"D'accès difficile, Taiji a conservé son atmosphère des années 1960. Liens de voisinage, de parenté, solidarité vis-à-vis de l'extérieur. Peu au fait des valeurs écologistes actuelles, les habitants réagissent avec une mentalité d'assiégés à ce qu'ils ressentent comme un acharnement "raciste" à dénoncer une pratique ancestrale. Taiji n'a qu'une fierté : son histoire.
"C'est le premier port du Japon où a été pratiquée au XVIIe siècle la chasse organisée aux cétacés avec de petites embarcations guidées par un chef de pêche sur un promontoire à terre", explique un habitant. Alors on appelait la baleine "l'animal courageux", et son arrivée sur les côtes était pour les villageois en manque de protéines animales "un don du ciel".
De belles peintures de la chasse sur rouleaux sont conservées par certaines familles de pêcheurs depuis cinq ou six générations. "Les harponneurs étaient respectés, et aujourd'hui les jeunes sont fiers d'être les successeurs de ces hommes courageux", poursuit notre interlocuteur. "Nous avons aussi toujours relâché des dauphins, mais ça, les étrangers ne le montrent pas", lance un pêcheur.
La chasse aux dauphins est pratiquée dans huit départements au Japon. Et, sur le quota de 21 000 prises autorisées, Taiji n'est pas le premier lieu de chasse. Mais c'est le plus symbolique, car le massacre a pour théâtre une petite crique. Un plus grand nombre de dauphins (13 000) sont tués au large du département d'Iwate (nord du Honshu). Le Japon n'est pas le seul pays à pratiquer cette chasse sauvage : c'est le cas dans les îles Féroé (Danemark), où chaque année un millier de dauphins et de baleines sont exterminés avec la même cruauté, et aux îles Salomon. En Méditerranée, des pratiques de pêche, comme la mattanza ("tuerie"), dont sont l'objet les thons rouges dans les îles de San Pietro (Sardaigne) ou de Favignana (Sicile), sont apparentées à celle des dauphins : piégés dans un dédale de filets qui les conduit jusqu'au dernier à la "chambre de la mort", les thons sont remontés dans un carré formé par les embarcations et crochetés dans une effusion de sang."
Philippe Pons, "Le mercure au secours des dauphins?" Le Monde du 22 septembre
Je ne m'étendrai pas sur ce que l'on appelle "tradition", mais je rappellerai juste qu'il s'agit d'un choix délibéré, et non d'un tropisme ou d'une imposition. Les vidéos de massacres d'animaux vont fleurir de ci de là, j'en fournis une moi-même ci-dessous (qui ne se déroule pas à Taiji mais dans une localité similaire). Rappelons seulement que les tenants des traditions de ce genre ne mentionnent pas les progrès technologiques et démographiques de l'humanité, qui rendent simplement insoutenable, à tous les sens du terme, ces pratiques.
On appréciera particulièrement l'élégance du geste dans l'égorgement final.
Plus d'infos sur le site Sea Shepherd
Rédigé par : |