Où s'arrête la fiction, où commence la réalité ? Voilà que mes lecteurs deviennent auteurs et tracent à grands traits ma destinée : cela commence ici, passe par ici, puis il faut se rendre là et enfin là-bas (by the way, en laissant le dernier mot au Piou, il fallait bien que l'histoire se termine du côté obscur :( - Bergère m'aurait prédit un merveilleux mariage, Narayan une super direction de labo, quant à Mouton, il m'aurait sans doute auguré d'avoir les pieds sur terre et la tête dans les nuages...
Rassurez-vous chers lecteurs, il sera fait selon vos prédictions, et Narayan peut témoigner que je me suis exercé au mandarinat toute la soirée en tyrannisant quatre adorables jeunes filles, régissant le ballet des plats et des boissons entre la cour et mon studio !
De fait, toute l'histoire commence
ici, ce jour d'août où je me suis enfin décidé à écrire ma synthèse, ponctué par ma
rencontre avec M. la Jolie qui a changé tout mon système de poids, mesures et priorités.
Et maintenant cette histoire-là, l'Histoire Désespérément Récapitulative ou HDR, s'est terminée en fanfare, dans une soutenance où les fleurs volaient en tous sens, juste lestées de réticences afin qu'elles ne demeurent pas suspendues en l'air, défiant l'équivalent logique des lois de gravité.
Je ne compte plus le nombre de fois où j'ai prononcé les mots "très aimablement" et "merci", et les membres du jury en ont fait également un large usage. Pour un membre du système académique, l'ensemble aurait paru extrêmement détendu, avec des pauses digressives bienvenues sur les Orangs-Outangs et même sur Darlingo. Pour un spectateur non averti, tous les codes et tous les petits rituels minutieusement agencés qui donnent le grand rituel conclusif de l'HDR, apparaissaient au grand jour.
Chose étrange: la cérémonie ne laisse même plus deviner ses ressorts quand on y est plongé.
Je pense à Philippe, là-bas à Altamira, qui m'a prévenu depuis l'aéroport de Belém qu'il perdrait tout contact avec le monde informatisé jusqu'à la mi-juin... Si j'avais insisté, peut-être serait-il venu, mais j'imagine alors qu'il ait décidé de prendre le vol du dimanche soir à Rio - comment aurais-je surmonté ma culpabilité ?
Le soir venu, après des heures de préparatifs, lorsque je me suis retrouvé face à Patrick, je me suis soudain rendu compte qu'il n'était plus, dorénavant, mon directeur de recherche. "Non, nous sommes confrères maintenant", m'a-t-il dit. Et c'est comme si la branche sur laquelle je tenais assis venait de se briser. "Now you're on your own, chap", voilà ce que j'ai pensé. Depuis sept ans, Patrick a lu, relu et rerelu même mes propositions les plus fantasques. Je pouvais toujours me raccrocher à son avis, discuter, l'appeler, pleurnicher - "Patrick, je crois que je viens de faire une grosse connerie..." etc. Et maintenant c'est fini. Plus personne pour se sentir obligé de me lire... (par exemple, 47% des lecteurs de ce blog ont décroché au troisième paragraphe). On ne s'en rend pas toujours compte, mais à force de prendre des cafés au Sorbon, à force de se passer des coups de fil en partance sur des quais de gare, on finit par tisser des liens dont je saurai mieux quoi dire d'ici quelques mois - et vois-tu, Patrick, je ne peux même plus me tourner vers toi et te demander de m'aider à formuler élégamment tout cela !
Narayan, Bergère, Mouton, Le Piou, merci d'avoir pensé à moi hier et de m'avoir lu pendant tout le processus de distillation. Aujourd'hui, j'ai une légère gueule de bois...
Anthropopotame
Bon,un mythe va tomber ... le Piou n'est pour rien dans le dénouement. Il était trop débordé et a gentillement accepté d'être hébergeur.
Rédigé par : Narayan | samedi 06 juin 2009 à 21:25
Bravo bel ami. J'ai aimé cette soirée où l'on rencontre une finlandaise et une autrichienne qui se donnent RV qque part en Amazonie parmi les indiens, une M qui raconte l'irlande pendant que sandrine revient d'italie et s'en va à l'aube en Turquie. J'ai apporté mes saules tortillard, précisé mon appartenance à la famille du tango dans l'univers varié d'anthropo et j'étais heureuse de le voir se promener entre ses amis et sa famille, savourant sa soutenance et son entrée dans le cercle des HDR. Et puis j'ai mis un visage sur Narayan la blogeuse chercheuse.
Rédigé par : evelyne | samedi 06 juin 2009 à 23:13
@ Narayan : fallait pas le dire !
@ Evelyne : merci, séduisante et fidèle amie. Tu sais comment tout cela va se terminer : une bonne petite dépression, de nouvelles résolutions, une nouvelle vie, etc.
Rédigé par : anthropopotame | dimanche 07 juin 2009 à 09:36
Une bonne petite dépression: ah que non l'histoire begaye mais ne se répète pas, le vague à l'ame est autorisé mais pas plus. Nouvelles résolutions, nouvelle vie, voilà qui n'est pas dans la stabilité ennuyeuse.
Rédigé par : evelyne | dimanche 07 juin 2009 à 21:55
Rho, quand meme... T'as bien vu qu'il n'y avait AUCUNE faute d'orthographe dans "mon" post, quand meme!?
Rédigé par : Le Piou | lundi 08 juin 2009 à 18:31
Huhu, c'est vrai, ou presque. On dit "Caipirinha" au Brésil transcrit "Caïpirinha" en France. Et ambiguïté s'écrit avec un tréma sur le "i". Donc, si on considère que le tréma n'est pas d'une importance fondamentale face aux défis de la modernité, il n'y a en effet aucune fote dans ce post !
N'empêche que l'histoire est hilarante, il faudrait en faire une BD (un peu plus grinçante que PHD comics, qui l'est déjà assez) ;-)
Rédigé par : anthropopotame | lundi 08 juin 2009 à 18:39