Je suis allé au cinéma, hier soir, avec la belle D. Nous avons vu Shutter Island, malgré mes préventions contre ce genre de films qui me donnent des cauchemars - nuit horrible après Jennifer's Body par exemple, des cadavres posés partout en travers de mon lit.
Epouvantable huis-clos au grand air, atmosphère étouffante, tout ce que l'on voudra, mais nous avons remarqué, au moment où la petite est retirée de l'eau, qu'elle bougeait encore. Evidemment, Scorsese est tenu de respecter la législation qui interdit de tuer des enfants pour le besoin d'un film. J'approuve, tout en déplorant l'effet d'un enfant mort noyé mais respirant sur l'illusion dramatique. J'en ai déduit que cette fillette, sans doute, était une actrice ayant signé un contrat avec la production, et non un enfant de rue recruté pour cette unique scène.
Plutôt rassurant, donc.
Eh bien, malgré ce constat, j'ai quand même fait des cauchemars. Voilà bientôt trois ans que Muriel et moi sommes séparés. Mais que vaut cette séparation si elle revient pour ainsi dire chaque nuit ? Comment aborder une vie nouvelle quand on retrouve son ancienne vie tous les soirs, comme si l'on rentrait chez soi ? Une colère aussi vive, ayant duré plus d'un an, une incompréhension si totale, asphyxiante, qui m'a percé le poumon, retombant peu à peu mais n'émergeant sur rien.
C'est, hélas, un phénomène couramment observé chez les fantômes: ils sont morts et ne le savent pas.
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