Etats-Unis, Canada, Russie se déchirant à propos de l'Arctique. Que diront les ours blancs et les phoques ? Ils ont marqué leur territoire, mais on s'en fiche. Ce n'est pas à eux, ce n'est pas eux qui font le droit.
Journée au Muséum, projet "gestion intégrée de la biodiversité en zone frontière : Brésil/Guyane". La délégation brésilienne imprégnée de l'idée que la nature est une "représentation", une "construction", que les aires prioritaires de protection sont d'abord là où se trouve la diversité culturelle: fusion totale des concepts, impossibles à dissocier maintenant. Ainsi l'Uaça (terre indigène) est "hautement prioritaire" tandis que le cap Orange (Parc National) est simplement "important". J'ai demandé à la représentante de la FUNAI: comment évaluez-vous un lieu où l'on rencontrerait 4 grenouilles endémiques et un rituel unique par rapport à un lieu où se trouverait une grenouille endémique et quatre rituels indigènes ? Impossible de répondre à cette question, l'absurdité est contenue dans la classification initiale.
J'ai l'impression que l'ami Ricardo, du Cap Orange, avait raison : la guerre est perdue pour la nature. J'entends dire "on ne peut quand même pas mettre sous bulle vitrée les espaces protégés, il faut considérer les hommes". Si on considère que plus de 80% des terres émergées sont anthropisées, il ne reste de toute façon pas grand chose à placer sous bulle vitrée... La lutte de grandes puissances pour s'approprier les richesses de l'Arctique sont éclairantes sur ce qui se passe à l'échelle du colon x ou y quand il s'agit de capturer le dernier perroquet ou d'abattre le dernier tapir. Il ne reste plus grand chose à épuiser, allons-y gaiement.
Je ferais mieux de penser exclusivement à ma carrière, il ne rime à rien de consacrer les quelques neurones que j'ai vaillants à des réflexions sur le sujet de ce qui fut autrefois un monde peuplé d'oiseaux, d'insectes, de mammifères.
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