Je suis revenu hier de Vendée. Ma tante habite une grande et belle maison, flanquée d'un jardin d'un hectare environ, au sommet d'un coteau, donnant sur la Boulogne. Le coteau est planté de chataigners et de chênes. Le jardin, lui, fut remodelé au début du XXe siècle: haies de laurier-cerise, deux pommeraiesaux arbres entortillés, quelques parterres étouffant sous leurs rosiers et les vignes, et une bordure de forêt en pente. Il y a aussi une dépendance, une fermette en ruine. L'ensemble forme un rectangle très allongé, constitué de quadrilatères juxtaposés. Chacun d'eux est une pelouse plus ou moins arborée, du champ ouvert au sous-bois, et on y trouve donc des plantes spontanées, très variées. Jacinthes, campanules, orchidées sauvages, graminées, ombellifères...
Toute la difficulté est de faire accepter à ma tante l'idée qu'un jardin est beau, exubérant de fleurs sauvages, et et qu'il n'est pas nécessaire de le raser, de le "nettoyer", pour l'apprécier. Chaque fois que je vais tondre, ou faucher, ou débroussailler, je blesse ou tue des grenouilles, des orvets, des couleuvres, et je supprime tout moyen de subsistance aux milliers d'insectes qui se trouvent là, dans ces plantes enchevêtrées, et donc aux oiseaux qui alimentent leurs nichées. Le dilemme se trouve toujours placé entre le jardin soigné, aux lignes épurées, mais vide de vie, et l'exubérance dont les humains se sentent un peu exclu. Voici quelques photos, en commençant par la maison.
Ces deux dernières photos montrent les flancs gauche et droit de la maison, pris au moment de mon arrivée. Je fais alors un tour de jardin, pour me faire une idée du travail à accomplir, puis je file faire la sieste. Lorsque l'herbe est à ce niveau, il est inutile de passer la tondeuse: le sol maintient son humidité grâce à la couverture ombragée, et la tondeuse se met à crachoter. Il faut donc faucher ou passer la débroussailleuse à fil, mais grâce à Dieu celle-ci est cassée.
Or ces prairies sont magnifiques pour qui sait les apprécier. De bas en haut : myosotis, graminées, ombellifères (carottes sauvages) :
Ci-dessus, ombellifères. Ci-dessous, jacinthes:
Parmi les plantes adventices, en voici deux que j'apprécie particulièrement, bien que leur apparition soit aléatoire - l'orchidée sauvage et la grande bardane :
(à suivre)
C'est un problème de le faire également comprendre aux collectivités urbaines. J'ai l'exemple autour de moi de personnes qui travaillent dans des carrières ou des sablières. Les autorisations d'exploitation s'obtiennent toujours en contrepartie d'un programme de réaménagement de la zone exploitée, de façon à permettre la ré-implantation d'une certaine biodiversité. Or en fait, à l'occasion du réaménagement de ces espaces, on se rend souvent compte que les divers interlocuteurs ont des conceptions différentes de la notion d'environnement. Les associations écologistes (celles qui interviennent en l'occurence ne sont pas les plus médiatiques, mais ont une véritable expertise biologique) sont très satisfaites, par exemple, de laisser un terrain à peu près "en friche", se recouvrir d'arbustes et de plantes basses locales, se réhumidifier, etc... ce qui réintroduit une véritable biodiversité, même si elle reste peu visible pour les néophytes. Un élu local voudra préférablement "un espace vert", selon l'expression consacrée, des pelouses taillées au cordeau, quelques arbres frêles et malades, (éventuellement taillés en cubes), voire un plan d'eau pour faire du kayak en rond. Effet agréable à l'oeil (et encore, c'est selon les goûts), mais à l'impact à peu près nul sur la réintroduction de la biodiversité sur le territoire concerné.
La problématique du jardin et de son jardinier, en quelque sorte - mais à vaste échelle.
Rédigé par : Fantômette | lundi 11 mai 2009 à 09:37
Ouaaaa c'est exactement la maison que je rêve de donner à mes enfants, avec cet immense terrain d'exploration qui l'environne... Cela me fait penser à ma maison d'enfance, pas du tout antique, mais simplement entourée de prairies, de vergers et à proximité de sous bois... J'en ai passé des après midi à explorer ce petit bout de paradis... Et puis à l'époque nous allions à la marre au têtards avec l'école... Ça n'existe plus les marres au têtards, ou alors les écoles ne vont plus les voir... Je me dis que c'est de plus en plus difficile de laisser nos enfants en contact avec la nature... Ils ne la voient qu'au travers de zoos, aquariums, musées... Heureusement la semaine prochaine je les emmène voir les tortues de la cote géorgienne dans leur cadre naturel... Enfin on verra si elles sont au rendez vous...
Rédigé par : bergere | mercredi 13 mai 2009 à 16:01
Bon, si la maison vous plaît, vous serez les bienvenus. Faites moi signe quand vous venez (PS: Mouton, sais-tu fendre du bois?)
Rédigé par : Anthropopotame | mercredi 13 mai 2009 à 17:17