Votre serviteur, en plus d'être vil et sournois, est également un philanthrope.
Je le dis d'un air modeste: j'appartiens à une association de défense des cultures indigènes, où ma mission consiste essentiellement à manger des chips.
Votre serviteur organisait donc, hier, à son domicile, l'Assemblée Générale de l'Association. Fort élégant dans mon petit pull violet, véritable amphitryon conscient de mes devoirs, je laissais ma main gauche (prompte à la vilenie et à la sournoiserie) ignorer ce que faisait ma charitable main droite (basiquement ouvrir des paquets de chips).
Commencée à 18 heures, la réunion s'est achevée à minuit. Les ethnologues sont intarissables dès qu'on les lance sur le sujet de la malaria. A propos des Indiens Kulina soupçonnés d'avoir mangé un maçon, l'approche ethnologique s'est déployée en multiples facettes : "Voilà qui est intéressant! Les Kulina ont abandonné l'anthropophagie il y a 120 ans, nous assistons probablement à une résurgence culturelle qui mérite une étude approfondie" - "Huhu cher collègue, encore faudrait-il nous entendre: parlons-nous des Kulina du fleuve Iavaé ou du Kurupi?" Le choix d'un maçon pose également question.
J'ai accepté finalement de devenir trésorier à condition que ce ne soit pas moi qui fasse les comptes.
Quant à la situation, la SITUATION devrais-je dire, je ne sais plus que penser de cette grève. Une instit qui assistait à la réunion m'a dit que plus personne, dans son école, n'avait envie de travailler, participer, organiser des classes de mer, etc. A force d'être toujours seule, jamais épaulée, considérée comme une merde par sa hiérarchie, elle m'explique n'avoir plus qu'une envie, prendre sa retraite. Comme il semblerait que ce sentiment soit partagé dans les hôpitaux et les palais de justice, on peut se demander ce qui est réellement en train de se passer.
S'agit-il d'une volonté délibérée de briser les corps constitués? Ces corps ne se limitent pas à la somme des individus qui les composent: ils tiennent ensemble parce qu'ils adhèrent à des représentations communes, une histoire partagée, et s'inscrivent dans une tradition. Cela coûte cher au contribuable, comme il coûte cher aussi d'entretenir une police et une armée. On peut envisager une société paisible où l'on se soignerait en consultant doctissimo.fr, en commandant des médicaments par internet, regardant des films en VOD, s'inscrivant à un programme de téléconférences, se faisant livrer les courses à domiciles, etc. C'est la fin de ce que l'on appelle le tissu social.
Comme on sait l'impact des techniques de management sur la rentabilité des cadres, devenus dépressifs, harcelés, il faudrait peut-être interroger les techniques de management appliquées à la fonction publique si l'objectif est d'obtenir la rentabilité. Entretenir, années après années, le mécontentement, l'insatisfaction dans les universités, ce sont autant de promotions d'étudiants sacrifiées, mal encadrées, démotivées, formées par des enseignants-chercheurs frustrés, démotivés.
oui, c'est morosité sur toute la ligne... Je pense que c'est le but visé. Assommer les citoyens à grand'coup de réformes tous azimuts, et quand le fond du tonneau est atteint, faire passer tout (absolument tout ce qu'on veut)...
Me revient à l'esprit ce slogan de mes jeunes années,
"Même sans espoir, la lutte est encore un espoir"...
Rédigé par : Narayan | jeudi 12 fév 2009 à 16:33
Moi, pour lutter contre la morosité, je deviens superficiel.
Rédigé par : anthropopotame | jeudi 12 fév 2009 à 16:44
et moi je fais a manger.
Apres avoir lu ton post sur la morosité ambiante, me suis pris par la main (et Mouton Jr. par la poussette) et on est alle acheter de quoi se faire une parmegiana d'aubergines. Ben rien que d'y penser, ça va mieux.
Pour lutter contre la morosité dans les corteges de manif, halte à la merguez brûlée dans du pain rassi.
Rédigé par : Mouton | jeudi 12 fév 2009 à 17:58
Aaargh!!! Je dépose des commentaires idiots sur mes propres notes, maintenant! D'habitude je le fais chez les autres.
Rédigé par : anthropopotame | jeudi 12 fév 2009 à 19:01