Comme le voulait Hegel, je lis sagement le canard local tous les matins. Vivant dans un quartier de retraités, le journal auquel j'ai accès - "Posto Seis - Jornal de Copacabana" - porte essentiellement sur les aménagements ad hoc et regorge d'annonces d'angiologues (proposant des scanners en couleur) et cardiologues, de fabriquants de prothèses dentaires ("fiables", c'est leur particularité) et osseuses, d'accessoires anti-dérapants, etc.
Le courrier des lecteurs est une litanie de "Quand mon employée de maison me quitte, à six heures du soir, je n'ose plus sortir de chez moi tant le quartier est devenu dangereux" (c'est le quartier où j'habite également). Une vieille dame a mis en fuite deux voyous avec son parapluie. Une jeune mère de famille expose le cas suivant: "Je voudrais remercier ceux qui prennent soin du square de la Rue Sa Ferreira. J'y emmène quotidiennement mon fils et bien d'autres mères profitent de cet endroit. Je demande simplement à ce qu'on tienne à l'oeil les enfants de rue [garotos de rua] qui dorment à l'entrée du tunnel [qui relie Copacabana à Ipanema]. Ils salissent beaucoup le petit square et peuvent être dangereux."
Pas très rassurant tout cela! Grâce à Dieu, je ne ressemble pas à une jeune maman, mais de crainte que de mini-délinquants ne me prennent pour un retraité, je fais abstraction de mes douleurs articulaires pour arborer l'oeil vif, la démarche féline, et regagner mes pénates en bondissant de trottoir en trottoir, faisant tournoyer mes clés.
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