Non, pas à propos de la mobilisation des universités, mais à propos des espèces invasives. J'ai caressé l'idée, hier, suite à une note de Veggie, de me lancer dans la production à grande échelle d'opossum de Virginie, ce sympathique marsupial particulièrement prolifique.
L'élevage serait destiné à la peau, bien sûr (on fait de jolis emballages de bouteille en fourrure - Vodka Zubrowska bison - en ce moment), et à la fabrication de boîtes pour chien et chat.
Cela m'a donné l'idée d'un grand sondage, sachant que l'opossum aurait de bonnes chances de faire souche, comme le ragondin il y a soixante-dix ans de cela, et pourrait ainsi prétendre au titre d' "espèce invasive de l'année 2009".
En fait ce grand sondage porterait sur les derniers dix mille ans.
L'homme remporterait aisément la palme de "meilleure espèce invasive de tous les temps", mais après, à l'échelle du millénaire, du siècle, de l'année, les candidats seraient plus difficiles à départager. Rat, lapin, pigeon, crapaud marin, chien, renard, chat, étourneau... Les prétendants se bousculent.
Lecteurs, quel serait votre classement?
Je vote pour mon chat, Schrödinger, qui est je crois une espèce invasive à lui tout seul.
Ainsi, le matin, envahit-il très régulièrement mon oreiller, en opposant une molle mais invincible passivité à mes tentatives de reconquêtes. Dans les contextes les plus tendus, lorsque l'un comme l'autre campons sur nos positions, il finit par se coucher sur mon visage, manifestement dans le but de me faire périr par asphyxie.
A horaire régulier, il envahit l'espace silencieux de mon appartement de miaulements incessants, destinés à me faire comprendre qu'il a faim (lui donner des croquettes), soif (lui faire couler un robinet), chaud (lui mettre un ventilateur), froid (le prendre sur les genoux), peur (le prendre sur les genoux),sommeil (le prendre sur les genoux), besoin de calinous (le prendre sur les genoux).
Il envahit également mes genoux que je tente - vainement - de faire accéder au statut d'espace naturel préservé.
Il envahit périodiquement mon bureau, et veut occuper mon espace mémoire (non sans avoir auparavant mangé ma souris - qu'il déteste, par atavisme, naturellement). Il met actuellement au point une expérience à laquelle je n'ai rien compris, dans laquelle il s'agirait d'enfermer un physicien dans une boîte et de l'y laisser à la fois mort et vivant - ne me demandez AUCUNE explication, mon seul objectif est de récupérer ma connection pour consulter mon horoscope.
Bref.
Je crois qu'il fait un bon candidat.
Rédigé par : Fantômette | lundi 16 mar 2009 à 12:54
Moi aussi je vote pour Schrödinger. Il est comme mon chat mais en plus intelligent, donc il mérite ma voix.
Rédigé par : Narayan | lundi 16 mar 2009 à 15:51
Evidemment, Fantômette, ce que vous décrivez est tout à fait impressionnant. Vous avez vraiment la fibre d'une éthologue ET d'une écologue. Toutefois, il me semble que ce que vous décrivez est un individu invasif, certes vraiment envahissant, mais cela ne décrit pas un spécimen holotype propre à définir une espèce.
Rédigé par : anthropopotame | lundi 16 mar 2009 à 15:52
Cher Anthropopotame, vous qui semblez comprendre les animaux (même si je ne sais comment je dois prendre votre étrange remarque relative au fait que je ne serai pas un specimen holotype propre... ? Si Fantômette passait plus souvent le balai sous le canapé, sans doute serais-je moins souvent couvert de poussière) vous aurez à coeur de publier ce droit de réponse et de rectification.
Je suis quelque peu contrarié par l'audace de Fantômette.
Invasif, moi ? Vraiment ?
Mais savez-vous que Fantômette, si elle me laisse accéder à son oreiller le matin, M'INTERDIT d'y accéder la nuit ? Nuit que je passe isolé dans une pièce, certes agréable (sur une méridienne, et plus précisément, sur un plaid en lainage), mais hors la présence chaleureuse d'un corps humain à 37° ?
Inutile de vous dire que je ne dors pas très bien.
Il m'est arrivé UNE FOIS - une fois - de manger sa souris - j'étais jeune, j'interprétais le monde un peu trop littéralement - et ce rappel est injuste. Je revendique à ce sujet le droit à l'oubli.
Enfin, Fantômette prétend non sans audace que j'envahirais régulièrement ses genoux, mais omet simplement de préciser que c'est le plus souvent A SA DEMANDE, oui monsieur Anthropopotame, oui, parfaitement, c'est la vérité. Elle m'appelle, me fait le coup des yeux doux et de la tête penchée - vous connaissez sûrement le truc. Bon. Je cède. J'ai en général tout juste le temps de m'endormir avant qu'elle ne saute comme un cabri, pour aller répondre au téléphone, se brosser les dents ou se faire un chocolat chaud.
C'est vous dire si mes invasions restent intermittentes.
Enfin, bon.
Malgré tout, Fantômette n'a pas que des défauts. Je lui reconnais une certaine dextérité à ouvrir les paquets de croquette. Elle ouvre très bien les portes, également. Enfin, son appartement est correctement équipé en choses douces et moelleuses.
Et puis, elle est mignonne quand elle vient un peu me tourner autour, lorsque je manipule des physiciens - dans un but purement scientifique naturellement. Elle finit en général par s'installer quelque part avec un bouquin (elle adore les bouquins, je pense que c'est le contact du papier qui lui plait). Ça me fait une présence apaisante.
Je suis content de l'avoir trouvée. Mais il ne faut pas prendre tout ce qu'elle dit pour argent comptant. Cela devait être précisé.
Rédigé par : Schrödinger le chat | lundi 16 mar 2009 à 21:17
Bien cher Schrödinger, vous l'avez compris, ce blog est l'un des rares à donner la parole aux animaux non-humains. Par vos babines, la vérité éclate : vous décrivez magistralement les souffrances que peut endurer un chat d'appartement, condamné à la solitude, exploité, servant de doudou et de chaufferette. Votre commentaire permet d'appréhender les sinistres manoeuvres de votre "maîtresse" (à quand la dictature du félinariat!) prête à tout pour remporter le prix de l'espèce invasive de l'année, qui s'élève tout de même à un million d'euros. Somme dont, soyez-en sûr, vous n'auriez rien touché. Votre maîtresse-exploiteuse vous a-t-elle fait miroiter des croquettes au caviar, ou au lérotin ? Vous ne vous y êtes pas laissé prendre. Bravo Schrödinger, mais s'il vous plaît n'envahissez pas mon blog :)
Rédigé par : anthropopotame | mardi 17 mar 2009 à 08:45