La lecture du Monde m'a requinqué ce matin - une fois n'est pas coutume. Un éditorial inhabituellement virulent de Fottorino à propos de la dernière intervention télévisée du chef de l'Etat, une pression exercée par Obama sur Netanyahou, et soudain on a l'impression que les discours répétitifs masquant l'indécision et le manque de courage ne font plus illusion, ne servent même plus de support à une pseudo-analyse, ne peuvent plus valoir comme viatique. Il faut trouver autre chose que de la propagande articulée en politique. Sans parler de la décision enfin prise de ne pas abandonner la Grèce, ce qui aurait signé la fin de l'Union Européenne.
Une fois encore, la devise britannique "Fais ce que dois" me paraît la plus adaptée à la situation actuelle.
Léger cafard ces derniers jours, plus prégnant hier où les mésaventures se sont accumulées. Je me suis tourné vers le cinéma et j'ai vu quatre films en deux jours.
Le premier est "Fais-moi plaisir" d'Emmanuel Mouret. Un jeune homme découvre une formule irrésistible de séduction et son amie l'autorise à en faire usage pour un soir. Il se trouve donc invité chez la fille du président de la République et finit par raccompagner sa femme de chambre, puis par rentrer chez lui. Le film commence faux comme du Rohmer, passe par des scènes burlesques comme du Labiche, et finit tendrement comme... Oui, il y a des limites à la comparaison, car ce qui marque le film c'est d'être tendre, sympathique, masquant sous des dehors de vaudeville des situations tendues émotionnellement par le désir. Certaines scènes m'accompagnent encore, elles sont à la fois drôles et douces.
Par contraste, "Janis et John" que j'ai vu dans la foulée, partant d'une bonne idée, est un film dépourvu d'amour. Il accentue notre misère de manière gratuite, car cette misère a toujours trouvé sa compensation dans l'amour que l'on éprouve ou que l'on fait éprouver. A trancher dans les rapports des personnages comme on fend des bûches, le réalisateur m'entend lui adresser le reproche que Trintignant adresse à Sergi Lopez: je me fous de votre argent, je veux votre amitié.
"Alice au Pays des Merveilles" vu avec ma soeur qui l'a bien aimé. L'actrice qui joue Alice est en effet peu semblable à ces jeunes premières un tantinet guimauve, elle est carrée, ossue, elle a du caractère... Mais à part elle, si l'on regarde de près le scénario, on voit beaucoup de paresse, une syntaxe empruntée à Lewis Carroll mais une histoire recousue sur les séries B. de Walt Disney, avec des prophéties, des enfants appelés à lutter, à sauver des royaumes et/ou à en prendre la couronne (Chroniques de Narnia 1, 2, 3, 4 , 5 & 6). Qu'importe après cela qu'un peu de magie à la Burton vienne traverser le film, si l'on doit se farcir un énième "reviendras-tu nous voir?" - "Je ne t'oublierai pas"... etc.
Enfin, "Whatever works", le dernier ou avant dernier Woody Allen, vu chez moi hier soir au retour d'Alice. M. la Jolie avait aimé ce film car disait-elle le personnage principal (Larry David) lui rappelait moi. Le film était doublé en français (pas eu le choix sur le VOD) et la voix de la jeune actrice, un peu nasale et exclamative, lui donnait un certain charme. Si je vois un rapport entre le film et moi, c'est bien dans l'aversion immédiate qu'éprouvent les parents du Sud pour leur nouveau gendre, et les manoeuvres qui s'ensuivent pour éloigner de lui la jeune fille.
Moui, je me réfugie parfois dans un humour un peu noir, en particulier lorsque je suis entouré de gens de bonne volonté, prêts à tout pour maintenir un consensus. Car nous avions un pique-nique de travail hier au sujet de notre nouveau programme sur les savoirs territoriaux, dont nous savons assez pertinemment qu'il ne nous mènera nulle part.
Il peut sembler paradoxal que je tienne publiquement des propos offensants concernant les handicapés, les homosexuels, les sinistrés ou les Polonais et que je réclame d'un film qu'il dispense un tant soit peu de tendresse ou d'amour. Je crois que l'amour comme la tendresse s'offrent ou se gagnent et ne devraient pas substituer une éthique, qui se forge, sinon dans la douleur, du moins dans une réflexion pas forcément plaisante. L'éthique devrait guider nos comportements, et l'amour ou la tendresse rendre ce monde vivable.
Je n'ai pas du tout aimé Alice au pays des merveilles. C'était même pas un "beau" film...
Rédigé par : Dr. CaSo | dimanche 28 mar 2010 à 07:05
Si tu es d'accord avec moi, je ne vois pas pourquoi je ne serais pas d'accord avec toi :)
Rédigé par : anthropopotame | dimanche 28 mar 2010 à 10:17