Visite chez le vétérinaire. Il m'annonce d'emblée qu'il faudra me piquer.
"La valeur de votre existence ne compense pas le coût du traitement."
A me voir ainsi, sans doute a-t-il pensé : voilà un gars qui ne prend pas soin de lui. Depuis longtemps son crâne n'a pas connu le contact d'une brosse. Sans doute ne mange-t-il, à la sauvette, que des croquettes premier prix, et son panier doit fourmiller de tabac noir.
Peut-être aussi, en citoyen modèle, estime-t-il que je devrais refuser un traitement long et coûteux pour la sécurité sociale chienchien. Je le regarde droit dans les yeux, des mots me brûlent les lèvres : "Et si c'était votre chienchien ?"
En y réfléchissant, je crois que son calcul fut le suivant : visiteur occasionnel, je risque de ne pas revenir le voir avant longtemps ; pire, je pourrais placer mon existence entre les mains d'un confrère. Il estime qu'un acte seul, contre sonnance et trébuchance, vaut mieux qu'un "tiens tu l'auras plus tard, la peau de cet anthropologue."
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