Petite note rapide - très peu de temps ces jours-ci.
Toujours à propos de Michel Serres, je vois bien le reproche que m'adresse Jean-Michel de déplacer le débat sur la question de l'animal. Mais le problème (au sens philosophique du terme) demeure identique si on déplace la question de la représentation d'un animal à titre d'individu, d'espèce, ou de membre d'une collectivité qui serait un écosystème.
Le point que soulève Michel Serres dans le Contrat Naturel, point repris et approfondi par Bruno Latour dans Politiques de la Nature, est celui de la représentation du monde naturel dans les processus de décision mis en place par les humains. Dire que "la nature est muette" ou "n'a pas voix au chapitre" n'a aucun sens précisément parce que la loi est faite par les humains, et qu'elle est ce que l'on voudra qu'elle soit. Si l'on pose que le monde naturel doit être représenté, il le sera par une instance à déterminer, c'est aussi simple que cela. C'est la loi qui fait la réalité, qui en pose les conditions, et non l'inverse.
Enfin, la question de la représentation est un faux débat. La Justice est précisément le lieu où tous les intervenants s'expriment "au nom de". L'avocat s'exprime au nom de son client, le procureur au nom de la société, et le juge rend sa décision au nom du peuple français. Qui donc se lève pour dire "non, la société ne réclame pas cela!" ou "non, le peuple français pense différemment!"?
Voir la note "mes confrères, avocats de la vermine" par Fantômette et la discussion qui suit la note "Une vie de cochon", toujours avec Fantômette.
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