Mon grille-pain a doré sa dernière tartine.
Après quatre ans de loyaux services, il a par ma faute rendu l'âme, emportant avec lui mon délicieux sandwich.
Le fromage a coulé jusque dans ses rouages les plus intimes. Il a lâché un nuage de fumée. Je l'ai secoué dans tous les sens: peine perdue. Il a fallu le débrancher.
Dans ma précipitation, je n'ai pas pris garde à toutes les miettes qu'il s'est mis à dégorger. Quels âges avaient-elles? Un psychanalyste, sans doute, tisserait un parallèle enrichissant: ces miettes accumulées entravaient son fonctionnement. Il mettait toute son énergie à chauffer, chauffer. Un jour, il n'en a plus pu.
Je pars ce soir à Rennes, pour deux jours de séminaire sur l'Amazonie. Philippe depuis l'Auvergne où il materne sa neurasthénie m'envoie son PowerPoint, à charge pour moi de le présenter. Il offre une vision bien sombre de l'avenir du Rondônia, il parle de tendances lourdes que l'on ne peut plus inverser. Nos séminaires parfois ressemblent à des lectures de poésies : nous affichons nos états d'âmes sous forme d'analyse de données.
Face à face avec mon psy l'autre jour. Voilà huit ans que je le connais. Il avait l'air épuisé. Je l'interroge: "Que vous arrive-t-il ?" "C'est samedi, je suis fatigué". "J'ai l'impression que j'appartiens à votre passé", lui dis-je. "Quel besoin avez-vous de me dire cela?"
Après toutes ces années il doit en avoir assez de me voir. Quand j'évoque mes névroses, il me répond "C'est ce qui vous rend sympathique". Je rétorque que mon objectif n'est pas d'être sympathique aux yeux d'un psychiatre - je devrais plutôt m'en inquiéter.
Il me prête des livres. Parfois, il répond au téléphone: "Attendez qu'il vous appelle... Non, vous ne vous pendrez pas, nous avons rendez-vous demain." Puis il raccroche et me dévisage. "Où en étions-nous?"
Et votre grille-pain, finalement (j'ai du mal à discerner) vous l'aviez appelé George ou Michel ?
Rédigé par : Fantômette | lundi 19 jan 2009 à 17:07
C'est fou l'effet que cela fait un grill pain qui s'en va et nous abandonne! Le mien ne voulait plus s'arréter de griller, qu'en dira le psy que je tarde à consulter: que je suis totalement grillée ?...
Bref ne pouvant survivre sans cet instrument, je me précipite chez Conforama. Ce genre de magasin (de Darty, à Surcouf en passant par la Fnac) qui nous oblige à faire trois fois la queue pour éviter de créer de l'emploi. Il faut choisir son article (normal !), trouver un vendeur qui nous fait une fiche (1ère attente), aller payer soit mais 2ème queue car il n'y a que peu de caisses ouvertes. Equipé du ticket de caisse il faut se rendre à l'entrepot pour récupérer son achat (3ème queue). Bref pour éviter la première et dernière étape, je décide de prendre le modèle 1er prix qui est disponible directement en rayon, ce qui n'est pas le cas des autres modèles. Je prends, je paye et vite je teste le soir même le nouveau grille pain. Quinze jours, il a duré le grille pain, 1er prix, marque inconnue, made in China (j'ai vérifié). Etant sous garantie, il me fut repris sans barguiner et mis au rebus sans sourciller. Quand j'ai demandé l'intérêt de proposer de tels électroménagers, il m'a été repondu sereinement : mais madame, qu'espérez-vous avoir avec un 1er prix...un grille pain qui fonctionne au moins pendant toute sa période de garantie ai-je répondu perplexe.
Epilogue de l'histoire, j'ai dû me décider à faire 3 fois la queue pour racheter un grille pain deux fois plus cher, marque connue mais toujous made in China.
Parait que le client est roi et qu'on est dans l'ère du développement durable...
Rédigé par : evelyne | lundi 19 jan 2009 à 21:33
Ben justement hier soir je lisais un passage sur les toasters dans le dernier livre de Grafton (T is for trespass)
Rédigé par : Mouton | mardi 20 jan 2009 à 03:21