Soir. Devant le feu, après une longue promenade dans la campagne grise, et verte, et froide. Tout, autour de nous, suggérait l’Irlande, la pluie, les vieilles pierres.
A présent mon petit chat argentin travaille à son doctorat, le chien soupire sous la table et le soir tombe lentement.
Cet après-midi, alors que nous jouissions du spectacle de la famille de chats faisant sa toilette à qui miaou-miaou, sur le parvis ensoleillé de la maison, nous avons entendu un « bang » suivi de cris déchirants. L’un des sept chats, percuté par une voiture, rentrait en hurlant se réfugier dans le jardin.
Nous ne l’avons plus revu. Je venais juste de dire que c’était le plus laid des sept, et je ne suis pas fâché de voir la sélection naturelle œuvrer dans mon sens. « Mais tu n’aimes pas les animaux ? » me demande mon petit chat.
« Voyons mon petit chat, j’aime des individus, pas des espèces. Que ce chat se fasse écraser, je m’en fiche. Et ces sept chats, incapables de s’éloigner de la maison, restant là à nourrir leurs puces dans l’attente de croquettes, alors que le jardin leur tend les bras, pourquoi devrais-je m’y attacher ? »
Il faut dire que j’avais été réveillé en pleine nuit par les piqûres de puces singulièrement agressives, au point que les parasites amazoniens semblaient d’aimables plaisantins à côté.
Dans notre trou perdu en Turquie ce sont en général environ 15 chats du quartier qui viennent quémander quelques miettes à chaque repas... Des grands, des petits, des farouches, des familiers.
Et chaque année un de ces chats vient mettre bas quelque part dans le jardin, une portée de 3 ou 4 chatons... Évidemment à la fin peu de chatons survivent. Quand vient l’hiver notre trou perdu se vide de ses habitants, les poubelles restent vides, et puis il y a aussi des chiens errants dans le quartier.
Avec une petite simulation sous Excel (un modèle ultra-simple avec une mortalité constante) et en prenant 4 chatons par portée, je trouve qu’il faut une chance de survie d’environ 30% par an pour avoir une population de chats stable.
Alors bon an mal an les sentiments s’adaptent à la réalité statistique : le chaton du quartier avec lequel je joue sur la terrasse a seulement une chance sur trois d’être encore là le printemps prochain, et deux chances sur trois d’avoir une mort misérable.
Rédigé par : JX75 | jeudi 28 oct 2010 à 22:42
En Turquie, JX75! Et de là tu consultes mon pauvre blog?
J'ai connu la même chose en Grèce avant que les chats de rue ne soient éradiqués. Mais en Vendée, c'est toujours la même famille de chattes hyperprolifiques qui se repassent le flambeau de mère en fille.
Rédigé par : anthropopotame | vendredi 29 oct 2010 à 14:00
C’est compliqué... Je vis à Paris mais ma meilleure moitié vit là-bas. Les ramassages massifs de chats et chiens errants, arrivent régulièrement en Turquie aussi. Il vaut mieux être prévenu pour mettre à l’abri les bestioles auxquelles on tient.
J’ai découvert ce blog par hasard en cherchant des informations sur cet hurluberlu de Sylvain Souklaye.
Rédigé par : JX75 | vendredi 29 oct 2010 à 19:16