Imaginons que vous ayez affaire à un artisan indélicat.
Dans un régime libéral, il est mal vu de s'en plaindre: l'artisan peut fermer ses portes, licencier ses employés.
Mieux vaut, donc, mettre en place un numéro d'appel "SOS artisans indélicats" - appel surtaxé évidemment, et dont la conclusion invariable sera: pourquoi n'avez-vous pas pris une assurance?
On verra alors fleurir, si ce n'est déjà fait, sur le comptoir de chaque agence, un prospectus vantant la nouvelle assurance destinée à vous protéger de l'indélicatesse des artisans.
Ainsi en ira-t-il, pour les travaux mal faits, les enfants mal éduqués, les déni de justice. Un sous système économique fleurira à l'ombre de l'incompétence et de l'indélicatesse, dont rien ne dit, évidemment, que les services qu'il rendra seront marqués par la compétence et l'honnêteté.
Je me demande tout de même, parfois, comment certains peuvent rentrer le soir et se satisfaire à l'idée du travail mal fait, ou de la totale inutilité des services qu'ils proposent.
C'est sans doute que les tensions sur le marché du travail, et la quête effrénée d'un gagne-pain, rendent caduques les vieilles lubies d'utilité sociale et de conscience professionnelle.
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