"Seuls Kitty et Levine n'avaient pris aucune part à la conversation générale. Au commencement du dîner, quand on parla de l'influence d'une nation sur une autre, Levine se remémora involontairement les idées qu'il s'était faite à ce sujet ; mais il se sentit incapable d'y mettre de l'ordre, et trouva bizarre qu'on pût s'embarrasser d'un problème qui naguère encore le passionnait et qui maintenant lui paraissait parfaitement oiseux. De son côté Kitty aurait dû s'intéresser à la discussion sur le droit des femmes, question dont elle s'était souvent occupée, tant à cause de son amie Varinka (...) que pour son propre compte dans le cas où elle ne se marierait pas : souvent sa soeur et elle s'étaient disputées à ce sujet. Combien cela l'intéressait peu maintenant ! Entre Levine et elle s'établissait une sorte d'affinité sérieuse qui les rapprochait de plus en plus et leur causait un sentiment de joyeuse terreur, au seuil de cet inconnu dans lequel ils s'engageaient."
Tolstoï, Anna Karénine, IV, 11
Arf, un de mes livres préférés. Je dois être désespérément romantique. Par contre, c'est marrant comme au fil du temps on a tendance à s'attacher aux autres personnages qu'à cette Anna Karénine pas si féministe que ça, en fait...
Rédigé par : Armelle | dimanche 25 mai 2008 à 14:47