Résumé des épisodes précédents: Après la transformation de M. la Jolie en génie du mal, et la fructueuse association qui s'ensuivit par la création de la start-up rapid-lapid.com (matériau et conseil en lapidation), cette coopération fut ébranlée par la disparition de la clé USB de votre serviteur, affaire dans laquelle la même M. la Jolie était classée suspecte n°1. Tout devait pourtant se terminer au mieux puisque la clé fut retrouvée en Vendée, dans la poche d'une veste oubliée. Cependant, le régime suivi par votre serviteur souffrit un coup fatal du fait de l'achat et la consécutive absorption d'un sandwich grec. Restait alors à votre dévoué à faire ses adieux au fromage et à se limiter à la consommation de pommes.
Dans l'épisode d'aujourd'hui, votre serviteur - appelons-le Anthropopotame - revient de Neverland épuisé, et s'apprête à vous dire pourquoi.
Levé à cinq heures - poussons des oh ! et des ah ! - je me suis rendu sagement à Neverland pour assurer mes cours de langue portugaise. Lassé de me friter avec les bloqueurs, j'ai accepté la suggestion du doyen de donner cours en fac de science.
D'abord, les première année. Je leur ai expliqué que j'avais été sur le point de ne pas valider leur semestre du fait de leur lâcheté, considérant que cette leçon valait toutes les conjugaisons de la langue portugaise. Mais un ordre express du président m'obligeait à leur donner cours. Tête des première année ! J'ai fondu à les voir accepter mes reproches l'air contrit, et me suis rendu compte que j'avais affaire à de tous jeunes enfants, à qui il faut tout pardonner.
Puis les agrégatives. Il s'agit plutôt de les préparer à une bonne épreuve, à donc abandonner l'air interrogateur de l'étudiant pour assumer une position d'autorité. "Tenez, donnez-moi une recette de cuisine", demandai-je à la candidate, juste pour vérifier qu'elle pouvait faire preuve de décontraction et d'affirmation.
Les troisième année, que j'adore. Aux quatre coins de la salle se trouvent des étudiants complices qui comprennent à peu près mon humour, ce qui permet à l'heure et demie de passer vite.
Enfin les deuxième année, et ce fut une hallucination. J'étais explosé de fatigue, et j'en vois qui regimbent, qui renâclent, suggèrent qu'il faut annuler l'examen, etc. J'ai mis du temps à comprendre qu'il s'agissait de taupes grévistes désireuses d'empêcher la tenue de l'examen. Finalement, après une demie-heure de cours, et comme j'interrogeai une jeune fille sur le texte étudié, elle me rétorqua "Attendez, je sors ma feuille". "Comment ça, vous sortez votre feuille? Vous voulez dire que vous n'avez rien suivi jusque maintenant?" "Non, je suis gréviste". "Eh bien si vous êtes gréviste vous n'avez rien à faire ici, et si vous n'êtes pas gréviste, vous auriez dû suivre normalement le cours. Donc vous pouvez sortir."
Drame drame. Le problème est qu'il s'agissait d'une taupe et qu'elle m'a entendu expliquer la manière dont il fallait s'y prendre avec les bloqueurs (d'abord prendre des photos, puis ne pas perdre son calme, je suis seul apte à décréter si on laisse tomber ou non, etc.). Puis, devant la mollesse de certain, j'ai enchaîné sur un long discours à la Lula ("Je fais mon travail, faites le vôtre, et chacun son métier et les vaches seront bien gardées"). J'étais exaspéré et suis sorti quelques secondes pour ne pas exploser. Et patati et patata l'heure avançait.
Une étudiante que j'interroge s'interrompt au milieu d'une phrase puis s'effondre. Une camarade l'emmène prendre l'air. Puis, quand la fin du cours est annoncée, c'en est une autre qui s'évanouit. Ses collègues l'entourent et veulent à tout prix que j'ignore ce qui se passe, tandis que je me perdais dans un monologue digne de E.R. ("hypoglycémie? choc anaphylactique?") et j'avoue que j'ignorais absolument quoi faire, si prévenir le SAMU ou m'en tenir aux propos rassurants d'une étudiante qui se disait secouriste.
Voilà ma journée, il est 22h30 et j'ai gagné quelques cheveux blancs... et la matière d'une note sur ce blog.
Bonjour anthropopotame,
Juste un mot, sur les deux malaises consécutifs à votre cours. Plusieurs hypothèses sont envisageables, et il peut naturellement s'agir d'un simple malaise vagal - un peu de fatigue, hypoglycémie, une ambiance tendue, un coup de chaud..., ça peut suffir à expliquer la coïncidence.
Mais, peut-être faut-il envisager d'en toucher un mot au doyen, et à la médecine universitaire. En période d'examens, il y a des mélanges un peu "détonnants" (dirons-nous pudiquement) qui peuvent circuler, à très haut dosage en caféine, notamment, mais pas seulement. J'ai vu le cas se produire, dans mon ancienne fac. A certaines sessions, il pouvait y avoir trois ou quatre malaises dans l'amphi. Rien de gravissime pour les étudiants concernés (sauf qu'ils étaient bons pour la session de septembre).
Mais il me semble souhaitable que les moyens soient offerts à l'université de connaître et, le cas échéant, rescenser ces incidents.
Rédigé par : Fantômette | mercredi 13 mai 2009 à 10:15
Fantômette, vous ouvrez des perspectives intéressantes. Je pensais naïvement qu'il s'agissait de trucs de filles, comme on en voit dans les concerts des Beatles. En véritable Agatha Christie vous levez le lièvre, ici le poison. Vous penchez donc pour une mixture caféine-arsenic ?
Rédigé par : Anthropopotame | mercredi 13 mai 2009 à 10:35
Disons simplement, cher ami, qu'à ce stade de mes investigations, je n'exclus aucune hypothèse... mais bien entendu, il pourrait également s'agir d'un excès d'émotion provoqué par votre proximité physique. Classique. L'aura que vous projetez en cours de portugais deuxième année n'est peut-être pas précisément proportionnée à la résistance nerveuse de vos étudiantes. Vous devriez également en parler au doyen.
:-)
Rédigé par : Fantômette | mercredi 13 mai 2009 à 11:48
Huhu, vous me faites rougir, Fantômette. Mettons cela sur le compte de "l'effet petit pull violet".
Rédigé par : Anthropopotame | mercredi 13 mai 2009 à 11:55
Rectificatif: je me souviens maintenant, j'avais ôté mon pull. Je portais en dessous une ravissante chemise d'un bleu sombre tirant sur le mauve.
Rédigé par : Anthropopotame | mercredi 13 mai 2009 à 11:57
Fantômette,
Le sucre, le sucre.
Moka, parlez moi du sucre.
A propos du poison, je vois qu'anthropopotame vous suggère un dérivé de caféine.
A vous deux, ensemble: Café-sucre.
PS: le lièvre est un lapin et le lapin est symbole de féminité. Faut il renvoyer anthropo à son doyen? Espérons qu'il est bi, et surtout, sérieusement armé pour faire face à ce genre de situation.
PS2: bonjour anthropo, ça roule? Vous savez qu'un jour vous deviendrez le maître du monde? Si! Mais il vous faut ABSOLUMENT quitter le monde universitaire français. Dans ce monde il n'y a aucun maître, que des déficits.
Rédigé par : tschok | mercredi 13 mai 2009 à 15:31
Tschok, vos messages sont sibyllins. Ce que vous me proposez est tentant: quitter l'université pour devenir maître du monde est évidemment une proposition intéressante. Toutefois, je me contenterais volontiers de devenir un simple leader d'opinion, vous savez qu'il s'agit là de ma secrète ambition.
Rédigé par : Anthropopotame | mercredi 13 mai 2009 à 15:41
Hello tschok,
En fait, je me dois d'apporter un léger rectificatif, c'est moi-même qui aie fait l'hypothèse d'un excès de caféine comme facteur causal dans la série d'évanouissements déclenchés par notre hôte lors de son dernier cours. Anthropopotame me semblait précisément initialement pencher pour le manque de sucre.
Ça change tout. Ha ! Eh oui. Puisque votre raisonnement s'en retrouve absolument et symétriquement inversé.
(Jamais de sucre dans le café pour moi, merci.)
@ anthropopotame
Cher ami, si vous pensez que ce message-là, ci-dessus, est sibyllin, attendez de voir tschok vous parler de Danette ! Et de goyaves !
En fait, pour reprendre la jolie formulation que vous aviez eu au sujet de ma note, tschok n'a de cesse de ne pas laisser le sens des mots en repos.
Non seulement passe t-il son temps à les bousculer, les faire tourner sur eux-mêmes ou les jeter dans les airs, mais qui plus est, il les tourmente, les malmène, les travestit, les dissimule, les enterre, puis feint de les redécouvrir, avant que de les envoyer par-dessus les murs à nouveau.
Tenter de le suivre est fascinant - mais c'est un travail à temps plein (c'est un peu le mien sur la toile, rappelez-vous que je suis sa traductrice officielle).
Rédigé par : Fantômette | mercredi 13 mai 2009 à 16:53
Intéressant. Vous suggérez que Tschock en use avec les mots comme je le faisais avec mon steack, du temps où je mangeais de la viande?
Rédigé par : Anthropopotame | mercredi 13 mai 2009 à 17:18