Je dois avouer qu'il n'est pas du tout facile d'observer son propre chat. Tandis que le chat m'observe, guettant les gestes annonciateurs de la distribution de pâtée RonRon, je vaque à mes affaires, caressant mollement la peluche qui vient se frotter à mon museau, gambader sur le clavier, m'écorcher les cuisses.
Pourtant ce petit minou a franchi brillamment deux épreuves: le retour à son jardin natal, et la rentrée à Paris, après cinq jours de vie sauvage.
A la campagne, Minou a retrouvé deux soeurs et quatre cousin(e)s (dont l'un s'est fait écraser la veille de notre départ). Pas déstabilisé du tout, il a joué les caïds, passé de longues heures dans la forêt, tenté d'organiser une tournante avec sa soeur, et sagement passé la nuit avec le chien. Les autres chats l'ont bien reçu, avec cette déférence qu'ont les gens de la campagne envers les Parisiens, porteurs de civilisation. Il était très difficile d'attraper Minou pour lui faire des câlins: il préférait se promener dehors ou explorer la maison.
Pour le retour à Paris, même schéma: je ne sais si c'est l'effet des calmants, mais la transition s'est opérée sans accroc, Minou retrouvant son rythme à l'instant (donc faire le guet devant la porte du frigo). Il a tout de même été particulièrement câlin toute la journée d'hier et cette nuit, sans doute à cause du lexomil.
Il commence à vocaliser et à exercer sa voix à l'expression de nuances: il y a une différence marquée entre le bruit de gorge destiné à attirer mon attention, et le son plus doux qu'il émet lorsque je le regarde et que je lui parle. Il découvre le confort de mes genoux dans la journée, et a testé cette nuit la position qu'aimait Darlingo, mon ex-chat, le long de ma poitrine et tête en bordure de la couette. Nous apprenons mutuellement la gestuelle qui permet à nos corps de se mouler l'un à l'autre.
C'est comme si j'acquérais progressivement du sens pour lui, ou comme si les sens se déployaient: l'humain devient riche de significations pour le chat; d'abord ouvreur de portes et pourvoyeur de nourriture, puis interlocuteur, coussin et compagnon de jeu. Ce ne doit pourtant pas être facile, vue la différence de taille, de se focaliser à la fois sur mes pieds, mes mains et mes yeux.
Par ailleurs, nous avons un point commun: nous sommes pareillement méticuleux et ordonnés. Car j'ai, en déplaçant le lit, découvert toutes ses boulettes de papier parfaitement alignées.
Voici en tous cas deux photos qui montrent les différences d'intensité du regard, où le degré d'ouverture des paupières joue un rôle, mais pas uniquement:
Mes lecteurs antichats trouveront la différence bien subtile. Mais les autres confirmeront sans hésiter, dans le premier cliché, une ressemblance avec le regard de Stefano Accorsi dans l'Ultimo bacio, tandis que dans le deuxième transparaît le côté malicieux de Pénélope Cruz dans Belle époque.
Malicieux mais déterminé, le deuxième regard, comme George Clooney dans In the Air.
Ce que je trouve génial c'est que tes connaissances d'anthropologie te permettent d'observer mieux et de comprendre ce chat beaucoup plus rapidement que ne le feraient monsieur et madame tout le monde :)
Ceci-dit, je pense que rapidement, tu n'auras plus besoin de le droguer pour les voyages. Le chat de mes grands parents fait maintenant régulièrement les trajets entre Paris et le Loiret sans broncher.
Rédigé par : Dr. CaSo | samedi 30 oct 2010 à 20:33
Non CaSo, je suis complètement gâteux. Là je reviens de chez le voisin qui fêtait son anniversaire et j'ai crâné avec Minou qui me suit partout et répond au doigt et à l'oeil.
Je crois que je vais le dresser à faire des tours et on gagnera plein d'argent!
Rédigé par : anthropopotame | samedi 30 oct 2010 à 20:38
Oups, un chat multifacettes (je ne résiste plus là, la bestiole me fait commenter... euh bonjour anthropopotame)
Lanceur de couteau ou pistoléro de western spaghetti (Clint Eastwood non ?) et puis girl voluptueuse à la Tex Avery. Dans tous les cas, amateur de canapé et de vêtements noirs. ^_^
Rédigé par : lynxxe | dimanche 31 oct 2010 à 11:40