Ecoutant les infos ce matin (un peu déconnecté après trois semaines à la campagne).
Nouveau plan de naufrage pour la Grèce, dévaluation du yuan, relance de la filière nucléaire... Tout cela paraît de plus en plus irréel. Il y a 170 ans, Marx et Engels décrivaient l'exploitation du prolétariat pour permettre l'accumulation du capital par la sous-évaluation du travail.
De révolutions en guerres civiles, de manifestations en grèves générales, le droit du travail s'est construit en laissant des miettes de bonheur à ceux qui travaillaient à la chaîne. Encore pouvaient-il affecter directement leurs patrons.
Ce sont aujourd'hui les pays eux-mêmes qui sont asservis. Les nouveaux patrons? Ce sont ceux qui par la finance autorisent la croissance ou la faillite de nations entières. Les pays sont cotés comme de vulgaires actions et obligations. Tout cela nous échappe. Ouvriers pas contents? Délocalisation. Agriculture mondialisée? Effondrement des cours. Le gouvernement navigue le regard rivé aux cotations, mais ne contrôle rien.
A force d'évoquer la croissance comme une incantation, on perd de vue que c'est au contraire la relocalisation de l'économie qui nous permettra d'échapper à l'emprise des places boursières. Cesser de produire du poulet pour inonder l'Afrique. Cesser de penser que c'est à force d'acquisitions qu'on "croît". Les Vivendi, les Areva, les SFR, s'effondrent tout simplement parce qu'ils ont trop grandi.
Partout en France, des communautés se créent, qui reposent sur l'entraide, sur les productions locales, et ces communautés se déconnectent de tout ce qu'on nous a fait croire jusqu'aujourd'hui. L'idée que la compétitivité justifiait tous les drames sociaux. L'idée que le bonheur des citoyens était secondaire par rapport à l'avidité des actionnaires.
On cesse d'acheter. On cesse de vouloir tout et à tout prix. On cesse de courir après un argent qui ne remplacera jamais la solidarité, la croyance, l'attachement à une mémoire collective. C'est tout cela que l'on cherche à détruire. C'est cela qu'il nous faut préserver.
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