La séduisante (et gauchisante) E. m'ayant apporté, à l'issue de son défilé du premier mai, une liasse de tracts anticapitalistes, je me délecte à leur lecture, en particulier celui du m-pep (Mouvement politique d'éducation populaire). Je n'ai rien contre la gauche ni contre l'extrême-gauche, et je n'ai jamais de ma vie voté à droite ; ce qui me gêne, c'est la bêtise néolibéralement partagée.
Le M-PEP aligne les mots d'ordre ("République, laïcité, internationalisme") et revendique une série de victoires dans le fil desquelles il s'inscrirait : 1789, 1936, 1945, 1968 et plus mystérieusement, 2005 (le "non" à la Constitution européenne ?). C'est flatteur.
Je passe sur le "passons le niveau sur la tête des riches", et me rends directement en fin de tract, dont voici un fac similé :
NON au caractère antidémocratique, dictatorial, tyrannique de l'Union Européenne !
Comment s'appelle un régime politique - celui de l'Union Européenne - dans lequel le suffrage universel est soit interdit, soit bafoué ? Un régime dans lequel le peuple est bâillonné ?
Il faut ajouter un quatrième non : NON à Sarkozy !
On peut s'étonner qu'un internationalisme proclamé soit aussi violemment antieuropéen, la vocation internationale de l'UE étant pourtant un bon début.
Ce que je trouve amusant, et affligeant néanmoins, c'est l'opprobre jeté sur la démocratie européenne, comparée à un régime fascisant - au nom de l'irrespect des suffrages populaires -, et le "Non à Sarkozy" final, ce même Sarkozy (si ma mémoire est bonne) ayant été élu au suffrage universel.
Mais bah, pourquoi ces mouvements devraient-ils souffrir d'une contradiction qu'ils ne souffrent pas, de toute façon ?
oui, et puis c'est pas comme si on pouvait voter pour élire les députés européens....
Rédigé par : Narayan | dimanche 03 mai 2009 à 18:45
Exactement! Et on peut supposer que, défendant jalousement la Représentation Nationale, le m-pep s'incline religieusement devant toutes les réformes issues de cette noble Assemblée :) en particulier le bouclier fiscal.
Rédigé par : Anthropopotame | dimanche 03 mai 2009 à 19:06
C'est pourtant simple : si Sarkozy a été élu, c'est que quelque chose ne marche pas dans notre démocratie, non ?
Rédigé par : Tom Roud | lundi 04 mai 2009 à 13:52
Et qu'en est il de l'absentéisme des députés européens, des technocrates européens qui ne paient pas d'impots alors qu'ils touchent 3,5,7 fois le Smic. Qu'en est-il de l'argument de la commission européenne visant le laisser faire du marché, le sacro saint credo de la direction de la concurrence qui a permis à nos énarques franco français de justifier - entre autres - la création de Natixis, DEXIA. Anciennement c'était IXIS, ou CLF, 100% Caisse des dépots (quelle horreur, quelle erreur économique, faire du bénéfice au service de l'intérêt général, relévé d'une entreprise de l'Etat,et en plus avec absence d'actionnaires privés pour en profiter... quelle hérésie). Qui sait que lorsque CLF est devenu Dexia (vive la Belgique) il y a eu changement de domicialiation et ne plus payer d'impot sur les bénéfice en France. Mais la Belgique, c'est l'Europe, où est le problème alors ?
Et maintenant c'est la même Caisse des dépots qui doit injecter 2 milliards pour sortir Dexia de l'ornière...
Qui a dit: on nationalise les pertes et on privatise les profits ?
Vive l'Europe, sa commission européenne, et sa direction la concurrence pure et parfaite... Mais que font les députés européens ?
Rédigé par : Elagauch... | lundi 04 mai 2009 à 22:03
Bien cher Elagauche,
mon amie E. vous répondrait probablement que le tract du m-pep évoquait une dictature européenne, bafouant les représentants des citoyens. Vous pointez justement l'inverse : les représentants européens bafouent leurs représentés par leurs absences répétées. En d'autres termes, le problème de l'Europe ne serait pas la Commission, mais l'absence de contrepoids opposé par le Parlement.
Nous en revenons à un débat dont le paradigme est l'affaire d'Outreau : faut-il remanier un système torpillé par la faiblesse de ses exécutants? En d'autres termes, doit-on toujours considérer que les problèmes sont structurels, ou alors qu'ils sont liés aux carences mêmes des humains censés les faire fonctionner ?
Notre suffrage universel a porté au pouvoir un homme qui parle "d'avoir la banane", s'adresse à ses interlocuteurs en disant "Mâm' Chazal" et opte pour des ministres qui disent se foutre du fonctionnement de l'Europe. Doit-on revoir le système présidentiel en France, du fait qu'il permet ce type d'erreur de casting (ceci pour répondre à Tom Roud) ?
Mon amie E. - farouche débattrice - vous répondrait également sur la question du "nationaliser les pertes et privatiser les profits". Elle vous dirait sans doute qu'il s'agit là d'une politique de droite, et non à proprement parler d'une politique européenne. La commission européenne est entachée de libéralisme car une majorité d'Européens sont libéraux. En cela, la commission ne fait que refléter, hélas, une tendance lourde de nos populations.
Voilà peu ou prou, je pense, ce que mon amie E. vous aurait répondu :-)
Rédigé par : Anthropopotame | mardi 05 mai 2009 à 09:08
Faut arrêter un peu avec la Commission. Elle ne fait que proposer des textes sur avis des conseils des ministres et c'est le parlement européen qui dispose.
Alors si vous êtes pas content avec l'UE. Plutot que de cracher sur la commission, faites qq chose d'utile: interpellez VOS ministres et VOS députés.
Rédigé par : mouton | jeudi 07 mai 2009 à 16:32