Voilà un ouvrage tout à fait nécessaire:
Jean-Claude Génot, 2008, La nature malade de la gestion - La gestion de la biodiversité ou la domination de la nature. Paris, Le Sang de la Terre.
Toutes les vérités qui s'y trouvent sont bonnes à lire: l'approche gestionnaire est un biais qui condamne la nature pour elle-même, aussi bien dans le vocabulaire courant (on ne parle plus que de "biodiversité" et d'écosystèmes) que dans la réalité géographique. On ne laisse plus d'espace aux espaces naturels, on ne laisse pas vieillir les forêts, on intervient à tout bout de champ avec du matériel lourd emprunté aux aménageurs, on se focalise sur des espèces aux dépens des autres et sans égard pour la capacité de l'habitat, et en fin de compte cet esprit gestionnaire, qui a déjà fait des ravages sociaux sous son avatar managérial, ne laisse plus d'autre lieu aux espèces que des lieux gérés et entretenus par l'homme (réduction par exemple des zones intouchables des parcs nationaux).
Jean-Claude Génot a un autre mérite: il déconstruit les discours portant sur les "paysages aménagés", les pâturages entretenus, les mensonges proférés à propos des conséquences de la déprise agricole (présentée comme une catastrophe pour les milieux ouverts, impliquant que l'on entretienne des clairières) alors que la forêt est l'espace naturel et la transformation naturelle des tourbières, des pâturages, des clairières, etc.
Il montre la folie frénétique visant à multiplier les emplois et les fausses certitudes en ingénierie écologique, dans notre incapacité à laisser en paix et en état de non-"valorisation" des espaces que nous n'occuperions pas. Si nous ne les occupons pas, il faut à tout prix qu'ils se transforment en lieux de loisir et de promenade avec des sentiers aménagés et des panneaux indicateurs...
Les aberrations des programmes de gestion sont vigoureusement dénoncées, exemples à l'appui, comme une dérive totalitaire de l'humanité estimant que "la nature est entre nos mains".
Après l'avoir lu, on entend d'une autre oreille ces propos d'éleveurs garantissant la biodiversité de leurs prairies, le cahier des charges leur imposant "au moins quatre espèces végétales" - soit moins que dans les paquets de "gazon rustique" vendus dans les Hyper-U...
Voir aussi:
VILLENEUVE C., 1983, Les animaux malades de l’homme ? Québec
Science
TERRASSON François, 2002, En finir avec la nature, Editions du
rocher
TERRASSON François, 2007, La
peur de la nature. Au plus profond de notre inconscient, les vraies causes de la destruction de la
nature, Editions Sang de la Terre
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