvé.
Mais le fond de sa question est: pourquoi le bobo, qui n'affecte personne, est-il la cible de tant de railleries? Pourquoi est-il une forme de repoussoir, permettant de ridiculiser des prises de position progressiste - je cite: "Le mariage pour tous ? Une idée de bobos. L’écologie ? Un passe-temps de bobos. La fraternité ? Une lubie de bobos."
A croire que les bobos font peur. On les stigmatise pour mieux les neutraliser. Oui, c'est une conjonction de positions modestes et d'actes militants modestes qui génère des rassemblements place de la République. Cela fait un peu peur à des imbéciles attachés au pouvoir comme des moules à leur rocher. Cela dérange des petits cons violents et haineux qui se gavent de iPhone et de Nike hors de prix. Cela emmerde les commerçants qui voient des clients regarder les étiquettes pour vérifier les lieux de fabrication, ou les labels Max Havelaar ou FSC.
Dans une société abrutie par l'indifférence, la haine et les jeux vidéos, cela choque évidemment que des gens choisissent des modes de subversion adaptés à la société de consommation: précisément par des actes de consommation ou de non consommation. La préoccupation humanitaire ne consiste pas en s'extasier devant des enfants malnutris. Elle consiste à ne pas acheter de produits venant de pays dont les dirigeants exploitent les famines ou dont les travailleurs sont sous-payés. La préoccupation écologique - si loin des réalités quotidiennes du Français touché par la crise, dit-on - se manifeste par le choix de produits équitables, respectueux de l'environnement, et même par l'adhésion à une AMAP. Où en serait l'agriculture bio sans les bobos? Qui lit Pierre Rabhi? Des paysans militants et des bobos. Ils sont les maillons d'une même chaîne.
Les idéologies alternatives au néo-libéralisme, lorsqu'elles sont imposées, dégénèrent en violence réelle ou symbolique. La Corée du Nord et l'Etat Islamique partagent bien des choses, notamment la haine de l'Occident. Et les soldats de l'Etat Islamique se gavent de Mars et de Bounty, vivant sur la bête martyrisée; les dirigeants nord-coréens ont créé une nation d'esclaves affamés. Le néolibéralisme, lui, est subtil: il laisse à chacun sa chance tout en savonnant la planche. Il s'empare des Etats en les tenant par la dette, par le chantage à la délocalisation ou à la spéculation. Il recrée cette aristocratie accapareuse qui accumule le blé dans ses greniers, redistribué au compte-goutte à ceux-là même qui l'ont produit. C'est au XVIIIe siècle que l'on retrouve une classe exploitée par une classe de nantis, des chaumières à l'ombre des palais.
On ne peut, en l'état actuel, lutter de front contre une idéologie dominante. Les foules poussant des chariots aux hyper-U ou aux Centres Leclerc ne se rebelleront pas, massivement, contre la surabondance et les kilomètres linéaires de yaourts identiques aux emballages différents. Ils ne se rebelleront pas contre cette idée que la démocratie représentative ne les représente pas, parce qu'au fond, ils ont confiance en leurs dirigeants.
Ce sont ces bobos stigmatisés qui pratiquent le retrait du capitalisme. Ce retrait passe par la conscience sociale et environnementale appliquée aux choix de consommation, il passe par la sobriété. Cette fameuse révolution qui vient est une révolution lente et tranquille. Elle ne tuera personne. Mais à terme, elle provoquera l'effondrement de ces multinationales qui spéculent sur le temps de cerveau disponible, comme un restaurant servant des plats immondes finit par faire faillite.
Exercice de dénigrement en règle de cette pauvre France: "C'est nous qui vendons des Rafale à la dictature de Sissi", "C'est nous qui pillons l'Afrique et renvoyons ses migrants", "C'est nous qui nous plions aux diktats de l'Arabie Saoudite parce qu'elle nous vend du pétrole". "C'est nous qui polluons la Chine en exportant nos entreprises"...
Je sature et me pose la question: qui est "nous"? A quel moment ai-je voté pour quelqu'un dont le programme mentionnait qu'on se coucherait devant l'Arabie Saoudite? Que l'on vendrait des armes à des pays explosifs? Jamais, je n'ai jamais voté pour cela. Tout ces "nous" sont nos dirigeants. Ce qu'ils font de répréhensible, au nom de qui le font-ils? Pas en mon nom, ni en le vôtre.
Voici la démocratie subvertie. Celle qui se dit représentative mais dont l'essentiel de l'action se joue dans un cercle restreint, pour des intérêts privés. Qui d'entre nous n'a pas éprouvé la honte d'être Français quand on tolère qu'un potentat sanguinaire soit reçu en grande pompe et monte sa tente dans les jardins de l’Élysée? Et devant ces circuits de corruption qui maintiennent aux pouvoir, en Afrique, des amis de la France qui vampirisent leur pays? Les exemples sont innombrables. Mais ce n'est pas à nous d'avoir honte. C'est à ceux qui claironnent qu'en aidant des multinationales on relance la croissance et l'emploi.
Ceux qui demandent aux Français des efforts au travail ou à la recherche d'un emploi, qui légifèrent sur le stationnement dans un hall d'immeuble, mais qui face à des salaires stratosphériques se disent impuissants. Ceux qui dépècent les biens de l’État, les nôtres, pour les revendre: un hippodrome par-ci, une autoroute par là, et qui aujourd'hui investissent notre argent dans des projets qui engraisseront des groupes privés - un aéroport par-ci, un EPR par là. A nous d'investir, en tant que contribuables, dans cet argent dilapidé, qui ne nous reviendra pas, dans cet environnement dégradé, privatisé.
Privatiser les profits, socialiser les pertes, sociales, environnementales: l'essence du néo-libéralisme est là. Les gouvernements, aujourd'hui, se soucient de gérer cette subtile transfusion, de faire passer cette spoliation collective comme étant nécessaire à la compétitivité. Notre ministre de l'agriculture défendant jusqu'au bout les néo-nicotinoïdes au motif que les agriculteurs français seraient pénalisés à l'exportation - suivant un argumentaire dicté par un grand patron de l'agrobusiness, représentant d'une fédération d'agriculteurs qui a distillé du pesticide dans toutes les rivières, les champs et les forêts, et dans ce que nous mangeons.
C'est un sablier que l'on retourne sans cesse: d'un côté, notre pouvoir collectif s'écoule, étranglé, pour que d'autres accumulent des capitaux qui ne nous reviendront jamais - partis au Panama ou ailleurs, ou dans la ludothèque d'une petite commune au maire corrompu. Quand on retourne le sablier, voici les externalités qui nous retombent en pluie sur la tête: misère, précarité, pollution.
Un mouvement comme Nuit Debout s'effilochera peut-être, mais il n'est qu'un symptôme de ce que "nous" avons cessé de tolérer. Nos représentants élus, lorsqu'ils deviennent des représentants de commerce pour Dassault, Airbus ou Areva, cessent de fait de nous représenter, ou de représenter la France.
Donc, je le répète, ce n'est pas "la France" qui vend, magouille ou pille. Ce n'est ni vous ni moi. Ce sont ceux qui ont trahi la République, la dévoient, et pensent qu'au fond nous partageons ces idéaux de crétins avides de gagner plus de fric.
Dans une de ses meilleures chansons ("Foules sentimentales"), Alain Souchon dit: "On nous fait croire/Que le bonheur c'est d'avoir/ d'avoir des quantités de choses/ qui donnent envie d'autres choses".
C'est ce que je fredonnais ce matin en courant les pharmacies pour acheter des couches premier âge.
Je pensais également aux débats stériles qui ont suivi les régionales, et le foisonnement d'articles ou de points de vue déplorant la stérilité des politiques et appelant à un renouvellement des classes dirigeantes.
Quant à la stérilité des débats, ils font écho à la pauvreté d'une campagne où le seul programme est de brandir l'épouvantail du Front National. Cela fait déjà quelques années que cela dure, ces "renforcer la sécurité", "comprendre le ras-le-bol des Français", comme si nos édiles n'en étaient pas eux-mêmes. Ils sont pourtant loin d'être des Léviathan.
Révélatrice à cet égard est la réaction de la Ministre de l'Education Nationale à la fausse agression d'un instituteur: proposer une loi pour "renforcer la sécurité", cette fois dans les écoles. Un événement, une loi. L'événement s'avérant un canular, adieu la loi.
Dans Political Order and Political Decay, Francis Fukuyama évoque ce cas de figure en opposant deux modes de gouvernance: le règne de la loi et le règne par la loi (Rule of Law vs Rule by Law). Dans le premier cas, des institutions solides, respectées, un système juridique bien pensé et encadré, permettent d'anticiper tous les cas de figures, ou phénomènes, susceptibles d'affecter un pays. Dans le deuxième cas, l'action politique est à configuration variable, s'ajustant en permanence aux événements, au risque de réajustements constants, voire de voltes-faces.
C'est bien entendu le second qui nous échoit, le règne par la loi, où la législation est produite par l'exécutif au lieu qu'il soit tenu d'appliquer celle qui émane du législatif.
Quant au foisonnement d'articles réclamant une nouvelle politique, par le renouvellement de la classe qui l'incarne, ils commencent et s'achèvent sur cette revendication. Mais quelle autre politique?
Il nous faut d'abord interroger la légitimité d'un pouvoir national. Les Nations se sont construites sur les ruines des Empires et l'homogénéisation des provinces, cela à partir du XVIIIe siècle. Elles sont l'incarnation d'une nouvelle assise de l'Etat: le peuple souverain et l'adhésion volontaire par l'impôt et émotionnelle par le patriotisme.
Comme tout phénomène historique, les Nations sont transitoires, elles peuvent s'effondrer, se fondre dans des ensembles plus vastes, se fragmenter. L'homogénéité culturelle n'est nullement une garantie de leur pérennité - une homogénéité mise à mal par les mutations de la société française - il suffit d'entendre à longueur de journée les allusions à "la communauté musulmane", "la communauté juive", la "communauté chrétienne", dans un pays laïc, pour mesurer l'inanité et la vacuité des discours stigmatisant les communautarismes, et la reconnaissance implicite que nous sommes un pays multiculturel.
Mais ce qui porte atteinte à la légitimité d'un projet national, c'est bien plutôt l'hétérogénéité sociale - en d'autres termes, les inégalités créées entre ceux qui possèdent tout et ceux qui ne possèdent ni ne décident rien. Or c'est cela, cette inégalité, que le néo-libéralisme va en produisant: jouer, comme on joue au poker, sur la productivité des entreprises (devenant elles-mêmes un bien ou un objet d'échange plutôt que les biens qu'elles produisent), puis sur la compétitivité des Etats eux-mêmes. Ce ne serait rien s'il n'y avait la complicité de gouvernants qui prétendent ne rien pouvoir y faire mais refusent, par exemple, une taxe sur les transactions financières. Les employés, puis les citoyens eux-mêmes, deviennent ainsi des variables dans des configurations macro-économiques qui les dépassent, qu'ils n'ont pas entérinées. Comment peut-on d'un côté défendre une démocratie représentative et de l'autre ôter au peuple le pouvoir de décider de son sort? Comment peut-on représenter un peuple entier et emporter dans ses bagages, à chaque voyage officiel, les mêmes dirigeants de grandes entreprises?
La mission de l'Etat Français, tel que défini par le Conseil de la Résistance - ce qui forge, donc, la loyauté du peuple à l'égard de la Nation - c'est la justice, l'éducation, la santé, et la sécurité. On ne peut garantir celle-ci tout en malmenant les trois autres. On ne peut, non plus, demander aux citoyens de supporter des inégalités qu'ils ont déjà mises à bas deux siècles auparavant, et cela sans frémir, sans réagir, en se taisant.
Que devrait faire l'Etat pour racheter son ineptie?
Basculer la fiscalité du travail sur la fiscalité environnementale ou la taxation du capital, taxer les transactions et les produits issus de délocalisations, réorienter l'investissement des caisses de retraite des fonds spéculatifs vers le logement (c'était une des propositions de Pierre Larrouturou), indexer les salaires sur les compétences et non sur le revenu minimum, et lutter contre le besoin constant d'accumuler des biens, c'est-à-dire prohiber le martèlement publicitaire qui ne vend que du vent, de l'obsolescence, et configure les esprits en leur faisant croire que "le bonheur c'est d'avoir". L'Etat ne le fait et ne le fera pas. Il ne fait que se reproduire, se multiplier, sous formes d'échelons territoriaux fournissant leur lot de nouveaux représentants des Partis, non de la Nation. A quoi sert le Sénat? A quoi servent les Départements? Personne ne répond.
Ce qui me fait dire que les Nations se délitent, parviennent au bout de leur souffle historique, c'est précisément la lassitude qu'engendre un projet universel tombé entre les mains d'une oligarchie. Ce n'est pas le vote Front National qui doit susciter l'attention, ni le taux d'abstention. L'attention doit se porter sur les raisons de l'abstention. Non, nous ne sommes pas allés à la pêche, nous qui n'avons pas voté. Penser que la répulsion éprouvée pour les politiques est un aboutissement, voilà une grande erreur. Elle est le début de quelque chose.
Non pas le grand soir, pas la Syrie, mais la recherche de la démocratie.
Considérons un village de Bourgogne. Le revenu moyen y est de 17.000 euros annuels. Ce village est parmi ceux qui compte le plus grand nombre d'exploitations biologiques (40%, contre 4% de moyenne nationale). Trop loin des centres urbains, ce village n'a pas connu la rurbanisation. Le seul lotissement créé peine à se remplir. Or les habitants, conformément à leurs pratiques, sont de ces citoyens que je veux décrire: ils ne votent qu'aux élections locales, se sont détournés de tous les enjeux nationaux, et produisent de la sociabilité par le biais de l'entraide et de multiples associations. Malgré la faiblesse des revenus, personne ne manque de rien, toute la nourriture ou presque est produite sur place et fait l'objet de dons et de contre-dons. Ceux qui ne produisent rien donnent un coup de main.
Ce qui permet à ce système de fonctionner, c'est que les habitants, s'émulant mutuellement, se sont défaits de l'hallucination qui consiste à penser que l'on vit pour consommer des objets inutiles ou tapageurs. La réussite sociale, pour eux, n'est pas de pouvoir acheter une Ferrari, mais d'être aimé, d'être estimé. Je ne parle pas d'Indiens Yanomami, je parle d'un village de Bourgogne.
Tout ne tourne pas autour de l'argent. La dette, la rentabilité, la compétitivité, sont des concepts cannibales. Comme le dit la Bible, "là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur".
Et je poursuis ma tournée des hôpitaux de Paris. Deux jours durant à la Maternité Port-Royal, à deux encablures de la prison de la Santé.
Pendant cinq heures, on gamberge: "suis-je fait pour cela? quel genre de père serai-je? n'ai-je pas commis une horrible erreur? Et si j'abandonnais tout, si je partais?" Cela tandis qu'Ariane criait de douleur, et que je lui massais le dos en lui disant "respire, respire".
Après 30 heures on veut juste que ça finisse, que les bip-bips cessent et les "touhou-touhou" et les "clic-clic-clic" et le moniteur qui nous fait entendre la locomotive à vapeur qu'est le cœur de mon fils.
J'ai vu deux fois tomber la nuit sur l'hôpital. Deux fois les couloirs qui se vident, se remplissent, et se vident à nouveau. Les ascenseurs se taisent. Le bar ferme, puis rouvre. Femmes enceintes, papas inquiets, réceptionnistes débonnaires traînant leur accent des Antilles. La tournée des sages-femmes, le silence puis le bruit, les pas perdus, comme un film accéléré montrant la déshumanisation des grandes villes, avec leurs lumières qui s'éteignent et se rallument, la circulation automobile et le clignotement de la machine à café.
Dans la pièce centrale les obstétriciennes assises face à leurs moniteurs qui leur évitent de se déplacer. Elles mangent des plats chauffés au micro-ondes, puis vont ouvrir des ventres. Bébé après bébé, raccourcir le cordon, tester les réflexes, étirer, replier, enfiler le petit débardeur.
Sur les crânes allongés des enfants qui viennent de naître, le bonnet ressemble à la perruque que portait E.T. le jour de Halloween. Le corps rougeâtre, les mains violettes, et le déguisement d'être civilisé. Malthusien, je voyais la Terre: chaque petit humain ajoute à sa misère. Père, je voyais Antoine, tout surpris d'être au monde, poussant des petits "ah?".
En bas, deux adolescents venus soir après soir, le garçon à casquette, la jeune fille comme mille autres. Son visage n'exprimait rien que je puisse déchiffrer. Les voyant assis discutant je leur demandai ce qu'ils faisaient là. "Mon fils est en réanimation", dit-elle simple et triste.
Dans le resto d'en face, seul devant ma bière, et ne pensant à rien. Profitant de l'heure que l'obstétricienne m'avait donnée. Un si jeune couple à côté. La fille prenait le téléphone des mains de son ami chaque fois qu'appelait son ex, puis elle riait, souriait. Quand il est parti payer l'addition, son visage s'est refermé. Son pantalon déchiré laissait paraître ses genoux. Elle semblait avoir dit adieu.
"J'attends mon fils" dis-je au garçon.
Dans la chambre, tandis qu'Antoine coincé dans le ventre faisait son petit infarctus, elles étaient toutes là, les Olivia, les Clémence, les Anaïs, toutes âgées de moins de trente ans, sortant de l'école et m'assurant de leur expérience. Toutes jolies à leur manière, qui ornée de sabots dorés, telle Hélène, qui perdant son regard tandis que sa main fouillait, fouillait, pour mesurer le col d'Ariane, disait que tout allait comme sur des roulettes. Puis l'autre, le gant disparaissant lui aussi, se voulant rassurante. Je ne voyais que sa main gauche aux doigts fins. La belle anesthésiste, main dans les poches comme une jeune fille rebelle. Une brochette de jolies filles, pensais-je, et pourtant je les ai secouées: "il souffre, vous voyez bien qu'il souffre". Elles parlaient de voie basse et de laisser venir naturellement, alors qu'Ariane étaient perfusée de toute part et que des écrans partout alignaient des chiffres et des alertes. Elles allaient d'une mère à l'autre, répondant aux urgences à mesure qu'elles venaient.
Comme on a l'esprit vide en ces instants. Nous voulions juste que cela se termine, et puis voilà, les dieux n'ont pas abandonné Antoine, ils n'ont pas quitté Alexandrie faisant sonner leurs tambours et leurs fifres, et je leur en suis reconnaissant.
C'est un fait connu de la science : la deuxième guerre d'Irak et le renversement de Saddam Hussein ont aggravé l'instabilité de la région, produit de multiples déplacements de population, et ont bien entendu donné naissance à l'Etat Islamique, s'appuyant sur les cadres réformés de l'armée irakienne que les Américains ont eu la bonne idée de dissoudre.
Cela, et la situation dramatique en Syrie, et ses répercussions au Liban, et la sempiternelle relégation de l'occupation des territoires palestiniens, amène de nombreux blogueurs et commentateurs divers à ironiser sur les attentats de Paris. On brandit le silence entourant ceux de Beyrouth ou les bombardements voulus par Assad sur son propre peuple, comme preuve de l'indifférence "occidentale".
De note en note, de post en post, on n'entend que des propos culpabilisateurs: n'est-il pas scandaleux de faire tout un plat pour 130 morts alors que les kamikazes font mieux ailleurs? Et les monuments du monde entier parés de tricolore, et cette Marseillaise entamée à tout bout de champ, n'est-ce pas une provocation face à la souffrance du monde arabe (toutes religions confondues)? Il est paradoxal que l'on nous balance en permanence le monde arabe à la figure précisément au moment où, par ici, on commence à oublier de faire l'amalgame entre Islam et malades mentaux.
Nous commençons également à oublier que ce n'est pas seulement George Bush qui a créé Daesch, mais aussi ceux-là qui ont fait du wahhabisme le nec plus ultra de la vie en société . Ce n'est pas la dernière encyclique du pape François ni le recueil de propos du chaman Davi Kopenawa Yanomami qu'ils brandissent.
On pourrait disserter sur ce nombrilisme qui fait que, même dans les rares pays où la cocotte-minute ne fait que siffler, on se fout éperdument du réchauffement climatique, de l'Ukraine, de la crise de 2008, de la faillite de la Grèce. Certes, on a d'autres chats à fouetter. Ce qui fait la fortune du Moyen Orient - le pétrole - fait aussi son malheur. Les multiples interventions étrangères n'auraient pas lieu si le monde ne cherchait pas à garantir son approvisionnement énergétique.
La manne pétrolière n'a pas précisément été utilisée à des fins sociales, ni environnementales. Pistes de ski à Dubaï, femmes claquemurées à Riyad, et financement abondant de mosquées wahhabite dans le monde entier, appui logistique, etc. Cela, nous le savons. Ce que nous avons plus de mal à comprendre, c'est le rapport établi de facto entre production pétrolière, et l'avidité qu'elle suscite, et réchauffement climatique. Le pétrole produit les guerres, l'insécurité, et bientôt 2, 3, 4, 5 ou 6° supplémentaires sur la planète. Le rôle actif des pays pétroliers dans le torpillage des négociations sur le climat tranche avec leur apparente passivité face aux monstres qu'ils ont produit.
Mais la dernière chose, certes secondaire par rapport au bousillage de la planète, est qu'on ne se pose pas la question du: pourquoi? Pourquoi l'invasion américaine de l'Irak et de l'Afghanistan produisent-elles des flambées terroristes? Pourquoi des massacres de shiites, de chrétiens yézidis, des attentats partout, pourquoi des dictateurs choisissent-ils de gazer leur propre peuple plutôt que d'organiser des élections? C'est comme si finalement toute déstabilisation du Moyen Orient ne servait qu'à libérer de la haine. Mais cette haine, est-elle apparue soudainement? Ce que nous découvrons chaque jour, ce sont des actions motivées par la haine. La haine de l'envahisseur ne serait rien, et serait même normale, s'il n'y avait également de la haine pour le voisin, pour les mécréants qui sont à peu près tout le monde sauf soi.
Les commentateurs, tout de rage contenue, semblent assumer le déterminisme et la fatalité de cette haine, comme si au fond gouverner un pays consistait à maintenir les haines en état d'équilibre, ou à l'exporter dans les pays voisins. On a pourtant quelques exemples de pays envahis qui, une fois libérés, se reconstruisent dans la paix et dans les concessions mutuelles, qui font même la paix avec leurs envahisseurs, et qui créent par la suite plus de justice sociale, plus de sécurité, et créent finalement des conditions pour que cette paix soit durable. Certes, parmi ces enfants de chœur, ces chiens de démocrates mécréants, certains chantaient la Marseillaise.
Outre la Marseillaise, la Révolution française a donné naissance à deux choses: les Droits de l'Homme, et la Guillotine. Le libre arbitre consiste à pouvoir choisir entre l'un ou l'autre. Manifestement ceux qui ont créé l'Etat Islamique, avant même que celui-ci ne soit créé, avaient déjà fait leur choix.
Les magasins de vêtement sont partout, ce n'est pas une découverte.
Mais ce qui m'a frappé, c'est notre fixation sur les gaz à effet de serre émanant des carburants et notre désinvolture concernant le marché du linge et des textiles, et ce qui va avec.
Souffrance des chiens que l'on élève pour de minables cols de fourrure:
Et celle des renards:
Souffrance des chiens de rue que l'on massacre pour faire des gants, des bordures, des épaulettes:
Souffrance des hommes et de l'environnement pour tanner le cuir:
Encore une fois, souffrance des hommes et de l'environnement pour teindre le cuir et les tissus:
La souffrance de ceux qui les cousent et les assemblent:
Sans oublier
1) le transport par cargos, les camions et camionnettes de livraison;
2) les milliers de tonnes de papier utilisés par les journaux féminins pour promouvoir des vêtements tous fabriqués aux mêmes endroits.
Toute cette pollution, toute cette misère, tout cet argent enfin, mobilisés parce que l'on veut faire croire qu'être à la mode est une marque de goût et d'originalité, ce qui nous donne ce genre de profondeur intellectuelle (les photos ici: http://www.puretrend.com/article/olivia-palermo-la-robe-en-cuir-version-upper-east-side_a46958/1) :
"Toujours très présente sur le red carpet, la socialite et égérie Olivia Palermo faisait une nouvelle fois sensation sous les spotlights lors de la projection de Welcome To The Riley's organisée à New-York.
Revisitant la robe en cuir dans un style très Upper East Side, Olivia avait misé sur un modèle court à manches longues. Ample sans être flottante, cette pièce flattait discrètement la silhouette fine de la demoiselle et rehaussait son hâle doré.
Les cheveux attachés et un make-up ensoleillé, Olivia était comme à son habitude radieuse.
Chic mais tendance, Olivia nous donnait une leçon de style sur la façon d'accessoiriser la robe en cuir."
Et finalement, finalement, cette idée accablante: la recherche de soi, d'une affirmation de soi, à travers des vêtements, par leur prix, par leur originalité, alors même que la mode n'est rien d'autre que la convergence perpétuelle des goûts et des couleurs...
Bref toute cette pseudo-créativité, cette abondance artificiellement entretenue par la vanité des humains, ne vise en fin de compte qu'à imposer telle coupe, telle couleur, telle tendance ou telle marque, bref à proposer un uniforme pour chaque saison à de pauvres gens en mal de personnalité.
Ecoutant les infos ce matin (un peu déconnecté après trois semaines à la campagne).
Nouveau plan de naufrage pour la Grèce, dévaluation du yuan, relance de la filière nucléaire... Tout cela paraît de plus en plus irréel. Il y a 170 ans, Marx et Engels décrivaient l'exploitation du prolétariat pour permettre l'accumulation du capital par la sous-évaluation du travail.
De révolutions en guerres civiles, de manifestations en grèves générales, le droit du travail s'est construit en laissant des miettes de bonheur à ceux qui travaillaient à la chaîne. Encore pouvaient-il affecter directement leurs patrons.
Ce sont aujourd'hui les pays eux-mêmes qui sont asservis. Les nouveaux patrons? Ce sont ceux qui par la finance autorisent la croissance ou la faillite de nations entières. Les pays sont cotés comme de vulgaires actions et obligations. Tout cela nous échappe. Ouvriers pas contents? Délocalisation. Agriculture mondialisée? Effondrement des cours. Le gouvernement navigue le regard rivé aux cotations, mais ne contrôle rien.
A force d'évoquer la croissance comme une incantation, on perd de vue que c'est au contraire la relocalisation de l'économie qui nous permettra d'échapper à l'emprise des places boursières. Cesser de produire du poulet pour inonder l'Afrique. Cesser de penser que c'est à force d'acquisitions qu'on "croît". Les Vivendi, les Areva, les SFR, s'effondrent tout simplement parce qu'ils ont trop grandi.
Partout en France, des communautés se créent, qui reposent sur l'entraide, sur les productions locales, et ces communautés se déconnectent de tout ce qu'on nous a fait croire jusqu'aujourd'hui. L'idée que la compétitivité justifiait tous les drames sociaux. L'idée que le bonheur des citoyens était secondaire par rapport à l'avidité des actionnaires.
On cesse d'acheter. On cesse de vouloir tout et à tout prix. On cesse de courir après un argent qui ne remplacera jamais la solidarité, la croyance, l'attachement à une mémoire collective. C'est tout cela que l'on cherche à détruire. C'est cela qu'il nous faut préserver.
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