Pour répondre à Narayan, je voudrais soumettre au lecteur cette vidéo publiée sur YouTube, où l'on voit un torero se faire encorner très cruellement. Je ne souscris pas aux commentaires du type "Bien fait, c'est la revanche du taureau" qui accompagnent inévitablement ce genre de drames.
Voici la vidéo, mon commentaire vient ensuite:
Ce que j'observe, c'est qu'une fois le torero blessé, des gens se portent à son secours, et on l'évacue.
Si l'on veut à tout prix définir la corrida comme un combat, ou une lutte, on ne voit pas pourquoi, aussi désespérée soit la situation de l'humain, il faudrait venir à son aide. Il s'est mal battu, a mal combattu, a mal lutté, ce que l'on voudra, et en toute logique il lui faudrait se défendre jusqu'au bout.
Le taureau, lui, est bardé de banderilles, on le laisse pisser le sang, on lui sectionne les tendons soutenant la nuque, mais à aucun moment on ne l'évacue vers une clinique vétérinaire. Qu'il perde ou qu'il gagne, il sera abattu. Et chaque torero en expédie six par soirée, ce qu'on appelle, rigoureusement, de l'abattage.
Il ne s'agit donc pas d'un "combat", mais bien d'une mise à mort ritualisée où il n'a jamais été question de laisser une porte de sortie au taureau. Cette forme d'abattage vaut ce qu'elle vaut, et on est en droit d'estimer qu'elle ne rend pas les humains qui la pratiquent très estimables.
D'autant, et c'est ce que je soulignais dans "D'or et de lumière", que tout cela vient accompagné de commentaires larmoyants, sirupeux ou épiques aux sirènes desquels se laisse prendre cette partie de la population qui n'a pas d'avis tranché et ne mettra jamais le pied dans une arène.
A présent, les conditions régnant dans les abattoirs ne sont pas plus réjouissantes, comme le montrent ces images d'un couloir de la mort ; elles sont mêmes plus atroces dans leur banalité, mais l'un n'excuse ni n'adoucit l'autre, et les deux sujets doivent demeurer séparés.
Sur un sujet similaire:
Encore une fois, vous pensez qu'en annulant les arguments faibles vous rendrez votre raisonnement fort. La corrida ne consiste pas dans un combat mais dans une lutte asymétrique, qui l'eût cru ! Pour continuer dans la facétie, je vous conseille d'écrire à l'Assemblée pour vous joindre à Madame Bardot qui s'est fendu d'un courrier pour soutenir un projet de loi relatif à l'interdiction de la corrida.
Plus sérieusement, ce blog prend un malin plaisir à taper sur des cibles qui ne le fréquentent pas et qui ne sont pas prêtent d'en sentir l'effet (les chasseurs, les "écolo-sceptiques", les amateurs de corrida, les militants droitiers, etc. ). Je ne voudrais pas faire de psychanalyse, mais je trouve le procédé étrange : savez-vous ce que vous cherchez cher Anthropopotame ?
Rédigé par : bardamu | samedi 07 août 2010 à 18:06
Vous êtes un peu cruel, cher Bardamu. Que devrais-je faire selon vous? Taper sur les points sensibles de mes lecteurs? Me montrer xénophobe? M'en tenir à de petits textes à portée esthético-morale?
Rédigé par : anthropopotame | samedi 07 août 2010 à 18:17
Je préfère largement ce texte au précédent. En effet, et quoique tu puisses en penser, je ne suis pas à compter dans les ardents défenseurs de la corrida. Ainsi, je n'ai jamais compris pourquoi les taureaux graciés n'étaient pas ceux qui avaient gagné le combat. Car ceux ci ont fait preuve de bravoure, d'ardeur, toutes qualités recherchées dans les toros bravas. Ils ont montré des qualités indéniables, et dans l'affrontement inégal sont sortis vainqueurs. Et pourtant, ceux là sont irrémédiablement condamnés.
Le taureau gracié est celui qui est allé au bout du spectacle, pas celui qui l'a assuré ...
Rédigé par : Narayan | samedi 07 août 2010 à 21:57
Merci Narayan :)
Mine de rien, Anthropopotame doit être le seul blog de France à disposer ainsi d'un comité de rédaction!
Rédigé par : anthropopotame | samedi 07 août 2010 à 22:04