... contre le travail infantile.
Parmi les causes susceptibles d'être embrassées par le plus grand nombre, la lutte contre le travail infantile figure en bonne place. Mes lecteurs, sans aucun doute, y adhèrent de tout coeur, et s'il faut reconnaître qu'un enfant est mieux à même de se faufiler dans le boyau d'une mine, et donc d'en être extrait après un éboulement, on conviendra qu'il est préférable d'y cantonner de vrais mineurs.
Bien sûr, des théories d'avant-garde, développées ici-même, suggèrent que toute activité rémunérée exercée par un enfant est bonne à prendre, si l'on conçoit le foyer comme une coopérative où chacun fournit sa quote-part. Si mon Anthropopotame Junior (en projet) désirait, disons, des Nike ou des Reebok, je l'encouragerais vivement à enfiler un bleu de travail et à pointer à l'usine.
Mais s'il faut dénoncer un scandale, c'est bien celui des enfants malais, cingalais, bangladais ou birmans affectés à la fabrication de vêtements.
On évoque souvent les relents méphitiques qui s'échappent des cuves, la manipulation de textiles suintant de colorants chimiques dont l'excédent s'écoule dans le Brahmapoutre ou le Gange, le bruit assourdissant des machines à coudre, les contremaîtres adolescents tirant l'oreille de leurs cadets, et cela pour trois roupies tout au plus.
Or on passe sous silence un fait essentiel à tous ceux qui, comme moi, aspirent à une allure impeccable: c'est l'incapacité constitutionnelle des enfants de 4 à 8 ans à coudre correctement un bouton. Aussi, que m'importe que ma chemise me coûte dix euros, et mon pantalon quinze, si je dois moi-même assurer le service après-vente? Le consommateur est-il condamné à réparer, recoudre, reteindre lui-même ces pièces de vêtements malmenées par des doigts gourds?
S'il convient, donc, d'adopter une position mesurée à l'égard du travail infantile, afin de respecter les traditions locales, suggérons que la fabrication de vêtements ne soit autorisée qu'une fois achevé le développement psychomoteur. Ainsi, tout un chacun sera satisfait, en particulier le consommateur européen, soucieux d'élégance et de vêtements bon marché.
Du grand Anthropopotame. :)
Rédigé par : Dodinette | vendredi 15 oct 2010 à 05:05
Au passage, je crois que ce sont les machines qui cousent les boutons. La mienne a une fonction "bouton" (à ne pas confondre avec "boutonnière") que je n'utilise jamais, mais je mettrais ma main au feu que le problème réside là bien plus que dans le développement psychomoteur de ces pauvres petits.
Rédigé par : Dodinette | vendredi 15 oct 2010 à 05:06
Tu crois? Dans ce cas, ce sont probablement des enfants qui fabriquent ces machines, car mes boutons sont systématiquement mal cousus :(
Rédigé par : anthropopotame | vendredi 15 oct 2010 à 07:39