Soirée Brassens. Quelques notes prise samedi dernier.
Monté sur l'escalier qui surplombe la scène. Soudain j'ai le village de Saints sous les yeux.
Tous absorbés, à la fois béats et mélancoliques.
Ce que Brassens remue en nous. Femmes enfants et hommes, en ce moment ils ont tous le même âge.
Petit garçon allongé qui dort, couvert d'un manteau.
Gervaise assise sur une marche couvant son public. Didier m'offre une bière.
Il y a une vielle et un accordéon.
Ils ont chanté la Marine et tous nous voilà bouleversés.
Plus tard chacun entonne "Nous au village aussi on a de beaux assassinats".
Des petites filles mangent des crêpes qu'elles ont rapportées avec mille précautions.
Les hommes chantent Fernande et les femmes 95 fois sur cent.
Quand c'est fini elles se retournent pour fixer le mur: la liste des chansons à venir y est affichée.
Comme si j'avais devant moi la France entière, ou toute la Bourgogne, chantant "le Vieux Léon".
La France des ouvriers agricoles, des jeunes retraités, des électriciens, des éleveurs de brebis, des contrats précaires ou indéterminés, des sans activités, des sans emplois, des poseurs de structures métalliques, des postiers, des pompiers volontaires, des boulangers.
Dans le brouhaha des conversations on ne distingue aucun mot, juste de la chaleur humaine qui circule.
Rédigé par : |