Je suis passé à la Grêlerie ce matin, rendre visite à mon petit troupeau.
Des dizaines de voitures stationnées pour une battue au sanglier. Mais dans la ferme, tout est calme.
« Elles sont séparées maintenant », me dit Jérôme. Basilic est rentré, il est au fond de l’étable avec 14 génisses ; pour lui c’est le bonheur absolu, il court d’une vache à l’autre, renifle, caresse, donne de petits coups de corne à ses nouvelles amies. Je suis entré pour le saluer, et il fut le premier à fuir. Quelques génisses sont venues à pas menu pour me voir, assis sur le paillis, puis Basilic s’est approché, passant consciencieusement son museau sous les jets d’urine qui se présentaient, pour mieux les flairer et les goûter, en connaisseur. J’ai bien compris que ma présence lui importait peu, et dans sa situation sans doute aurais-je fait pareil.
Dans la stalle opposée, Cristina, Marcia et Madalena. Marcia la blanche a perdu son veau, elle en a adopté un autre refusé par sa mère, m’explique Jérôme, mais ce veau « fait peine à voir », il est solitaire et malheureux, craint le contact, et va déjà brouter alors qu’il n’a pas deux mois de vie.
Jérôme me raconte qu’ils sont allés à un concours de Blondes, hier : « Vous avez emmené qui ? » lui dis-je. « On a emmené personne, on voulait voir les taureaux. » Il me dit avoir apprivoisé une vachette, et m’emmène la voir : en effet celle-ci se laisse frotter sur tout le corps et même tirer les oreilles ; Jérôme se demande si les autres se familiariseront avec lui à travers ce contact.
Je retrouve Cyril, lui offre la machette – ça sert à tout lui dis-je, à ouvrir un chemin en forêt, à se curer les ongles, à trancher un poisson. « Basilic, là, ah là il est heureux. On n’a pas eu à lui expliquer longtemps pourquoi il rentrait à l’étable, il s’est mis en route tout seul, on pouvait à peine le suivre ». Nous entrons dans les stalles d’engraissement, il passe immédiatement au neutre : « tout ça, ça va partir, il nous faut de la place » ; et c’est le défilé des mauvaises mères, des taurillons bouffis, des Charolaises dont ils vont se défaire. On apprend vite à les regarder à peine, à les effleurer du regard, à s'en désintéresser.
Je suis parti à onze heures, après un café chez Isabelle.
Sur la route de la Grêlerie aux Lucs, je pensais combien j'étais heureux. Je connais si peu ce sentiment, je ne sais qu’en faire, ni comment l’exprimer. Et je songeais qu’il vaudrait peut-être la peine de lancer la voiture dans le fossé, et de mourir ainsi, frappé en pleine ivresse. De crainte que cela cesse, de crainte du moment inéluctable où ce sentiment d’être enfin maître de moi disparaîtra avec l’hiver.
Quand on se sent comme ça, il ne faut penser ni à l'avant ni à l'après. Juste laisser ce bonheur rayonner partout en soi.
On y repensera plus tard, assis devant la cheminée par une longue soirée d'hiver. Ca réchauffera le coeur. Mais pour l'instant, sois heureux, et c'est tout! :)
Rédigé par : Llyn | samedi 25 sep 2010 à 14:09
Je vous l'ai déjà dit. Je comprends pas pourquoi vous vivez à Paris.
Les vrais moments de bonheur sont ominprésents mais pour les voir, il nous faut arrêter nos pensées, en toute simplicité et savourer l'instant!
Rédigé par : Guga | samedi 25 sep 2010 à 16:22
Retour de Guy Béart, l'insoumis. Nouvel album et une complilation en 3 CD pour les 80 ans du chanteur (dixit Le Monde de ce WE). Qu'on est bien (dans les bras d'une personne ...), L'eau vive, Bal chez temporel.
Rédigé par : evelyna | samedi 25 sep 2010 à 16:30
et les souliers...
Rédigé par : Guga | samedi 25 sep 2010 à 18:31
Bon, les filles, vous savez quoi m'offrir pour mon anniversaire :) Je précise que c'est en décembre.
Rédigé par : anthropopotame | samedi 25 sep 2010 à 18:37