Avec de vieux amis hier, nous avons parlé de Diego. Il fut le personnage central du Lycée Français d'Athènes durant tout le temps de ses études, c'est-à-dire du temps de l'Institut, rue Sina, jusqu'au grand lycée franco-hellénique d'Aghia Paraskevi.
Evidemment celui dont tout le monde parle est ce garçon charismatique qui drainait des foules aux spectacles de fin d'année, le séducteur incroyable qui parvenait toujours à ses fins, celui qui voulait être acteur et auquel aucun professeur ne pouvait résister, malgré sa profonde incompatibilité avec la concentration et l'étude. Disons qu'il fut celui qui introduisit les Sebago noires, les vestes à manches relevées, le déodorant Brut, le Tae-Kwan-Do et le Smurf au Lycée d'Athènes.
Mais celui qui m'est revenu en mémoire est l'enfant, le bambin même, un plus âgé que moi, et que j'ai brièvement rencontré en Neuvième, avant qu'il ne soit admis à la classe au-dessus (la neuvième doit correspondre au CE2). A l'époque, il portait de grosses lunettes en écaille qui s'avéreraient par la suite superflues. Il était mignon, un peu joufflu, cheveux fins en désordre, toujours assis, bien sûr, au fond de la classe, adossant sa chaise au mur.
Et ce qui me revient de cette année-là, c'est une fois où j'ai été appelé au tableau, et où Diego, depuis le fond de la classe, me faisait de grands gestes qui devaient correspondre, je le suppose, à des équations mathématiques - ce qui était loin d'être son fort. Mais sa gentillesse et la solidarité déployée alors que nous ne nous connaissions pas encore m'avaient profondément touché.
Plus tard, nous découvrîmes que nous étions voisins. Il habitait au-dessus de la pâtisserie Délice, à l'arrière du Hilton, et moi un peu plus haut, dans le quartier d'Ilissia. Alors ce furent des journées folles passées à la maison, où Diego, mon frère et moi, et d'autres amis moins ponctuels, allions arpenter le quartier. Nous devions avoir sept ou huit ans, et je me souviens très bien d'un dimanche où nous étions entrés par un soupirail dans une pharmacie désaffectée, et avions emporté des présentoirs de produits de beauté, comme s'il s'agissait de trésors. Puis, en jouant dans les bois, nous avions entendu qu'une jeune femme qui promenait ses chiens parlait français.
Je ne sais ce qui lui prit, mais Diego se mit à l'interpeller en se cachant derrière les arbres et en hurlant: "Ouais beh moi aussi je parle français!" Elle se mit alors à nous suivre. Nous commencions à avoir très peur qu'elle lâche ses chiens sur nous, et nous décidâmes de quitter le bois pour rentrer chez nous. Mais avant, Diego se hissa sur nos épaules pour lui lancer: "Je sais que je suis con, et alors?"
Tremblant de tous nos membres, comme si Diego avait signé notre arrêt de mort, nous restâmes dissimulés un temps infini derrière un coin d'immeuble, n'osant même pas regarder autour de nous, de crainte qu'elle ne nous trouve.
Mon ami, je ne sais si tu lis ce blog, mais il est temps de t'expliquer !
Sache cependant qu'en y repensant, je trouve que ta question ("je sais que je suis con, et alors ?") équivaut peu ou prou au "Que sais-je ?" de Montaigne.
J'aime beaucoup ce billet
Rédigé par : claudie | lundi 07 déc 2009 à 00:07
tu peux jouer à mon petit jeu, hein :) Avec le décalage horaire "aujourd'hui" c'est "demain" chez toi!!
Rédigé par : Dr. CaSo | lundi 07 déc 2009 à 16:52
CaSo, je ne veux pas avoir l'air de me plaindre, mais enfin tu as bien vu que quelqu'un a profité de mon retard à l'allumage pour envoyer une photo intitulée "l'hiver au Brésil", thème grâce auquel je pensais rafler le prix que tu destines au vainqueur du concours (une tonne de brownie, n'est-ce pas?). Voilà, que dire de plus, sinon que je me sens bafoué, j'aurais pu envoyer plein de jolies photos avec des fleurs, mais trop tard.
Rédigé par : anthropopotame | lundi 07 déc 2009 à 18:31
Ben d'abord y'a pas de vainqueur (c'est pas un concours mais juste un petit jeu), pis ensuite j'en ai marre de la neige alors des tas de fleurs ne me feront pas de mal, loin de là :) Alors ravale ta bafouitude et envoie-moi une photo, nan mais!
Rédigé par : Dr. CaSo | lundi 07 déc 2009 à 20:33
Ami, en dehors de mon monstre aimé, il y a d'autre Diego ?
Et as tu un jour appelé ton ami Diego de la Vega ? qui était le sergent Garcia dans votre bande, toi en Bernardo ?
Rédigé par : evelyna | lundi 07 déc 2009 à 20:55
@evelyna: je ne sais quel rôle je tenais à l'époque. Plutôt attentiste, je crois, assez raisonnable. A distance Diego m'appelle "Sui Generis", je suppose qu'on devait interpréter mon ahurissement comme étant d'un esprit supérieur.
@CaSo: tu as dû le remarquer, je peste contre et tout le monde, j'ignore absolument pourquoi. Cela dit ce serait sympa si tu proposais effectivement un prix pour ces merveilleux concours qui enchantent la blogosphère :)
Rédigé par : anthropopotame | mardi 08 déc 2009 à 08:45
l'anthropopotame aime les carottes !!!!
Rédigé par : Narayan | mardi 08 déc 2009 à 16:03
Lors de mon dernier concours (de cuisine), j'ai offert 4 cadeaux qui m'ont coûtés très cher parce que je suis conne et je n'aime pas acheter des petites merdes pas chères, et les timbres m'ont coûtés PLUS CHER que les cadeaux eux-mêmes! Avec tout cet argent (pratiquement $200), j'aurais pû m'acheter une parka pour survivre mon hiver polaire, alors nan, les cadeaux c'est fini, sorry :) On joue pour le plaisir et c'est tout!
Rédigé par : Dr. CaSo | mardi 08 déc 2009 à 19:14
Pratiquement $300 je veux dire :(
Rédigé par : Dr. CaSo | mardi 08 déc 2009 à 19:15