Entre nous soit dit, je m'interroge sur la réelle portée des blogs. Je publie des brûlots appelant à la révision des valeurs qui fondent nos sociétés et les lecteurs réagissent à propos d'une photo montrant mon frigo vide. Du coup je suis allé faire un raid chez le marchand de légumes et j'ai même acheté des brocolis (en prévision de la visite de Chiara).
J'ai écrit une pièce il y a quelques années, où le rédacteur en chef d'une revue consacrée aux bulots est arrêté et sommé de s'expliquer sur son non-engagement. Le procès apparaissait dans la pièce sous forme de compte-rendu:
Le spécialiste racontant le procès : Le chef, debout à la barre : « Nous vivons au temps de la farce. L'Occident est une église où ni les officiants ni les fidèles ne croient plus en Dieu. Il est de bon ton d’afficher des convictions, de parler dans le vague de choses qu'on ne saurait tolérer, et chacun acquiesce, et personne n’est dupe, et la farce peut aller de l’avant. On l’habille de costumes-cravates. On la hèle dans les couloirs, elle s’appelle intérêt partagé, devoir de mémoire, droit d’intervention. Présent passé futur devant derrière devant partout sur la Terre comme au ciel, j’ai feint de croire, j’ai fini de feindre que je crois. »
Vous imaginez bien que le chef creusait sa propre tombe ! C’était inéluctable ! Mais tout changea lorsque le chef s’absenta pour aller aux toilettes et qu’il revint en oubliant de fermer sa braguette. Dès lors la plaidoirie du chef, ses appels à la vigilance, sa remontée de l’effet à la cause jusqu’à la cause qui n’a pas été causée, importaient moins aux yeux des juges que ces deux faits liés, à savoir 1) sa braguette, 2) le fait que celle-ci fût ouverte, et tout le discours eschatologique du chef, et sa dénonciation d’un Dieu terrible écrasant les humains, semblaient peu de choses à côté de ces deux éléments, c'est-à-dire d’abord sa braguette, ensuite le fait que celle-ci était ouverte, et quand le chef, vibrant d’une juste indignation, se posait en juge de l’Occident et de toute notre civilisation, ses juges eux-mêmes n’avaient d’yeux que pour deux évidences, en résumé : primo, sa braguette, deuxio : le fait que celle-ci fût ouverte, et c’est ainsi qu’ils rendirent leur jugement. Les juges conclurent très sagement que loin d’avoir nié sa part humaine et de s’être placé au-dessus des sentiments communs, le chef avait manifesté avec éclat, et avec sa braguette, qu’il était un mortel, et que par conséquent il ne risquait nullement de corrompre la jeunesse, et ne représentait nul danger pour la civilisation. Et tout cela parce que le chef avait oublié, en sortant des toilettes, de fermer sa …
Tatiana : Bon, bon !
Je sais ce que c'est. On écrit des articles un peu chauds, et ils font un flop. C'est frustrant, hein?
En fait, on croit qu'ils font un flop, mais c'est juste parce que nos lecteurs de passage pensent ne pas avoir grand chose d'intelligent à dire.
La qualité d'un billet (et même d'un blogue) a peu à voir avec le nombre de commentaires. Heureusement. :)
Rédigé par : Olivier de Montréal | mercredi 24 sep 2008 à 17:16
Je reconnais qu'on gagne de l'expérience avec le temps, et qu'on apprend à alterner photo de frigo vide et appel du 18 juin...
Rédigé par : anthropopotame | mercredi 24 sep 2008 à 17:43
héhé...
Rédigé par : Olivier de Montréal | mercredi 24 sep 2008 à 20:43