C'est un fait connu de la science: les réseaux virtuels gagnent à être confortés par des contacts physiques épisodiques. C'est la raison pour laquelle j'avais invité, hier, Narayan et Dr CaSo, de passage à Paris, à déjeuner.
Passons sur les efforts qu'il me fallut déployer pour préparer ce succulent repas:
La photo n'est pas très jolie, mais le tzatzik et la horiatiki étaient de moi. A droite, le verre d'eau et le morceau de pain entamé par CaSo que j'ai décidé de conserver en l'état, pour le cas où l'on ouvrirait un Musée Anthropopotame (ou un Musée CaSo).
Ce déjeuner était crucial car il s'agissait d'obtenir de CaSo, bien mignonne avec ses jolis cheveux rouges, qu'elle me confie la liste de ses lecteurs afin que je puisse lancer une opération séduction (le blog Anthropopotame subissant en ce moment une scandaleuse désaffection). Comme j'ai déjà siphonné le potentiel de lecteurs de Narayan, sa présence était purement ornementale. J'aurais aisément pu m'en passer, mais comme c'est elle qui avait suggéré l'idée de cette rencontre, et qu'elle connaissait mon adresse, il me fallut acheter quatre dolmas de plus.
Eh bien, d'un point de vue anthropologique, une idée forte a émergé de ce repas: les femmes ont beaucoup de choses à se dire. Tous les bons mots, aperçus incisifs, thèmes de débats que j'avais préparés sous forme de petites fiches sont passés à la trappe. Les béquilles de Dr CaSo sont restées sagement posées à côté d'elle, elle n'a pas eu à s'en servir pour m'en donner, comme promis, des coups sur la tête.
Et tandis que CaSo et Narayan se plaignaient de tous ces amis qui ne cessaient d'organiser des fêtes en leur honneur, s'intéressaient à leur état et prenaient la peine de leur trouver des surnoms, mon esprit dérivait vers mes propres amis, dont je n'ai aucune nouvelle depuis bien des années.
Prenons l'exemple de mon "ami" Gérard C.
Je l'ai sélectionné comme ami car il fait partie du conseil éditorial d'une revue fameuse, Pommologie Française. J'envoie un article à cette revue, un article fin, dont tout le monde s'accorde à dire qu'il est passionnant quand on arrive à le lire jusqu'au bout. Gérard C. m'annonce que l'article lui est passé entre les mains. Je feins de m'étonner, lui envoie un gros chèque et une caisse de Pommery.
Puis la revue me donne sa réponse: au dernier conseil éditorial, on a décrété que mon article était trop passionné, en outre je m'en prenais nommément à deux chercheurs et indiquais en note l'école où vont leurs enfants.
Eh bien, ce jour-là, le même Gérard C. m'écrit un mail langoureux où il déclare être en train de boire un Daïkiri au Bar des Palmistes, à Cayenne, abrité du soleil par son chapeau colonial et de la crème Nivea protection 30. Il poursuit en évoquant longuement sa condition de forçat de la recherche, comme si cela devait m'intéresser.
Où est l'amitié, là-dedans? Pourquoi n'était-il pas à ce conseil de rédaction où l'on rejeta mon article? Pourquoi refuse-t-il de me rendre mon argent?
ah tiens, voila que je me transforme en plante verte ;-)
Je témoigne néanmoins ici que ce repas était délicieux, garanti sans OGM et respectueux de l'environnement si l'on excepte les tonnes de clopes que nous avons grillées ... Un vrai pur moment de bonheur donc.
Rédigé par : Narayan | jeudi 03 juin 2010 à 09:55
oui, et sans viande :)
Rédigé par : anthropopotame | jeudi 03 juin 2010 à 15:42
Quelle belle table chez l'anthropo!! Comme quoi on peut être bougon et accueillant :)
Quant au résumé, si c'est une idée sérieuse, je ne suis pas pour.
Rédigé par : OLivier | jeudi 03 juin 2010 à 20:57
C'est vrai que le repas a l air delicieux.
A mon prochain passage par la capitale, je m invite ..
Rédigé par : mouton | vendredi 04 juin 2010 à 18:20
Rohhh, quelle réputation vous me faites cher ami! (Mais pour résumer, moi aussi, c'était effectivement très sympa et très bon :)).
Rédigé par : Dr. CaSo | mardi 15 juin 2010 à 02:22