Souvenir de l'hôpital de Cayenne. Je ne cesse d'y penser depuis ce matin.
Après deux mois de colère intense, continue, soudain le corps s'effondre, poumon percé, buste paralysé, et du sang qui remonte dans la bouche jusqu'à ne plus pouvoir respirer.
Quelques jours passés ainsi, bercé par les hélicoptères, par les médecins qui me prédisaient un cancer du poumon, qui ne me donnaient guère que trois semaines si je retournais là-bas, sur l'Oyapock, et puis j'ai renoncé, renoncé à tout, d'un seul coup. Renoncé à me relever, renoncé à M., renoncé à lutter, renoncé à lui en vouloir.
C'était la cinquième ou sixième nuit que je passais là. Une jeune femme est entrée dans ma chambre sans allumer, pensant que je dormais, elle s'est approchée doucement pour renouveler la perfusion. J'ai senti un apaisement infini et brutal. "Mademoiselle, si je dois mourir pourriez-vous m'en informer?" "Vous ne dormez pas? Voyons, personne n'a dit que vous alliez mourir." "Vous ne comprenez pas. Cela ne me dérange pas du tout. C'est juste qu'il faudrait le dire à ma famille." "D'accord. Mais essayez de dormir", dit-elle d'une voix douce, avant de s'en aller.
Hum, comme c'est la première fois, je crois, que je viens sur ton blog, je suis un peu... surprise. Mais que diable t'est-il arrivé?
Rédigé par : mahie | dimanche 15 fév 2009 à 14:22
Mmmh d'habitude je suis un peu plus primesautier. J'ai eu un vilain coup de cafard hier, qui me renvoie à un moment particulièrement difficile, la fin 2007. http://anthropopotamie.typepad.fr/anthropopotame/2007/08/oiapoque-st-geo.html
J'étais en mission sur l'Oyapock mais j'ai chopé ce pneumothorax (en fait une pneumopathie qui a percé le poumon, d'où le pneumothorax). Comme c'était une période pas terrible on est toujours tenté d'y trouver une forme de sens. En l'occurrence, on imagine souvent que ces expériences (frôler la mort, en vrai ou en pensée) vous bouleversent à jamais. Mais en réalité elles ne changent pas grand chose. Simplement elles vous reviennent de temps en temps, un peu comme il nous arrive de relire un bouquin.
Rédigé par : anthropopotame | dimanche 15 fév 2009 à 14:33
Wao j'ai lu une ligne sur deux (je suis un peu sensible dans mon genre) pas glop du tout ton expérience :-(
Rédigé par : mahie | dimanche 15 fév 2009 à 18:16
Ni très instructive...
Rédigé par : anthropopotame | dimanche 15 fév 2009 à 18:30
Instructive un peu: ça nous rappelle que quand la tête va mal, il y a toujours un moment où le corps va dire STOP et nous obliger à nous poser, généralement dans des conditions plus douloureuses... Une de mes collègues travaillait ainsi quasiment 20 heures par jour, non-stop, pas heureuse, pas assez de sommeil... Un jour, elle s'est écroulée par terre, victime d'une paralysie, la maladie de Guylain-Barré. Résultat: plus d'un an à l'hosto puis en rééducation pour réapprendre à marcher et surtout à vivre. Depuis, elle va mieux et profite davantage de son amoureux ;-)
Rédigé par : Elo | lundi 16 fév 2009 à 22:20