Logistique, calendrier, répartition des tâches
La préparation du terrain de Cunani s’est déroulée en deux étapes : une première visite (prise de contact) en octobre 2007, pour le compte du Parna Cabo Orange (juste le temps d’un aller-retour au lac Tralhoto). Pour la mission d’août 2010, des négociations ont eu lieu avec les responsables du Parc National Cabo Orange (Kelly Bonach et Ivan Machado) afin de faciliter la logistique et les autorisations (le projet est passé comme étant inclus dans le programme de tourisme équitable « Tartaruga imbricata »). Du côté de la Guyane, Bruno Soligon, chef d’entreprise, nous a assuré de son soutien (transport aéroport Roura, puis hébergement, puis transport Roura St-Georges).
Calendrier du séjour : arrivée Cayenne 10/08 ; nuit du 10 au 11 à Roura ; 11/08 Roura-St Georges-Oiapoque ; nuits du 11 et 12 à Oiapoque ; 13 août Oiapoque-Calçoene-Cunani ; séjour à Cunani du 13 au 29 août (sauf D. et V. à Calçoene du 21 au 25 août) ; 29 août Cunani-Calçoene-Oiapoque ; 30 août : séparation de l’équipe.
Du point de vue scientifique, la mission avait fait l’objet, dans le cadre du programme, de deux protocoles : un anthropologique, focalisé sur le lien au territoire, et un ethnobiologique, consacré aux usages, pratiques, et calendriers d’activité. Le protocole géographique ne nous est pas parvenu.
Les problèmes rencontrés furent les suivants :
- Cunani compte aujourd’hui très peu de foyers, et quasiment aucun jeune adulte ou adolescent ; l’échantillonnage était donc faussé dès le départ.
- Les visites aux abattis ont été compliquées du fait d’un décès dans une des principales familles, interdisant à ses membres d’y pénétrer sous peine de perdre la récolte. C. a cependant réussi à arpenter un nombre conséquent d’abattis et donc accomplir la tâche qui lui incombait.
- E. s’est retrouvée sans protocole précis, devant maîtriser des outils complexes. Il lui fut proposé d’aller au plus loin dans les parcours des habitants, en pirogue et à pied. A pied, le rayon maximal fut de trois km (chemins non entretenus). En pirogue, 27 km en aval (jusqu’à l’embouchure) et une douzaine de km en amont. Nous avions peu d’essence et la remontée de l’embouchure à Cunani, où nous comptions nous arrêter dans toutes les Vilas, fut entravée par une panne de moteur, nous obligeant à remonter à la rame. En dépit de ces obstacles, E. a fait au mieux et le résultat est satisfaisant.
- Les questionnaires posaient un problème professionnel essentiel : pourquoi avoir fait d’un petit éventail de questions un vaste questionnaire incluant des questions sur les lieux ? Une telle approche est incompatible avec l’enquête anthropologique et indispose nos interlocuteurs. De plus, au vu du faible nombre d’habitants, il s’est avéré délicat de mener de longs entretiens non dirigés alors que les personnes interrogées venaient d’être sollicitées par le questionnaire et l’enquête portant sur les pratiques agricoles. Il fallut donc se résoudre à laisser venir les habitants disposés à entrer dans des conversations aléatoires. Les données rassemblées sont toutefois satisfaisantes.
- Le séjour en ville, prévu de longue date, de D., a posé un problème lorsqu’il s’est agi de lui choisir un accompagnateur. E. et C. étant sur le terrain, j’ai dû me résoudre à me séparer de V. qui n’a pu, dès lors, se consacrer à l’enquête ethnobiologique. Les fondements de ce séjour en ville n’avaient pas été suffisamment explicités ; dans mon esprit, il s’agissait de vérifier la complémentarité des deux populations (celle de Cunani et sa diaspora) dans le cadre des espaces d’usage. D. avait compris qu’il s’agissait de compléter l’enquête sur la population locale en agrégeant des informations complémentaires sur les migrations. Les résultats sont satisfaisants mais ne répondent entièrement ni à la première option, ni à la seconde. Il aurait fallu établir clairement, au niveau du programme USART, le pourquoi des séjours en ville.
- Concernant la logistique et la contribution de l’ICMBio, nous n’avons rencontré aucun problème sinon des impondérables (état de la route). Nous avons convenu que nous remercierions l’ICMBio dans toutes nos publications, cependant qu’ils citeraient le programme USART chaque fois qu’ils feraient usage de nos données (nous n’avons pas clairement établi ce qui leur revenait, et notre enquête a fort peu porté sur le tourisme).
- Les habitants de Cunani nous ont réservé un excellent accueil, en partie parce que j’étais déjà venu, mais surtout parce qu’une équipe majoritairement composée de jeunes filles suscite la sympathie des gens. Il n’y a pas eu de malentendu quant à la raison de notre présence : j’ai bien spécifié que nous n’apportions aucun projet, que nous ne travaillions ni pour l’IBAMA ni pour l’INCRA. L’adhésion des habitants à notre démarche, en particulier à l’heure de dessiner la carte collective, a été remarquable, en dépit du fait qu’une autre équipe avait effectué un travail similaire au mois de février 2010, pour le compte de l’ICMBio.
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