"... je ne me baignerai pas dans votre eau."
Votre serviteur revient d'une semaine éprouvante à Cassis : c'est dur, la randonnée ! Il est scandaleux de constater que les GR comportent tant de montées et de descentes, avec - comble de la désinvolture - des chemins plats pavés hélas de cailloux tranchants.
Résumé de l'épisode précédent : à l'occasion d'un achat de billets de train, le lecteur avait assisté à la transformation de M. la Jolie en génie du mal ; c'est donc avec une certaine appréhension que j'envisageais notre séjour. Grâce à ma patience légendaire, tout s'est fort bien passé, si l'on excepte un malencontreux incident impliquant un figuier de barbarie (il fut confondu avec une chaise).
Ce bon bol d'air au flanc de collines majestueuses n'a pas détourné votre serviteur de sa mission première: l'anthropologie. Je puis donc confirmer que les Provençaux sont de véritables feignants qui n'ont rien d'autre à faire que de s'arrêter dès qu'ils vous voient consulter votre carte, pour vous orienter et vous donner des conseils. Ce fut odieux ! Quelle impertinence ! D'autant que certains n'hésitaient pas à passer un quart d'heure à nous expliquer en détail les dangers de notre entreprise: relier Marseille à Cassis dans la journée.
J'ai pu observer d'assez près à quel point le mythe de la jovialité des gens du sud était infondé : à Cassis, les autochtones engagés dans une conversation adoptaient l'accent du Midi dès qu'ils nous voyaient apparaître. J'ai compris soudain que l'accent marseillais trouvait son origine dans une comédie permanente, du fait de l'omniprésence de Parisiens : les pauvres Marseillais sont obligés de prendre sans arrêt l'accent chantant par crainte de se démasquer. Sans doute ne l'abandonnent-ils que lorsqu'ils sont sous la douche.
Une autre observation intéressante, cette fois dans la lignée de l'anthropologie physique, est née du point de départ de la méga-randonnée Marseille Cassis : les malheureux randonneurs doivent s'élancer, tenez-vous bien, de la prison des Baumettes ! Incroyable mais vrai. Dans le trajet depuis le centre-ville jusqu'au terminus du bus 22 (au cours duquel j'eus l'occasion de démasquer de sympathiques Marseillaises qui s'échinaient à parler des Parigots avec un accent chantant manifestement outré), une inspiration digne d'un Lombroso m'a frappé en plein coeur. Dans la mesure où la plupart des passagers du bus allaient rendre visite à des prisonniers, ne pouvait-on élargir la théorie du criminel-né à celle des parents du criminel en question ? On parle de tête de délinquant, mais ne serait-il pas envisageable d'évoquer également la "tête de mère de délinquant", "tête d'oncle de délinquant", de "grand-mère de délinquant" ou de "cousine de délinquant"? Cette réflexion rendit le trajet fort instructif, les Marseillaises se laissant facilement dévisager.
Voilà. Le voyage a laissé des séquelles. J'ai pris la fâcheuse habitude de dire bonjour aux gens que je croise dans la rue. Et je dois dire que M. la Jolie est vraiment jolie.
QUELQUES IMAGES
Deux espèces d'orchidées croisées en promenade :
Une vue du Pic de l'Aigle de la Mort (sa réputation est surfaite) :
Une nouvelle idée de start-up : exportation de matériel de lapidation (cf note "Tolérance") :
Modèle de démonstration pour clients exigeants :
Le port de Cassis, absolument pas défiguré par l'office du tourisme qui trône en plein milieu :
PS: J'ai appris hier matin que je n'avais même pas été classé au CNRS...
"Semaine éprouvante" mais bien sur. Et la marmotte...
Sans rire: pas de posts depuis une semaine, je me demandais si tu n'étais pas séquestré quelque part dans les sous-sols de l'université.
Rédigé par : mouton | vendredi 24 avr 2009 à 16:39
ach mon dieu, tu me fais penser à mon frère matheux de son état qui rentre parfois d'un congrès (genre) "intense et studieux" à Lumigny... ouains... on se demande si c'était vraiment le congrès qui était intense, et pas plutôt la fréquentation des calanques. :P
Rédigé par : Dodinette | vendredi 24 avr 2009 à 17:17
Magnifiques ces calanques! Enfin un voyage d'anthropologue qui apporte des réponses à des questions que l'on se pose depuis toujours ;-)
En tout cas je pense que l'export de matériel de lapidation a de beaux jours devant lui: une reconversion en vue peut-être???
Rédigé par : Elo | vendredi 24 avr 2009 à 18:47
@ Mouton : Haha, je t'y prends, lecteur inattentif! J'annonçais mon départ en vacances à la fin de la note 1984, qu'il fallait donc lire jusqu'au bout ;-) De plus, tu oublies que le blog a été mené de main de maître par mon bras masqué Fantômette.
@ Dodinette : un véritable chercheur ne cesse de chercher (en l'espèce, je cherchais le Midi à 14h). Ce fut donc, en somme, une semaine studieuse que celle-ci.
@ Elo: Moui, je crois avoir dit là quelques vérités bien senties sur les Marseillais. Comme quoi on a toujours besoin de consulter un anthropologue. Pour le matériel de lapidation, tu peux consulter notre catalogue, il y en a vraiment pour tous les types d'adultère.
Rédigé par : Anthropopotame | vendredi 24 avr 2009 à 19:36
Ouai trop dure la vie d'anthropologue!!! Pour trouver midi à 14 ce n'est pas dans les calanques que tu aurais du aller, mais à Saint-Pétersbourg ou au cap vert (enfin tout dépend si tu veux trouver midi à 14 h, ou 14h à midi)
Rédigé par : bergere | vendredi 24 avr 2009 à 20:16
Comment?! Vous étiez à Marseille, et n'avez point fait signe!? Quelle étrangeté!! Vous annonciez certes, dans un billet récent, votre départ en vacances mais non votre destination (mesurez mon attention!). A quoi cela sert-il, alors, d'être votre ami virtuel, et votre dévoué invisible? A le rester?... Sagesse, peut-être. Je n'ai pas d'accent, ni réel, ni affecté. Je ne suis pas de Phocée. Sagesse... je vous aurais déçu. Mais ne recommencez pas!...
Rédigé par : lataupe | vendredi 24 avr 2009 à 23:26
@ Bergère: je vois qu'à la Bergerie vous ne mégotez pas avec l'étymologie (cf Mouton sur "botter en touche"). Alors je lance un défi à toute la famille, including Choupinou: d'où vient l'expression "tomber dans les pommes"? (moi je sais, huhu).
@ ami Taupe: cher ami, j'ai hésité à vous faire signe, mais nous n'avons passé qu'une demie-journée à Marseille et je voulais profiter de mon petit démon blond. Partie remise? Concernant votre absence d'accent, ma démonstration repose justement sur ceci que l'accent marseillais est une construction sociale! En réalité, les Marseillais n'ont d'accent qu'en public ou devant une caméra. N'êtes-vous pas d'accord avec moi?
Rédigé par : Anthropopotame | samedi 25 avr 2009 à 10:15
Oui et non, en fait. Bien sûr qu'il y a un jeu et une affectation, les phocéen aiment la comédie et le folklore (à défaut d'autre chose, peut-être, mais ne nous égarons pas). Deux choses: -Il est un, et plusieurs, accents, un accent évolutif, ouvert, mouvant dans l'époque. Marseille est une ville d'accueil et de migration. -Et c'est un accent de classes. Le peuple en a un, et le force parfois, la bourgeoisie n'en a plus, le cache toujours et le perd... C'est en soi un sujet intéressant, nous aurions pu en converser. Mais je vous remercie de préférer la vie et la diablerie blonde à ces bavardages oiseux. Amitiés.
Rédigé par : lataupe | samedi 25 avr 2009 à 11:37
Amitiés deux fois. Pour le post-scriptum, que je n'avais pas lu. Courage. Rome ne s'est pas faite en un jour...
Rédigé par : lataupe | samedi 25 avr 2009 à 11:41
Amitiés trois fois. Pour autre chose, dont vous allez rire (pas si sûr). Continuez, et cependant ne regrettez rien. Je crois que, de tous vous talents, c'est celui des mots qui est le plus incontournable...
Rédigé par : lataupe | samedi 25 avr 2009 à 11:51
Cher ami, n'en jetez plus!
Rédigé par : Anthropopotame | samedi 25 avr 2009 à 12:07
Cher anthropopotame, j'ai toujours été fascinée par les histoires de pommes tombées (sans toutefois que cela ne m'obnubile ni ne tourne à l'obsession). Je m'intéresse bien plus aux pommes qu'à ceux qui y tombent, celles-ci tombant beaucoup plus souvent que ceux-là, qui ne défaillent qu'exceptionnellement et voudraient qu'on les plaigne. J'aime beaucoup le petit bruit mat que fait une pomme qui tombe, sur le terre du verger, une pomme distraite et fatiguée qui s'est dit "je suis mûre, je peux maintenant me détacher" - pom - par terre où je la trouve. Je la ramasse. Une pointe de cannelle. Je la mange.
Rédigé par : Fantômette | samedi 25 avr 2009 à 14:16
C'est ma faute, c'est ma très grand faute. J'avoue, depuis qq temps, je parcours les blogs en diagonale (quand je les parcours).
Réponse: newton. C'est aussi la personne que les femmes haïssent le plus. Ok c'est mauvais. je sors.
Rédigé par : mouton | dimanche 26 avr 2009 à 16:52
Bonjour,
J'ai fait une sortie en mer mémorable pour l'anniversaire de ma soeur. On a pris un bateau privé pour les calanques de marseille cassis, on s'est notamment posé à Sugiton. La boite s'appelle bleu evasion, on a fait des activités dont un petit scooter sous-marin. L'équipe est super sympa, ils se sont vraiment adapté
Je vous le conseille
Le site
http://www.visite-bateau-calanques-marseille-cassis.fr
Ils ont aussi une version randonnée
http://www.randonnee-calanques-evenementiel-marseille.fr
Voilà!
Rédigé par : christine | vendredi 08 jan 2010 à 19:30
merci mille fois, Christine, d'utiliser mon blog comme support de propagande. Dans la mesure où vous appartenez à l'entreprise dont vous vantez les mérites, je vous suggère de réviser vos dix commandements.
Rédigé par : anthropopotame | vendredi 08 jan 2010 à 19:35