Si Ulysse vivait à Paris, il mourrait de faim attaché à son mât : le lecteur parisien n'aura pas été sans remarquer qu'on ne peut circuler dans Paris sans entendre, montant de chaque boulevard, le chant d'une sirène.
On connaît la célérité avec laquelle les fonctionnaires de police répondent aux appels des vieilles dames : d'un geste, hop ! Le gyrophare est posé sur le toit, le pare-soleil rabattu, et la sirène lancée à fond pour couvrir Eminem.
Comme les télécommunications modernes permettent à ces véhicules banalisés de répondre de manière synchrone à toute sollicitation, et que par précaution on envoie en renfort deux ou trois cars de police, le passant, cycliste ou automobiliste se trouve à un moment confronté à des choix cornéliens : griller le feu pour laisser passer celui qui vient derrière ? Mais alors, comment éviter la fourgonnette qui vient à droite ? Dois-je répondre aux appels de phare et aux grands gestes du bras de l'inspecteur penché à sa fenêtre, dussé-je écraser la maman qui traverse avec sa poussette ?
Oui, on assiste parfois à des scènes dignes du Cuirassé Potemkine. Le cycliste est particulièrement mal loti : d'une part, il ne peut, comme d'autres, fermer tout bonnement sa fenêtre. D'autre part, les 4x4 effarouchés, se rabattant à gauche, à droite comme une volée d'étourneau, le bloquent contre le trottoir entraînant chutes, contusions, traumas nécessitant parfois un rude et long suivi psychologique.
Ci-dessous, le destin a frappé à la porte de ce cycliste :
On constatera qu'admirable, cet homme ne cesse pour autant de travailler au "Dictionnaire DURAMAZ du développement durable" pour faire plaisir à Martine Droulers.
Parce que tu commets la folie de faire du vélo à Paris, toi?
Outre le danger de se faire transformer en flaque gluante, et pas que par les voitures de police ou les 4X4, respirer plus vite et plus fort au milieu d'une atmosphère saturée de monoxyde de carbone entre autre joyeusetés me paraît relever du suicide à moyen terme.
Il y a longtemps que quand je dois me déplacer à Paris, ce n'est que par le métro (je sais, pas génial non plus sur le plan atmosphérique), en taxi (avec un magazine pour ne pas avoir à subir les conversations du chauffeur: je me plonge dans ma lecture après l'avoir salué très poliment, lui avoir indiqué ma direction, et je n'oublie jamais de prendre courtoisement congé). Le vélo, je le réserve pour la campagne. (à noter que je n'ai pas de voiture et cela par choix de mode de vie)
Ou alors dans Paris je vais à pied, quitte à partir vingt minutes plus tôt.
Cela dit, je comprends ton coup de gueule.
Rédigé par : Benjamin | mardi 15 avr 2008 à 13:56
En tant que cycliste dans Paris, je m'associe à ce coup de gueule. Maintenant, quand on est un cycliste averti et de longue date à Paris, on connait les pièges à éviter et on sait qu'il faut enfreindre quelques règles pour survivre. Et tant pis pour la mémé, déambulateur en main, qui râle sur le trottoir. Mieux vaut pour elle une petite peur, que moi étalée sur le goudron. Je joue très mal le rôle de la crêpe. Et parfois un saut de gazelle peut sauver une vie, ou un sens interdit, c'est selon les goûts. Bref, il faut être prompt, vif, et toujours à l'affût. Paris est une jungle, le cycliste est le dernier maillon de la chaine alimentaire. Il faut en être convaincu.
Passé ça, c'est fort agréable, ça fait un bien fou, et on a la fierté de sauvegarder intacte la biosphère de Paris. Comment ça il n'y en a plus ? Oh ? Oui, bin, on est écolo, on est furieusement tendance, c'est déjà ça. Et il faudra bien vous y mettre Monsieur Benjamin, regardez donc Berlin, c'est autrement plus vivable. Certes, la ville est plus plate, et ils sont mieux organisés. Mais vous verrez que le vélo sauvera le monde ! Si, si.
Enfin, j'espère au moins que vous aviez votre casque, sinon vous seriez impardonnable.
P.S. :Ah si, il y a un maillon juste en dessous. Le Velib'. Sachant à peine pédaler, ne connaissant pas le code de la route, n'empruntant pas les pistes cyclables toutes nouvellement crées pour eux, gênés par le soleil dans les yeux sans doute...Il est de plus le seul moyen de transport pour rentrer le dimanche au petit matin, fort alcoolisé. Enfin pour rentrer....pour se ridiculiser et frôler la mort avec un air benêt.M.Delanoë aurait-il créer le velib' pour résoudre le problème de surpopulation dans Paris ? Parfait. J'ai d'autres idées. Notammment en ce qui concerne les 4X4.
Rédigé par : Armelle | jeudi 24 avr 2008 à 19:25
Raté. Je me le suis fait voler il y a peu. Certes. Je suis fort dépourvue. Certes. Mais cela fait 10 ans que je pédale dans Paris. Je suis experte en toutes réparations. Je connais les meilleurs coins, les meilleurs garagistes qui vous améliorent un p'tit vélo peugeot en un jaguar puissant. J'ai fait partie du mouvement pour la sauvegarde des cyclistes à Vincennes. J'ai même crié très fort sur le maire. Je ne me déplace qu'en vélo. Je suis même de près les constructions de pistes cyclables. J'ai des amis qui ne m'ont jamais vue que affublée de mon casque ridicule.
Bref, je peux vous tenir la dragée haute, très cher. Je vous défie à vélo quand vous voulez.
Par contre, la photo fait peur. Dans quel pays du tiers monde t'es-tu fait réparer ?
Rédigé par : Armelle | jeudi 24 avr 2008 à 19:47
Non, je refusais de rentrer à vélo en petite jupe et talons hauts.Nuance. Ca m'est déjà arrivé, ce fut très humiliant. J'ai réussi à faire arrêter un chantier pendant au moins 3 minutes, rien qu'en passant devant. Ce fut quasi une haie d'honneur rien que pour moi. Malgré ma prestance, c'est tout de même très difficile à vivre. Mais je reste la seule cycliste qui sort en vélo, même sous la neige. J'ai une photo à l'appui.
Par contre, la photo fait peur. De quelle origine est l'animal qui pose dessus ?
Et arrêtons de pourrir les commentaires de ce si beau blog, tellement à la portée du citoyen moyen.
Rédigé par : Armelle | jeudi 24 avr 2008 à 20:09
J'allais justement vous suggérer, prolixe Armelle, de consacrer votre plume à d'autres notes de ce blog très intéressant, comme par exemple "Hominidés et Pongidés". Merci d'avance.
Rédigé par : Anthropopotame | jeudi 24 avr 2008 à 20:23
Non, je refuse. J'ai déjà utilisé un bon tiers de mon cerveau sur la forêt amazonienne et les ONG. Je n'ai pas compris la blague. J'en garde un peu pour demain. J'ai justement un avis à émettre sur les universitaires.
Mais il y a un mot que j'essaierais de recaser dans la prochaine soirée de l'ambassadeur, c'est "propédeutique". C'est formidable. J'ai hâte de voir la tête des amis de l'ambassadeur. Je pense que je vais faire sensation.
Rédigé par : Armelle | jeudi 24 avr 2008 à 20:38