Les comptes rendus concernant mon compte rendu sur Eternal Treblinka (voir ici, ici et ici pour le premier jet) :
Lecteur 1:
L’article d'Anthropopotame est un compte-rendu d’ouvrage qui, pour mieux en rendre compte, devrait, à mon sens, nous donner plus de détails sur la manière dont l’ouvrage de Patterson est construit, puis se situer en rapport avec celui-ci. En effet, je ne sais jamais dans ce qui est écrit ce qui relève de la plume de l’auteur de celle de C. Patterson.
Lecteur 2 :
L’article est à mon avis tout à fait intéressant et bien écrit. Il y a simplement un passage redondant page 6, et quelques expressions peuvent prêter à discussion (le droit de manger ce qui fait partie de son régime alimentaire). Il peut être publié.
Lecteur 3 :
Je viens de lire le texte en fichier joint... Je suis très hostile à sa publication.
Pour le dire rapidement, ç’est du sous-sous-sous-Heidegger. De l’abbatage des boeufs à Chicago à celui des Juifs à Auschwitz... No comment. Si l’on veut analyser le rapport entre le nazisme et la modernité on doit procéder différemment. Voir l’extraordinaire livre de Z. Baumann Modernité et holocauste sur lequel j’avais fait un papier pour Ecologie & Politique.
Présentée comme elle l’est dans le papier que tu nous a envoyé la thèse défendue est aussi idiote (pour ne pas dire scandaleuse) que celle de Ferry, bien que diamétralement opposée.
"Patterson démontre l’inverse, écrit l’auteur de l’artcile : la solution finale est intrinsèquement liée d’une part aux méthodes d’abattage industriel nées à Chicago en 1860, d’autre part à l’eugénisme international, mouvement organisé dont les pôles furent avant-guerre les Etats Unis et l’Allemagne, et qui s’est constitué en associant éleveurs de bétail et scientifiques soucieux d’améliorer le profil génétique de l’humanité".Si l’on veut dire par une telle phrase qu’il y a une relation entre la technique moderne et la solution finale, on se contente de rappeler une évidence. Maintenant, si l’on veut dire que l’abbatage indistriel conduit inéluctablement à la solution finale, alors la thèse est une aberration pure.
On a observé des massacres ou des généocides avant la révolution industrielle ou après dans des pays qui n’étaient pas industrialsés.
Je ne connais pas la teneur du rapport de lecture qui a été fait sur ce papier, mais je dois t’avouer que je suis scandalisé à l’idée qu’il ait pu être positif.
On en reparle?
Amitiés.
Lecteur 4 :
Paris, 2.3.09
Je trouve ce papier, avec le parallèle insistant sur la Shoah et l’abbattage d’animaux domestiqués à la limite du supportable. C’est le type de raisonnement qui suffit à discréditer notre revue et l’écologie en général. Si l’on veut argumenter pour le vegétarianisme pour des raisons de compassion, de santé, ou de préservation de la nature, pourquoi pas ? Mais de grâce, laissez la Shoah tranquille, ne mélangeons pas tout !
Personnellement, je suis opposé à la publication de ce papier. Cela me semble préférable à le publier avec une longue réponse. Cela ne mérite pas tant.
P.-S. : Certes, je suis Juif, mais j’aurais réagi de la même manière si la comparaison concernait le génocide des Arméniens, ou des Tsiganes.
Lecteur 5 :
Je vous livre ma réaction à une lecture rapide du texte d'Anthropopotame, puisqu’il a été demandé à chacun de se prononcer. Pour l’essentiel je pense qu’il ne faut pas publier ce texte, du moins en l’état. La première (sans logique de classement), est qu’il est fort mal écrit, souvent confus, et qu’une pareille problématique nécessité beaucoup de précision. Dans le même ordre d’idée, l’ensemble parait quelque peu décousu et on suit avec le plus grand la progresion de la pensée, sauf sur la fin. Des sous-titres seraient bienvenus. Sur le fonds, enfin, le texte (qui s’appuie sur le texte de Patterson, là encore dans une relation par toujours très claire) peut susciter débat. Si l’on peut s’autoriser à penser une relation entre la nature - industrielle, et donc technique - du procès d’extermination des Juifs et les techniques d’abattage de masse (ou plus largement le système de production du vivant), on ne peut la formuler sous la forme d’un "parallèle", pas plus que d’une comparaison. C’est, me semble-t-il, à ce niveau que le texte achoppe, au delà des maladresses et des lourdeurs de style qui tranchent avec la gravité du sujet. Je suis de ceux qui , comme Arendt ou Anders, considèrent qu’il faut "désacraliser" la Shoah pour en faire un événement historique, certes unique, mais inscrit dans notre Histoire et donc pensable, comparable, commensurable... mais publier ce texte en l’état exposerait sans nulle doute Ecologie et politique à d’importantes critiques (connaissant la sensibilité de certains à l’égard de ces questions). Est-ce bien utile ?
Lecteur 6 :
Si ces expressions n’étaient pas déplacées, je dirais de ce texte qu’il ne casse pas trois pattes à un canard et qu’il n’y a donc pas de quoi fouetter un chat...
Plus sérieusement, le sujet est énorme (comme je le disais à M., j’ai l’impression qu’il est d’ailleurs déjà au centre de la dernière livraison — n°28 — de LIGNES sur « Humanité/animalité ») et me trouble réellement, mais je ne vois pas ce que cet article, lui, a de si troublant. Je suis d’accord avec Fr. lorsqu’il parle de sa « relation pas toujours très claire » avec le livre de Patterson. Cet article est une série de variations autour du livre de Patterson (les « Variations Anthropopotame») et j’ai du mal à comprendre ce qu’il soutient (d’autre que Patterson) et comment il se situe (ailleurs que dans les marges de Patterson). Je n’ai rien contre l’idée qu’Ecologie et politique publie des textes non consensuels, voire problématiques et même provocants ou compromettants — au contraire —, mais, là, je ne vois rien qui ait la clarté, la netteté et la force de tels articles.
Lecteur 7 :
Je pense que cet article est très courageux et ambitieux. L’introduction reformulée donne maintenant une meilleure idée de l’enchaînement des idées que celle de la première version. Je trouve toutefois que l’auteur n’arrive pas entièrement à se hisser à la hauteur des ses ambitions. Cela se comprend facilement : les sujets qu’il aborde sont extrêmement complexes.
L’article est organisé en trois parties et chacune de ces parties mériterait une discussion plus approfondie, notamment la première qui reste au plus près du texte de Patterson. J’aurais personnellement préféré un vrai compte rendu critique de ce livre qui aurait confronté l’interprétation que fait l’auteur de la métaphore de I.B.Singer avec les réflexions sur le même sujet d’un Derrida ou d’un Coetzee (ou d’autres encore – je pense à cette phrase, à mon sens essentielle, dans le dernier livre de Donna Haraway : « It is not killing that gets us into exterminism, but making beins killable. ») Je pense que l’auteur change trop rapidement, sinon de sujet, au moins d’approche pour s’aventurer dans sa deuxième partie sur les terrains occupés par Peter Singer et Tom Regan (« animal liberation »). Là encore le texte est très intéressant mais en fin de compte, il laisse le lecteur sur sa faim. J’avoue ne pas avoir tout à fait compris la logique qui dans la troisième partie mène l’auteur du génocide à l’écocide.
Malgré mes réserves, je pense que cet article mérite d’être publié, peut-être après une ultime révision qui renforcerait les transitions entre les trois parties.
Ben ca va pas etre facile les corrections: 3 pour, 3 contre, 1 major revision.
euh sinon j ai pas suivi: ca se sont les comptes-rendus de lecture (les rapports des reviewers) mais un des gars fait reference a un rapport de lecture, c'est quoi?
c est pour un journal avec double review (rapport de l editeur ou autre + reviews claissuqes)?
Rédigé par : mouton | mardi 31 mar 2009 à 16:05
bon j avais pas vu la premiere ligne, desole... tu as ecrit une review d'ouvrage
Rédigé par : mouton | mardi 31 mar 2009 à 16:07
Yes. Il est remarquable de constater que Patterson a eu un mal de chien à publier son livre (il l'a fait à compte d'auteur aux Etats Unis) et que les reviewers ont du mal à en parler. Si j'en avais fait une critique négative, ce serait passé comme une lettre à la poste. Mais la revue en ligne "La vie des idées" me l'a refusé au motif que "on entend trop parler de la Shoah en ce moment" alors que le sujet n'est pas la Shoah, mais l'élevage insudtriel. La revue dont émanent les comptes-rendus que je cite l'a accepté, malgré les avis négatifs. Il sera publié en octobre.
Rédigé par : Anthropopotame | mardi 31 mar 2009 à 21:47